Les investisseurs sont de drôles de bibittes. Toujours à l'envers. Toujours en retard. Cinq ans après l'éclatement de la crise du crédit, ils broient encore du noir, même si les fonds communs ont connu une solide performance en 2013.

Les Québécois sont les plus pessimistes, si je me fie à l'indice de confiance des épargnants Manuvie diffusé la semaine dernière. Les Québécois sont pratiquement aussi méfiants face aux placements qu'à l'aube de la crise financière.

Allez, hop! Regardez vos relevés de compte. Vos fonds communs ont remonté la côte. L'an dernier, l'univers total des fonds communs de placement a connu un rendement de 11%, selon les données finales dévoilées au début de la semaine par Morningstar Canada.

Abstraction faite des obligations, 2013 aura été une année payante pour votre portefeuille.

Un doublé américain

Les détenteurs de fonds d'actions américaines peuvent se réjouir deux fois plutôt qu'une. Ils ont profité de l'explosion de 32% du S&P 500 qui a connu sa meilleure année depuis 1997. De plus, ils ont bénéficié de l'appréciation de 7% de la devise américaine face au huard.

L'un dans l'autre, les fonds d'actions américaines ont battu des records. Les investisseurs canadiens ont réalisé un rendement de 38%, la meilleure performance annuelle jamais enregistrée depuis au moins un quart de siècle.

Ce gain permet aux investisseurs d'effacer les pertes de la crise du crédit et de la bulle des technos. N'empêche, ils ont fait zéro rendement depuis 15 ans.

Le Japon, ou ce qu'il en reste

La résurrection du Japon est encore plus phénoménale. L'indice Nikkei 225 a bondi de 57% l'an dernier, stimulé par un plan de relance de l'État. Tout un électrochoc!

Même si la dépréciation du yen a atténué les rendements pour les investisseurs canadiens, il n'en reste pas moins que les fonds d'actions japonaises ont gagné 35% l'an dernier.

Excellent. Sauf que la plupart des fonds d'actions japonaises ont été retirés du marché par les familles de fonds depuis la débâcle des années 90. Il faut dire que 20 ans de rendements négatifs, ça coupe l'appétit des épargnants.

Prix de consolation: plusieurs Canadiens ont profité du Japon par la bande. C'est que le pays du Soleil-Levant représente plus de 15% des fonds d'actions internationales, que bien des investisseurs détiennent.

Les fonds d'actions internationales ont gagné 26% en 2013, propulsés par le Japon, mais aussi par l'Europe qui a fait des merveilles.

Rare exploit au Canada

Les gains sont un peu moins éclatants au Canada. Mais pour une fois, les gestionnaires ont justifié leur paie, dépassant leur indice de référence de 2%. En fait, les fonds d'actions canadiennes ont gagné 15% en 2013 comparativement à 13% pour l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto, incluant les dividendes.

Un rare exploit. Depuis 25 ans, les gestionnaires ont surpassé l'indice seulement trois fois, toujours lors d'une année de repli boursier.

On l'a vu en 2001 quand Nortel Networks s'est dégonflée. En esquivant l'écueil, les gestionnaires ont tiré leur épingle du jeu.

L'an dernier, ils ont réussi à battre l'indice en évitant les matériaux de base, troisième secteur en importance de la Bourse canadienne, qui ont flanché de 30%. À elles seules, les sociétés aurifères ont perdu la moitié de leur valeur à cause du repli de l'once d'or qui a fondu de 400$US l'an dernier.

Ceux qui ont évité l'or ont été bien récompensés. À ce chapitre, la palme revient à l'équipe des fonds Mawer. Peu friands d'or, les gestionnaires préfèrent investir à long terme dans des sociétés qui ont une évaluation raisonnable, une équipe de gestion hors pair et des avantages concurrentiels importants.

Ainsi, le Fonds Mawer Canadien d'actions a gagné 25% l'an dernier, et le fonds Mawer Nouveau Canada, qui se spécialise dans les PME, a grimpé de 50%, le meilleur rendement de la catégorie.

Obligations

Seule ombre au tableau en 2013: les fonds d'obligations ont perdu 2%. Parmi les rares qui ont échappé au ressac, on trouve des fonds d'hypothèques, souvent réservés aux investisseurs plus fortunés.

Sinon, quelques fonds négociés en Bourse ont réussi à livrer 1 ou 2%, en gardant les frais de gestion au minimum. Cela fait toute la différence quand les rendements sont près de zéro.

Mais autrement, la plupart des fonds d'obligations sont dans le rouge. On n'avait pas vu ça depuis un bail.

Pompés par la baisse constante des taux d'intérêt, les fonds d'obligations ont grimpé pratiquement en ligne droite, depuis 25 ans, à raison de 6,5% par année. Ils ont subi un recul annuel seulement deux fois (- 2,6% en 1999, - 6,0% en 1994).

Maintenant que les taux d'intérêt sont appelés à remonter, leurs années de gloire sont derrière eux.

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FAMEUSE CUVÉE POUR LES FONDS!

Rendement des fonds communs à la fin de 2013 (%)

Catégorie/ 1 an/ 3 ans/ 5 ans/ 10 ans

Actions des soins de la santé/ 48,4/ 24,1/ 15,9/ 7,4

Actions de PME américaines/ 40,4/ 15,4/ 15,7/ 5,2

Actions américaines/ 38,4/ 15,1/ 13,2/ 3,3

Actions japonaises*/ 34,9/ 7,6/ 4,3/ 0

Actions européennes/ 30,8/ 11,1/ 8,3/ 3,9

Actions mondiales/ 29,8/ 10,4/ 10,3/ 3,6

Actions internationales/ 26/ 8,2/ 8/ 3

Actions de PME canadiennes/ 22,2/ 4,5/ 17,2/ 7,5

Actions canadiennes de revenus/ 16,6/ 7,7/ 12,2/ 6,9

Actions canadiennes/ 14,8/ 3,1/ 10,3/ 6,6

Équilibrés canadiens neutres/ 12,5/ 5,3/ 7,5/ 4,6

Revenu fixe à rendement élevé/ 4,1/ 5,7/ 11,6/ 4,6

Revenu fixe mondial/ 2,3/ 4,5/ 2,7/ 2,4

Revenu fixe à court terme/ 1,2/ 2,1/ 2,5/ 2,9

Marché monétaire canadien/ 0,6/ 0,6/ 0,5/ 1,6

Revenu fixe canadien/ -1,7/ 2,9/ 4,3/ 4

Actions des marchés émergents/ -1,7/ -3,7/ 9,2/ 6,4

Revenu fixe canadien à long terme/ -7/ 4,4/ 6,1/ 5,2

Revenu fixe canadien indexé à l'inflation/ -12,3/ 0,8/ 4,6/ 4,3

Actions de métaux précieux/ -48,2/ -30,5/ -4,5/ -1

Source : Morningstar Canada