Pendant qu'on chantait Viva la Vida avec Coldplay, pendant qu'on s'extasiait sur les prouesses du jeune Denis Shapovalov au tournoi de la Coupe Rogers, pendant qu'on se scandalisait pour les passagers coincés pendant plus de cinq heures dans un avion d'Air Transat au sol, c'est à peine si on a réalisé que la planète n'a jamais été aussi à deux doigts de péter.

Deux doigts qui s'amusent à pianoter sur le gros bouton rouge. Ça ne s'est jamais vu depuis les périodes les plus angoissantes de la guerre froide. Aujourd'hui, on ne peut pas appeler ça une guerre froide, mais plutôt une guerre chaude, tellement les deux leaders des pays qui s'affrontent agissent comme des gars chauds.

Lundi, la semaine a débuté avec la Corée du Nord promettant de faire payer un millier de fois aux États-Unis le prix de leurs crimes. C'est épeurant, mais on est habitués. Le dictateur Kim Jong-un fait carrière à incarner le méchant dans les films de James Bond. Depuis des années, il provoque le géant américain en flattant son petit chat. 

Normalement, le président américain réplique qu'il est important de maintenir la paix dans cette partie du monde, qu'il ne faut surtout pas entrer dans une guerre de mots qui pourrait être fatale, que la diplomatie américaine a la situation bien en mains. N'importe quel propos laconique qui dessouffle la baloune de monsieur Un. Normalement.

Mais le président des États-Unis actuel n'est pas normal. Il a répondu : « La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les États-Unis. Si elles se poursuivaient, elle se heurtera au feu et à la colère d'une ampleur que le monde n'a jamais vue jusqu'ici. » Puis il est retourné jouer au golf. Say what ?

Le feu et la colère comme le monde n'a jamais vu jusqu'ici. C'est effroyable. 

La pire affaire que le monde a vue, jusqu'ici, c'est la bombe atomique sur Hiroshima. Donc Trump a promis pire qu'Hiroshima. Le Donald a promis un carnage nucléaire. Rien de moins. 

Vous me direz que c'était juste pour calmer la Corée du Nord. Des répliques comme ça, ça calme autant que 10 Red Bull. Kim Jong-un a répliqué en dévoilant son plan d'attaque contre les bases américaines de l'île de Guam, dans le Pacifique. Ça va ben. Trump a alors dit que sa menace n'était peut-être pas assez dure. Ben non. Un feu et une colère comme le monde n'a jamais vu, c'est trop doux. Ça manque de gosses. Il aurait dû être plus concret : « On va tuer des millions de gens d'un coup. On va les brûler, les fondre, les exploser. Kim, you're fired ! Kaboum ! »

Pour la première fois, Kim Jong-un a, face à lui, un presque aussi craqué que lui. C'est ça qui est inquiétant. Les fins observateurs ont beau nous dire de ne pas nous en faire. Que ce n'est qu'un cirque. Qu'un conflit atomique est impossible. Qu'il ne faut pas s'alarmer. Permettez-moi d'en douter. Je nous trouve justement trop peu alarmés.

Chaque fois que je regarde un documentaire sur la Seconde Guerre mondiale, ça me frappe toujours de constater à quel point personne ne l'a vue venir. C'était pourtant tellement évident. Tellement évident que ce fou-là allait se rendre jusque-là. On voit plein de scènes, en accéléré, de gens qui rient et qui se donnent la main. Complètement insouciants. Et on se dit, ils étaient ben nonos !

J'ai peur que dans 50 ans, des jeunes regardent un documentaire sur la période actuelle en se faisant les mêmes observations. Un tyran passant son temps à faire exploser des missiles. Un protecteur du monde libre aussi subtil qu'une mitraillette. C'était inévitable. Et pourtant, ils les ont laissés faire.

Dans l'affrontement États-Unis c. Corée du Nord, il n'y a pas que deux pays impliqués. Un géant et un nain. Il y a aussi la Chine, surtout la Chine, le Japon et la Russie. C'est pour ça que ce conflit peut prendre des proportions apocalyptiques.

Je sais, je suis en train de gâcher votre samedi. Encore plus que la pluie. Mais c'est nécessaire. Parce que toutes les guerres naissent à cause de la haine, bien sûr, mais aussi à cause de l'indifférence du monde autour. Il est plus que temps de s'opposer à cette folie. Parce que les premiers à périr, ce ne seront pas les leaders, ce seront les gens. 

C'est toujours les gens qui meurent. Ceux qui déclarent les guerres sont là jusqu'à la fin du documentaire. Et lorsqu'ils meurent, c'est parce qu'ils se sont flambé la cervelle eux-mêmes.

Faut prendre les menaces nucléaires au sérieux. Tant mieux si on le fait pour rien. Si on a tort. Parce que ce serait trop con de s'en foutre et que finalement, ce soit les alarmistes qui aient raison.

C'est toute la planète qui est menacée en cas de conflit atomique, alors il faut que la diplomatie mondiale s'implique. Pour que Trump ne soit pas le seul gardien de la paix. Il est aussi qualifié pour la job que pour présider le Conseil du statut de la femme.

On ne fera pas peur à Un en lui promettant des scénarios catastrophiques. Au contraire, ça le stimule. Ça l'excite. Ça ne fait que consolider son pouvoir. Son règne est fondé sur la haine de l'Amérique. Il ne faut pas que l'Amérique lui donne raison.

Mais comment faire pour faire baisser la pression ?

Voilà, la question.

Justin, il est grand temps que tu ailles fumer un joint avec ton voisin.