On pourrait croire, à première vue, que Pauline Marois et son ministre de l'Éducation supérieure, Pierre Duchesne, ne trouveront rien pour se réjouir dans ce nouveau sondage CROP, mais en fait, c'est tout le contraire.

Il y a plusieurs bonnes nouvelles pour le gouvernement là-dedans: les Québécois n'ont apparemment pas un grand intérêt pour le sommet qui s'ouvre ce matin, donc pas de grandes attentes; ils n'ont pas un très grand degré de confiance envers les diverses parties autour de la table, mais par contre, ils semblent avoir épousé, comme Québec, l'option de l'indexation.

En gros, les Québécois veulent tourner la page: on indexe, on parle un peu de qualité de l'enseignement supérieur, on serre la vis aux administrations universitaires et on encadre le droit de grève des étudiants. Allez hop, on passe à un autre appel! De toute façon, il ne faut pas s'attendre à des miracles de ce sommet qui n'intéresse que la moitié des gens et qui n'est, disent-ils, qu'une façon, pour Pauline Marois, de calmer la grogne des étudiants. Du concentré de sagesse populaire!

Selon CROP, les Québécois accorderaient une plus grande confiance aux recteurs (le seul groupe au-dessus de 50%), mais ils n'appuient pas leur position et sont très critiques par rapport à leur gestion.

Il ne faudrait pas conclure de ces réponses que les Québécois favorisent les étudiants ou le gouvernement au détriment des recteurs, puisque dans les deux cas, le taux de confiance n'est pas très élevé.

Le format, le nombre de participants et le peu de temps accordé ne permettent pas, de toute façon, d'aller beaucoup plus loin que la question litigieuse des droits de scolarité. Quand on a si peu de temps, on va à l'essentiel. Donc, on parle d'argent, pas vraiment d'éducation.

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Ce sommet, qui sera terminé demain avant le lunch, est une sortie de crise plus qu'un plan à long terme pour les universités québécoises. Une assurance anti-printemps érable 2, en quelque sorte.

Si on se rend à demain midi sans que personne ne claque la porte, ce sera déjà ça de pris. Mais il faudra se revoir. Et parler des vraies affaires. Au Québec, on parle beaucoup de ce que coûte un diplôme universitaire, mais très peu de ce qu'il vaut. La question de l'accessibilité aussi reste ouverte. Grande ouverte.

Selon toute vraisemblance, on arrivera demain avec une formule d'indexation assortie de quelques aménagements pour les frais afférents et l'aide financière.

Indexer, soit, mais encore? Ce n'est pas une fin en soi. D'autant que le gouvernement Marois, minoritaire, devra peut-être concéder quelque chose aux partis de l'opposition. Les compressions aux universités, par exemple.

Tout un défi pour le nouveau ministre Duchesne. Jusqu'où ira-t-il (jusqu'où le laissera-t-on aller?) avec cette idée porteuse de favoriser l'entrée à l'université d'étudiants de «première génération», c'est-à-dire des jeunes dont les parents n'ont pas fait d'études supérieures?

Il ne s'agit pas de brimer les familles habituées aux études universitaires, mais d'amener les enfants des autres vers ces institutions, de favoriser leur entrée, d'encourager la culture des études. À l'Université du Québec à Chicoutimi, par exemple, 70% des étudiants sont de «première génération». Voilà une piste intéressante, qui favorise peut-être les universités «populaires», mais qui peut se faire sans pénaliser les «grandes» universités.

Suffit d'un peu d'imagination. Et de courage.

Correction

J'ai écrit la semaine dernière que Pauline Marois a rencontré les leaders étudiants, mais pas les recteurs. Faux. La première ministre a bel et bien rencontré les recteurs. Mes excuses pour cette affirmation erronée.