Les membres du Parti libéral du Canada ont approuvé lors de leur récent congrès une motion périlleuse. N'importe quel citoyen, appelé «partisan», pourra participer à l'élection du chef du PLC. Or, le membre d'un parti se documente au moins sommairement sur le programme de ce parti, sur les propositions de différents candidats à la direction et contribue aux activités de cette formation politique. Si le vote de n'importe qui pèse autant pour le choix d'un chef que le vote d'un membre, l'engagement de ce dernier se trouvera dévalorisé. De plus, un accent sera mis sur les aspects superficiels, déjà trop présents dans les portraits des candidats. La substance du candidat risque de passer au deuxième, sinon dernier, plan. Finalement, on suppose que les «partisans» qui se prévaudront de la possibilité de participer au choix du chef seront bienveillants. Toutefois, il est concevable que des individus malveillants se faufilent et sabotent le résultat en désignant volontairement un candidat moins apte à contrer l'opposition. S'il est «moderne» de confier l'élection du chef à n'importe quel quidam, on devrait peut-être s'abstenir de la modernité.