À la belle époque où nous avions une série éliminatoire entre les Bruins et le Canadien presque chaque printemps, il arrivait aux reporters de Montréal d'habiter à l'hôtel Copley, où se trouvait hier la ligne d'arrivée du marathon de Boston.

Et c'était toujours une période glorieuse, avec les Bruins et le Canadien, les Red Sox en action et le printemps du Massachusetts plus clément que le nôtre. Souvent, le marathon venait ajouter à notre plaisir. Pour une journée, une grande partie de la ville était complètement paralysée, tout à fait joyeuse... et parfaitement vulnérable.

Les Bostonnais prennent leur marathon, qui avait 117 ans hier, au sérieux. Ils accueillent le monde entier à bras ouverts. Les foules - on dirait que toute la population s'est donné rendez-vous - encouragent les coureurs, TOUS les coureurs, quelle que soit leur origine, leur nationalité, leur race ou leur religion. Il s'agit d'une très belle fête de sport, d'un moment presque sacré.

Richard Garneau était aux oiseaux ces jours-là, et j'ai pensé à lui et à la fébrilité qui serait la sienne aujourd'hui s'il était encore avec nous.

Avant le départ d'hier, l'organisation du marathon a fait observer un moment de silence pour les victimes de la tuerie de Newtown, au Connecticut, pas très loin. Mauvais présage...

Les médias parlaient hier de jambes et de bras arrachés. Dans une journée pleine de vie, la mort s'est introduite, la mort avec violence, la plus affreuse.

Au cours des derniers jours, nous avons reçu des communiqués nous rappelant que le marathon de Montréal approche. Celui de New York aussi, et celui-là est plus inquiétant.

Faudrait-il les annuler, les éviter? Ou, au contraire, est-ce que les athlètes ont le devoir de perpétuer la belle fraternité des grands événements sportifs et pacifiques comme ceux-là?

Bonne question.