Je voudrais attirer l'attention sur un sujet extrêmement important touchant la communauté tunisienne vivant au Canada, dont je fais partie.

Le 14 janvier dernier, le dictateur Ben Ali a pris la fuite sous la pression populaire. La Tunisie a déploré plus 300 martyrs et des centaines de blessés. Aujourd'hui, nous organisons les premières élections libres de notre histoire. Nous sommes une population fortement immigrante ; 20% de la population vit en dehors du sol tunisien, dont 15 000 sur le sol canadien. Nous sommes à presque un mois de la date des élections. Des efforts incroyables se déploient partout dans le monde entier pour que ces élections réussissent, et voilà que le gouvernement canadien nous refuse la tenue des élections en sol canadien. Les raisons semblent être à cheval entre la loi et la politique, aucune transparence et aucune raison franche n'a été communiquée...

Comment interpréter le soutien du Canada à la démocratie naissante en Tunisie? Comment les Tunisiens résidant au Canada vont-ils pouvoir voter, pour la première fois, sachant qu'ils se retrouvent dans l'un des pays les plus démocratiques du monde? Comment les citoyens canadiens qui nous ont fortement soutenus depuis le début de cette année vont-ils comprendre que leur pays ne nous donne pas le droit de voter? Pourquoi notre terre d'accueil, si accueillante soit-elle, notre repère démocratique, nous tourne le dos alors qu'on est si proche du but? Comment expliquer tout cela à nos enfants qui naissent citoyens canadiens et qui apprennent la démocratie en même temps que l'ABCD?

Nous sommes loin de vouloir critiquer qui que ce soit. Nous respectons les lois canadiennes sans discuter, mais le refus n'est semble-t-il pas systématique. Sur quels critères le gouvernement refuse ou accepte? Il est extrêmement important que les médias dirigent leurs projecteurs sur ces questions. Il est légitime pour les Canadiens de comprendre.