Il y a une leçon à retenir dans cette histoire. Alexandre Nadeau-Piuze, quart-arrière partant des Carabins l'an dernier, a perdu son poste aux mains de Yan Cyr, un nouveau venu à peine arrivé des États-Unis, pendant le camp d'entraînement.

Mais après le premier quart du premier match de la saison, contre les Redmen de McGill, alors que Cyr n'arrivait pas à mettre le ballon dans le but adverse, l'entraîneur-chef Danny Maciocia a fait appel à son réserviste. Nadeau-Piuze a gagné le match et s'est établi comme le leader depuis ce jour, grâce à du solide football.

«J'avoue que c'était dur pour l'orgueil. Je me souviens d'une semaine éprouvante à la fin du camp d'entraînement. J'étais blessé dans ma fierté et ça m'a forcé à revoir tout ce que je faisais. Je me demandais où et comment je pouvais m'améliorer.

«Dans le premier match, Yan allait plutôt bien, mais Danny a tenté de provoquer une étincelle dans notre attaque et m'a envoyé au jeu.

«Non, je n'ai jamais boudé et je n'ai pas pensé à abandonner. Ce n'est pas mon genre...»

Les jeunes sportifs devraient penser à Nadeau-Piuze quand ils feront face à une profonde déception...

Un homme cool

Le quart-arrière de 22 ans est un costaud aux jambes arquées. Il se déplace lentement et chacun de ses gestes exprime le calme. Voilà ce qu'on attend d'un quart-arrière: être quelqu'un qui ne s'énerve pas pour rien.

Notre rencontre a eu lieu une heure avant un cours de droit. Mine de rien, ce garçon avait déjà beaucoup de pression sur les épaules, à deux jours de la visite du tout-puissant Rouge et Or de l'Université Laval, champion canadien. Mais rien dans le comportement de Nadeau-Piuze ne laissait paraître la moindre nervosité.

«On y pense toujours, on a toujours le football quelque part dans l'esprit, mais j'ai un cours et je vais me concentrer sur le droit, comme je le fais chaque semaine. Que ce soit le Rouge et Or ou une autre équipe, ma routine ne change pas. On se concentre sur une équipe à la fois.»

Et la routine n'est pas légère. Cinq heures par jour de football pendant la saison, quatre heures d'études par jour toute l'année. Notre homme a déjà un diplôme de HEC Montréal et il ajoute un certificat en droit. Comme quoi il est possible d'exceller aux études et de pratiquer un sport au niveau universitaire. Chapeau!

Début ardu

Les Carabins comptent déjà deux défaites en cinq matchs, peut-être trois quand ils auront fini de contester une partie perdue par défaut. Pas fort, mais on ne peut certes pas blâmer le quart-arrière.

Protégé par une ligne offensive jeune et minée par les blessures, Nadeau-Piuze a souvent été tabassé cette année. Il a souvent mis du temps à se relever, mais le garçon est un dur de dur. Est-ce qu'il t'arrive d'engueuler un coéquipier en te relevant?

«Ça ne m'est jamais arrivé. Ce n'est pas mon style. Mes coéquipiers sont aussi déçus que moi quand je me fais frapper. Ils se sentent mal.

«Le moral est bon malgré nos débuts difficiles. Une autre équipe aurait peut-être perdu sa confiance, mais nous savons que nous sommes meilleurs que notre fiche l'indique. L'ambiance est bonne, nous faisons notre petite affaire sans accorder d'importance à ce qui se passe à l'extérieur du terrain.»

- Parlons football avec quelqu'un qui s'y connaît... Crois-tu, comme le disent certains experts, que Peyton Manning est un génie du football?

«Oui, ce gars-là a pas mal tout compris. On le voit à sa façon de se comporter. Il est toujours très calme, il prend son temps, il voit tout et on dirait qu'il s'amuse. Il a le contrôle total sur le jeu. Tom Brady est du même niveau.»

Ann et la police

Sur le plan personnel, sachez que Nadeau-Piuze a l'intention de faire carrière dans la police, qu'il a un jeune frère vedette du football collégial AAA, une blonde qui s'appelle Ann et qui fait une maîtrise à l'Université de Sherbrooke à Longueuil, des parents qui habitent Repentigny, un appartement dans Villeray pour faciliter les déplacements... «J'ai essayé de conduire de Repentigny à l'université pendant un certain temps, c'était l'enfer!»

On s'en doutait, Alexandre...

Photo: Robert Skinner, La Presse

Alexandre Nadeau-Piuze, quart-arrière des Carabins, se déplace lentement et chacun de ses gestes exprime le calme.