Mercredi dernier, entre 17h30 et 17h45, 980 personnes ont reçu le même appel: Bonjour, nous effectuons présentement un sondage indépendant. Qui pensez-vous appuyer à l'élection du 3 novembre? Pour Richard Bergeron, faites le 1...

Si le répondant faisait le 1, la voix poursuivait: Saviez-vous que les élus de Projet Montréal font l'objet d'une controverse pour le financement d'un organisme...

Ces appels automatisés anonymes ont été commandés par le candidat à la mairie de Montréal, Marcel Côté. Ils contreviennent à la loi électorale puisque toutes les dépenses électorales doivent mentionner le nom de l'agent officiel du parti. Richard Bergeron et Denis Coderre ont porté plainte auprès du Directeur général des élections qui a déclaré ces appels illégaux.

Marcel Côté s'est excusé.

Ne vous excusez pas, faites attention!

Car même si la voix robotisée de ces appels avait mentionné qu'ils étaient commandés par l'agent officiel de la Coalition Marcel Côté, ce procédé était une très mauvaise idée. Peu importe qui l'utilise: Côté, Coderre ou un autre...

Un appel automatisé, quel que soit son contenu, est un acte impoli. Un manque de respect envers le citoyen. Un geste grossier. Une intrusion insolente dans la vie privée des gens.

Les 980 personnes qui ont reçu ces appels étaient en train de vivre leurs vies. De rentrer à la maison, de souper, d'aider les enfants avec leurs devoirs, quand soudain leur téléphone a sonné: «Bonjour, nous effectuons présentement un sondage...» Plusieurs ont dû essayer d'interrompre l'appelant: «Attendez un peu...» La voix s'en foutait. Elle continuait son laïus. Les robots n'ont pas d'écoute. Les robots vous passent dessus.

Cette pratique est inacceptable. Si vous voulez me déranger, donnez-vous au moins la peine de vous déranger vous-même, en personne. Que vous vouliez m'abonner à la Gazette, me faire répondre à un sondage ou m'inscrire à un concours, faites-le avec un vrai être humain. Parce que mon temps d'être humain est aussi important que le vôtre. C'est déjà assez frustrant quand on appelle quelque part de tomber sur une machine, qu'on ne va en plus, recevoir des appels de machines. Les machines, get a life! Appelez-vous entre vous autres! Laissez-nous tranquilles!

Le CRTC devrait interdire tous les appels automatisés. Carrément! On prend un autre appel. Les téléphones ne sont pas des poubelles à pubs. Ils sont le prolongement de notre maison. Et pour bien des gens, de notre personne. On n'y entre pas comme dans un moulin.

Puisque le CRTC aime bien procéder par étape, il devrait au moins imposer que l'inscription «Appel automatisé" s'affiche quand on en reçoit un. Ce qui nous permettrait de répondre en toute connaissance de cause. Et surtout de ne pas répondre.

Au début de l'été, je recevais au moins deux fois par jour des appels en provenance des États-Unis. Je répondais avec empressement, espérant que ce soit Stephen Spielberg ou Angelina Jolie, ben non, c'était toujours une voix enregistrée disant: You just won a cruise! La première fois, une partie de mon cerveau y a presque cru durant 20 secondes. Mais quand la machine ne vous laisse même pas le temps de crier votre joie, vous flairez l'arnaque. Surtout que la même journée, ma blonde, ma mère, mon frère, ma soeur, mes amis et mon chat ont gagné une croisière aussi. Tu parles d'un hasard! On pourrait partir tous ensemble!

Malheureusement, les automates sont comme les politiciens, ils ne remplissent pas leurs promesses. C'est peut-être pour ça qu'ils se tiennent ensemble. À force de répéter la même cassette, les politiciens ne font plus la différence entre eux et un enregistrement. Une chose est sûre, la proximité avec les électeurs ne se fera jamais en se servant de robots.

Je cherche un homme disaient Diogène et Eartha Kitt. Que ce soit quand j'appelle ou quand je réponds, je veux un être humain, un vrai. Qui parle et se tait.

Qui écoute et comprend. Qu'il soit habillé comme il veut. Avec tous les signes ostentatoires qu'il lui plaira, mais qu'il ne soit pas un robot. Qu'il ait un coeur qui bat. Et qu'il vive le même moment que moi.

Le candidat ou la candidate à la mairie qui me redonnera le fleuve et s'arrangera pour que les gens du 514 et du 438 aient enfin la paix, aura mon vote. Pas besoin de me sonder. Agissez.