Voici les dernières nouvelles en provenance du Parc olympique: 971 274 billets ont été vendus pour les Jeux de Sotchi et les joueurs de l'équipe masculine de curling de la Norvège ont enlevé leurs pantalons en public.

Apparemment, ils se sont plaints du fait qu'on ne les laissait pas porter leurs pantalons clownesques.

«Je peux vous assurer qu'ils ont le droit de les porter partout, mais ils ont aussi le droit de les enlever partout... Même si je ne devrais pas dire ça!», a déclaré le représentant du comité organisateur russe.

C'était à peu près la plus grande controverse aux Jeux hier.

Sinon quoi? On a ajouté quelques mètres à la piste de biathlon. Il fait un peu trop chaud en montagne.

On sait les nombreux scandales qui ont entouré la préparation - travailleurs non payés, accusations de corruption, travaux non terminés en ville, atteintes à l'environnement, etc.

Mais les Jeux, les Jeux à proprement parler, sont-ils bien organisés? Fonctionnent-ils? Les Russes ont-ils «livré» ?

Pour avoir fait le tour de la plupart des installations, pour avoir pris le bus et le téléphérique à toutes les heures possibles, je dois bien vous dire que les Jeux de Sotchi roulent très rondement.

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«On avait certaines appréhensions, après nos visites des dernières années, mais les bénévoles ont tout changé: ils sourient, ils parlent en anglais, ils sont avenants, je suis très impressionnée», dit Caroline Assalian, chef des sports du Comité olympique canadien, qui a été présente à tous les Jeux depuis Lillehammer.

Le collègue Bernard Brault, qui en est à ses 11es Jeux, dit que ce sont parmi les mieux organisés pour les photographes. «Transport, accueil, positions photo: rien ne cloche.» Quand on charrie 50 kilos d'équipement du soir au matin, ce n'est pas rien.

Chris Hawkins, un caméraman pour NBC, a fait tous les JO depuis Sydney. «L'ambiance n'est pas super, mais ils sont très bien organisés.»

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Le dicton russe selon lequel «seuls les fous et les idiots sourient sans raison» est mis à rude épreuve. On sent une volonté de régler les problèmes quand ils arrivent; ils se règlent.

La sécurité est évidemment omniprésente. Mais si on la compare à celle de Salt Lake City, en 2002, elle est infiniment plus légère pour ceux qui circulent ici. Ce sont des bénévoles qui inspectent les sacs et nous passent à la fouille, et très aimablement.

Je me souviens encore de l'ambiance à Salt Lake City, lors des contrôles, et je m'attendais à ce genre de pression militaire - pour des raisons assez compréhensibles.

Ces 25 000 bénévoles, russes à 85%, sont venus des quatre coins du pays pour être de la fête, mais aussi avec le souci très évident de laisser une bonne impression. L'impression d'une nouvelle Russie.

Manque-t-il d'autobus une nuit? Le lendemain, l'horaire est réaménagé.

Je perds mon chargeur à l'anneau de vitesse... J'y retourne, je vais aux objets perdus... Rien. Vingt minutes plus tard, l'objet a été rapporté au centre de presse principal et je reçois un courriel.

On est loin de l'image d'inefficacité russe que propagent encore en rigolant plusieurs vétérans. «Bienvenue en Russie», vous dira-t-on quand quelque chose ne fonctionne pas. «Machina Russia!», dit en riant notre chauffeur de taxi quand sa bagnole fait des bruits bizarres.

La nouvelle génération ne l'entend manifestement pas ainsi.

Plein de gens vous arrêtent pour prendre une photo avec vous, simplement parce que vous venez d'ailleurs, l'air de dire, étonnés: merci d'être chez nous.

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Les foules sont décevantes sur plusieurs sites, et on n'en voulait pas tant d'ailleurs...

En montagne, pour qui a vu des Autrichiens en liesse ou des Norvégiens en folie, c'est un peu morne. On a rétréci les gradins et les sièges, malgré tout, ne sont pas tous pris.

Les Néerlandais, si nombreux d'habitude, se font plus rares à l'anneau de vitesse. Au patinage artistique, hier soir, le quart des sièges n'étaient pas occupés.

Certains se sont plaints aussi des 200 roubles (environ 7$) qu'il faut verser pour simplement entrer dans le Parc olympique.

Il y a aussi toutes les raisons d'être contre les Jeux, ou Poutine, ou les deux.

Mais jusqu'ici, pour des Jeux qu'on redoutait, l'organisation est quasi irréprochable.