Les enfants ne demandent pas à venir au monde. Des adultes les font, par amour, par ennui ou par accident. Peu importe, c'est leur création. Ils en sont responsables.

Certains parents ne sont peut-être pas prêts à assumer cette responsabilité. Trop tard. Fallait y penser avant.

L'humain n'a pas que des libertés. Il a aussi des devoirs.

Celui de prendre soin de ses enfants est le plus grand.

Si le monde dans lequel nous vivons est si fucké, c'est parce qu'il y a trop d'enfants mal aimés. Trop d'enfants blessés qui deviennent des adultes blessants. C'est la grande roue du malheur.

Pour qu'elle cesse de tourner, il faut que la société fasse de la protection des enfants sa priorité. Car l'avenir de l'humanité dépend du bon développement de ses descendants. Seule une jeunesse heureuse pourra, un jour lointain, avoir raison de la haine.

Il faut donc que les parents soient investis d'une mission: le bonheur de leurs rejetons.

Donner la vie à des enfants sans leur donner l'amour, c'est comme donner une lampe de poche sans piles. Ça ne sert à rien. La vie ne s'allume pas. La vie est inutile.

Cet amour inconditionnel qui doit unir les membres d'une famille ne se force pas. On a tous nos limites. Nos douleurs en dedans que l'on jette sur les autres. Mais il y a une zone qu'il ne faut pas franchir.

Un parent ne doit jamais faire mal à son enfant. Jamais. Aucune excuse n'est admissible. Le rapport est trop inégal.

Les enfants sont tellement vulnérables. Ils sont complètement dépendants de nous. Ils n'ont aucun pouvoir. Ils nous appartiennent totalement, à nous, les grands.

Il n'y a pas d'enfants juges, d'enfants politiciens, d'enfants diplomates pour veiller sur leurs droits. Les adultes décident pour eux. Leur vie est entre nos mains. Il faut tout faire pour que ces mains soient bonnes. Tout faire pour que ces mains ne commettent pas l'irréparable.

Et pour cela, il faut que le message lancé dans la communauté soit clair.

Un parent ne peut pas tuer son enfant.

Il n'y a pas de circonstances atténuantes. Il n'y a pas d'explications possibles.

Vous avez donné la vie. Donné, c'est donné. Ça ne se reprend pas.

Si vous le faites, vous devez en subir les conséquences.

Si vous le faites, vous ne pouvez pas être non coupable d'avoir tué vos enfants. C'est impossible.

Un parent doit toujours assumer ses actes. L'enfant est trop soumis à lui pour qu'il en soit autrement.

Bien sûr, ces gens qui commettent ces horreurs sont des êtres brisés, coupés, en danger. Mais ils ont eu la chance de devenir grands. Chance que ne connaîtront jamais leurs victimes.

Il faut les soigner.

Mais il faut soigner aussi tous ceux à qui ils ont fait mal l'autre parent, la famille.

La peine de ces gens-là est éternelle.

La peine donnée à l'assassin doit être marquée dans la durée.

Sinon, le déséquilibre est odieux.

C'est le principe de la justice. Équilibrer l'inégal.

C'est ce qui nous révolte dans l'affaire Turcotte.

L'infanticide sans conséquence.

Ç'a beau être un cas isolé, un concours de circonstances juridiques, le symbole est trop fort pour ne pas être néfaste. Pour ne pas avoir une portée, même inconsciente, dans la vie de tout un chacun.

Ce qui m'inquiète le plus, c'est que, il y a un an et demi, lors du verdict de non-culpabilité, le Québec était outré. Aujourd'hui, lors de la mise en liberté du meurtrier, le Québec n'est que résigné.

Le temps endort notre sensibilité.

Avant qu'il éteigne notre coeur, il faut que les législateurs fassent en sorte que l'assassinat d'un enfant, en toutes circonstances, soit puni comme il se doit, en proportion de la gravité de l'acte commis.

C'est Noël dans quelques jours, la fête des enfants. Le plus beau cadeau qu'on puisse leur offrir, c'est un monde qui les protège. Et qui protège ceux et celles qui les aiment.

J'espère qu'Isabelle Gaston ne se sent pas délaissée.

Qu'elle sent que nous sommes toujours avec elle.

Que nous sommes toujours de son côté.

Du côté de l'amour.

Du côté des enfants.