Avez-vous entendu la dernière? L'Impact de Montréal jouera le quart de finale de la Ligue des champions au Stade olympique le 25 février prochain Pourvu qu'aucune précipitation de neige ou de verglas ne soit prévue dans les 24 heures précédent le match.

Oui, le Stade olympique est un stade couvert. Mais s'il ne fait pas beau dehors, on ne pourra pas jouer dedans. Je sais, ce n'est pas logique, c'est Montréal. Normalement, la logique, c'est comme au mariage de votre belle-soeur: la cérémonie devait avoir lieu dehors mais, comme il n'a pas fait beau, elle a eu lieu en dedans, sous le chapiteau. Ça, le cerveau le comprend. Mais comment comprendre que la cérémonie soit prévue en dedans mais que, s'il ne fait pas beau dehors, il n'y aura pas de noce pantoute!?

 

Pire que ça, ce n'est pas s'il ne fait pas beau, c'est si on prévoit qu'il ne fera pas beau 24 heures avant. À qui on se fie? Jocelyne ou Colette? Le ridicule ne tue pas, mais il fait mal en maudit. Je sais que c'est pour notre bien. Que, en 1999, un pan de la toile s'est déchiré en plein salon de l'auto et qu'on ne veut pas que ça se produise.

Mais ça fait 10 ans! Dix ans! Depuis, les tours du World Trade Center sont tombées, pis les Américains sont en train de les rebâtir. Nous, on n'a pas encore réparé notre toit! C'est un toit! Pas un nouvel hôpital à construire, misère! Un toit!

Au lieu de le réparer, qu'est-ce qu'on a fait? On a fait un règlement. On est de même, nous autres! Au lieu de se morfondre avec des marteaux pis des grues, on édicte des règlements, c'est moins forçant pour le dos. Et c'est quoi, le règlement? Aucune manifestation n'a lieu sous le toit du Stade entre le 1er décembre et le 31 mars. C'est réglé. C'est pas de trouble. Allô, les génies! Il grêle, des fois, le 14 juillet. Gros comme des balles de golf. Le toit peut tomber durant le Super Motocross. Pis si je me souviens bien, il neigeait le week-end de la Coupe Grey. Est-ce que Stephen Harper a risqué de recevoir un bout du toit sur la tête? Quoique, avec sa chevelure en granit, c'est peut-être le bout du toit qui péterait en deux?

Pourquoi c'est n'importe quoi, le Stade olympique? Pourquoi? Je suis au bord de la dépression nerveuse. Pas de farce. On essaie de l'oublier mais on n'y arrive pas. C'est qu'il est gros. On le voit de partout. Qu'on le veuille ou non, c'est lui, Montréal. C'est pas le Plateau que les touristes prennent en photo, c'est le Stade.

Le Stade olympique est un monument à notre laisser-aller, à notre incapacité d'aller au bout des choses, de choisir une solution et de l'assumer. Notre incapacité de terminer les projets entamés. À closer le deal, comme dirait Vincent Lacroix. On n'est pas plus capable de décider comment couvrir un stade qu'on est capable de choisir si on est Canadien ou Québécois. On est Québécois, mais quand on nous demande si on veut vraiment devenir québécois, on vote non, on veut rester canadien. Quand on nous dit qu'on est canadien, on dit non, on est québécois. Toujours entre les deux.

Comme notre stade couvert dans lequel on ne peut rien faire s'il ne fait pas beau dehors. On n'est ni dehors, ni dedans. On n'est nulle part.

Avez-vous regardé le match de hockey en plein air entre Chicago et Detroit au Wrigley Field? C'était beau, han? Ça, c'était vraiment la fête du hockey. Pourquoi ça ne se fait pas à Montréal, la ville qui est hockey? Parce qu'on n'a pas d'endroit. Tous nos stades extérieurs ont moins de sièges que le Centre Bell. On ne fait pas un gros party pour recevoir moins de monde. Si ça se fait un jour, ça va finir au Stade olympique. Pas le choix. Mais ce ne sera pas bucolique du tout, sous un grand toit. Et si Colette annonce trois flocons, c'est le coït interrompu.

La F1 est partie. Le maire Tremblay cherche des projets. Qu'on commence donc par finir celui qu'on a entrepris en 1970. Doter Montréal d'un grand lieu de rassemblement, comme toutes les métropoles du monde. Aller chercher les plans de Taillibert et l'arranger comme du monde. Ça va créer de l'emploi. Elle était bonne, son idée, au Français, un toit rétractable pour profiter du beau temps et se protéger des intempéries. Presque 40 ans plus tard, ça doit être faisable. À Dubaï, ils bâtissent des tours qui bougent et qui se promènent, on doit bien être capable de faire un toit qui s'ouvre pis qui se ferme à Montréal!

Aucun gouvernement n'ose mettre ses culottes. Le Stade olympique est un sujet tabou. Ce n'est pas rentable électoralement. Les gens ne veulent plus en entendre parler. Un peu de courage! Un peu d'ambition!

Le Stade, c'est comme le 400e de Québec, il faut que ce soit des gens qui y croient qui s'en occupent. Tant que ce sera des gens qui n'y croient pas, qui gèrent un échec, ce sera un échec.

Le problème, ce n'est pas le Stade, c'est ce que nous en avons fait. Le laisser pourrir dans l'est de la ville n'est pas une solution. La relance de Montréal passe par le symbole de son inertie.

Il faut finir le Stade. Pas le bâcler, mais en faire un endroit attrayant, le rendez-vous de nos grandes manifestations.

Je vote pour le Stade.