Ce printemps, on dirait que les banques et les fournisseurs de télécoms sont atteints du syndrome du pot de Nutella. Vous savez, cette fâcheuse habitude qu'a l'industrie de l'alimentation de réduire subtilement la quantité des produits qu'elle place sur les tablettes d'épicerie.

Au lieu d'augmenter les prix, ce qui provoquerait la grogne des clients, on diminue les formats. Ainsi, le gros pot de Nutella ne fait plus que 725 grammes au lieu de 800. Et le contenant de jus d'orange Tropicana passe tranquillement de 2 litres à 1,89 litre, à 1,75 litre.

Pour que les consommateurs n'y voient que du feu, on joue avec l'emballage. Le dessous du pot de yogourt devient concave. Le sac de céréales est rempli d'air. La barquette de la boîte de biscuits est compensée si bien que les rangées centrales contiennent deux fois moins de biscuits (quoique chez moi, la boîte est souvent vide et ce n'est pas la faute du fabricant).

Plus d'emballage, moins de contenu. Franchement, les consommateurs ne sont pas dupes !

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Malheureusement, ce petit subterfuge se répand dans d'autres industries.

À partir du 1er juillet prochain, par exemple, le Mouvement Desjardins apportera des changements à ses forfaits bancaires. Les clients pourront effectuer seulement 30 transactions par mois, au lieu de 40, avec le forfait L'autonome.

Et en passant, le prix du forfait L'économique grimpera de 2,95 à 3,45 $ et celui de L'alternatif de 6,50 à 6,95 $. Il s'agit de hausses de 17 % et de 7 % respectivement pour ces forfaits dont la tarification n'avait pas été revue depuis au moins cinq ans par Desjardins.

Plusieurs autres banques ont aussi profité du printemps pour dégeler leur prix en douce.

Coup classique : la Banque CIBC a relevé de 1000 à 2000 $ le montant minimum que les clients doivent maintenir dans leur Compte-chèques Accès quotidien pour éviter de payer des frais mensuels.

De leur côté, la Banque de Montréal et la Banque Scotia ont aussi augmenté les frais associés à leurs cartes de crédit. Soyez vigilants.

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Les fournisseurs de services de télécommunication ne sont pas en reste.

À partir de la mi-juillet, le forfait Internet Optik 15 de Telus inclura seulement 75 Go/mois au lieu de 100 Go comme auparavant. Encore le truc du pot de Nutella ! Les clients qui dépassent la limite se verront facturer 1,50 $ par Go supplémentaire jusqu'à concurrence de 50 $ additionnels par mois.

Les consommateurs qui veulent éviter ces frais salés doivent passer à un forfait qui comprend une vitesse de téléchargement plus rapide et davantage de données... mais qui est aussi un peu plus coûteux.

L'entreprise justifie les récents et nombreux changements à sa grille tarifaire par l'augmentation exponentielle de la consommation de données, « qui met une pression importante sur notre réseau ce qui requiert des investissements massifs pour offrir une expérience fiable et rapide ».

Même discours du côté de Bell, qui a investi 3 milliards pour améliorer son réseau l'an dernier. Au lieu d'augmenter ses prix, l'entreprise annulera la réduction de 3 $ de son Forfait Téléphonie, à partir du 1er août. Mais pour les clients, le résultat est le même : ça va coûter plus cher.

Et tant pis pour ceux qui bénéficiaient d'un tarif promotionnel pour une durée déterminée (exemple : 12 ou 24 mois). Ils n'échapperont pas aux modifications.

En fait, les clients ne peuvent plus se fier aux tarifs qu'on leur fait miroiter. On vous offre un rabais pour 12 mois ? Qu'à cela ne tienne ! Le fournisseur peut très bien faire grimper son prix de base le mois suivant. Ou encore vous priver d'une réduction qui ne faisait pas l'objet de la promotion en tant que tel. Et hop ! votre facture grimpe.

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Toutes ces tactiques sèment la confusion chez les consommateurs. En rognant astucieusement l'étendue des services, on les empêche de déterminer clairement la hausse tarifaire qu'on leur impose par la bande.

C'est exactement comme lorsqu'on réduit un emballage de 250 à 200 grammes pour dissimuler une augmentation de prix de 20 % qui serait trop dure à avaler.

Les consommateurs ne doivent pas gober cela sans broncher. Faites vos devoirs. Magasinez. Sur le web, plusieurs comparateurs permettent de dénicher aisément les meilleures cartes de crédit, hypothèques, forfaits de télécom, etc.

Du côté des forfaits bancaires, l'outil de sélection de comptes bancaires de l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) vous aidera à vous y retrouver à travers les différentes offres.

Soyez à l'affût des rabais pour les jeunes, les aînés, les personnes à faibles revenus. Et ne vous gênez pas pour migrer vers des banques alternatives qui ont des prix plus concurrentiels.

Mais bien souvent, il n'est pas nécessaire de changer de fournisseur, ce qui peut être assez complexe. La menace suffit. Prenez un fidèle client de Bell qui avait vu sa facture exploser à cause de l'élimination graduelle de toutes sortes de rabais.

Il a suffi qu'il se plaigne pour qu'on lui accorde des rabais de 30 $ par mois. Le tarif de son trio de services est redescendu à 133 $... jusqu'à ce que Bell décrète une augmentation de 7 $ quatre mois plus tard !