Encore une fois, un sondage révèle que François Legault, s'il fondait un parti, pourrait devenir premier ministre du Québec. Les Québécois sont-ils à ce point désabusés ou assoiffés de changement pour exprimer ainsi leur intention de porter au pouvoir un parti qui n'existe pas et un chef qui n'en est pas encore un?  Si cette prémisse s'avère exacte, il y a vraiment lieu de s'interroger et, surtout, de s'inquiéter.

Comment peut-on, en y songeant seulement quelques minutes, avoir l'intention d'élire un hypothétique parti  sans avoir pris connaissance de la moindre parcelle de son programme électoral et sans avoir aucune espèce d'idée des individus qui formeraient l'équipe d'un parti pour le moment virtuel? Visiblement, nous nageons en pleine politique-fiction.

Une politique-fiction alimentée par M. Legault lui-même lorsqu'il affirme vouloir créer un parti politique qui, s'il est porté au pouvoir, pourrait quitter la gouvernance de l'état après seulement un mandat. «Ne venez pas là pour faire une longue carrière politique avec moi. On s'en va là pour faire un mandat, et on ne regarde pas les sondages, et on n'est pas là pour se faire élire», d'affirmer le cofondateur de la Coalition pour l'avenir du Québec. Vraiment, est-ce qu'il y a quelqu'un pour croire en cette possibilité?

Et, si M. Legault disait vrai?  Les Québécois sont-ils vraiment prêts à prendre un virage à 180 degrés à l'intérieur d'un si court laps de temps? Le confort et l'indifférence des Québécois étant légendaires, je crois que malgré tous les désirs de changement exprimés, nous aurions de la peine à nous séparer de nos vieilles pantoufles tellement on est bien dedans.

Tant que la majorité des Québécois aura à manger trois fois par jour, pourra se loger convenablement et gagner un salaire le moindrement décent, nous pourrons encore et encore, collectivement, mûrir l'illusion d'un temps nouveau, car rêver est indolore et n'engage à rien.