Je ne pensais pas qu'un jour la société québécoise, l'une des plus humaines et généreuse des sociétés modernes, allait devenir du jour au lendemain, l'une qui allait favoriser le suicide «non assisté» d'une partie de sa population: celle des malades et des personnes âgées. Après cela, il sera facile au gouvernement de dire qu'il a rétabli l'équilibre budgétaire de la santé, car il n'y aura plus de malades. Un exemple va illustrer mes propos. Je suis handicapé. J'ai la maladie de forestier, incurable, non mortel, mais fort souffrante. La moelle touchée. Je dois voir mon médecin une fois par mois, mon spécialiste une fois par an, plus deux visites à l'hôpital. Cela fait 15 visites à 25$, soit 375$ auquel je dois ajouté 200$ de franchise, pour un total de 575$, plus 100$ par mois de morphine (1775$). Dans quatre ans, je suis à la retraite et mon revenu sera autour de 1300$ par mois. Sans tenir compte de la franchise que je dois payer par an pour les médicaments, il me restera pour vivre -425$. Vous avez compris: les personnes malades et âgées sont justement celles qui ont le moins de revenus! Je pense que mon cas reflète un grand nombre de Québécois qui ne seront plus capables de se soigner. Quelles seront leurs solutions de rechange? On a refusé à Nancy B. le droit au suicide, mais le gouvernement Charest vient d'offrir le coup de pouce pour dire aux gens malades qu'ils sont de trop dans le régime santé et qu'ils doivent disparaître par eux-mêmes pour assainir les finances publiques. M. Charest, je sais que vous savez bien compter. Merci beaucoup. Que cela ne vous empêche pas de dormir!