J'ai un chagrin. Un chagrin immense. Un homme, mon père, a perdu son emploi lundi à la suite de la fermeture de l'usine Bowater de Gatineau. Une usine parmi tant d'autres. Un homme parmi tant d'autres. On appelle ça se faire remercier sans remerciements. Un homme fier avec des valeurs profondes voit l'avenir qu'il s'était dessiné disparaître en un coup de sifflet. Le sifflet qui lui annonce que ses 35 ans de loyaux services ne valent plus rien. D'ailleurs, ça n'a jamais rien valu à leurs yeux. Ça ne vaut pas un sou, même pas une retraite, qui s'est envolée avec leur faillite. Et pourtant, ça vaut de l'or.

J'ai un chagrin. Un chagrin immense. Un homme, mon père, a perdu son emploi lundi à la suite de la fermeture de l'usine Bowater de Gatineau. Une usine parmi tant d'autres. Un homme parmi tant d'autres. On appelle ça se faire remercier sans remerciements. Un homme fier avec des valeurs profondes voit l'avenir qu'il s'était dessiné disparaître en un coup de sifflet. Le sifflet qui lui annonce que ses 35 ans de loyaux services ne valent plus rien. D'ailleurs, ça n'a jamais rien valu à leurs yeux. Ça ne vaut pas un sou, même pas une retraite, qui s'est envolée avec leur faillite. Et pourtant, ça vaut de l'or.

Cet homme, ce meuble, qui avait comme valeur la plus profonde: sa famille. Il nous a comblés, et il a comblé sa femme, ma mère. Il était fier de voir sa famille s'épanouir entre ses bras, mais il gardait le silence pour mieux apprécier le spectacle. Et pourtant, chaque matin, mon père passait les portes de cette mangeuse d'âmes pour y vendre la sienne.

Jamais il ne me pardonnerait un tel péché, jamais. La semaine dernière, mon père s'est mis à genou pour la première fois de sa vie; il a signé son arrêt de mort. Baisses de salaires, dégradation des conditions de travail, cet homme et ses semblables faisaient un compromis pour le mieux, disaient-ils. Et vlan! Ils ont été piégés comme des otages, ils ont été piétinés à l'os.

À tous ces hommes de métier ordinaire qui ont le coeur à la bonne place, à tous ces pères tellement dévoués, je lève mon chapeau. Je vous remercie avec coeur.