Les All Blacks nous ont plantés 79-15 et ce n'était pas très chic de leur part. Ils auraient pu lever le pied, comme on dit...

Le Canada est donc éliminé de la Coupe du monde de rugby, ce qui était prévisible, mais le problème demeure dans ce tournoi international: il y a cinq grandes nations... et les autres qui se font parfois écraser de manière cruelle. Trois des puissances sont de l'hémisphère Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et l'Afrique du Sud, et deux de l'hémisphère Nord, la France et l'Angleterre.

Mais la défaite du Canada est moins humiliante que celle des Français, que les Îles Tonga ont surpris en l'emportant 19-14. La France passe de justesse en quart de finale, mais l'orgueil et la confiance sont gravement diminués.

La preuve, ce courriel d'un ami, Dominique, Niçois et ancien joueur amateur, qui travaille 100 heures par semaine pour faire fonctionner son petit café, La Vache qui pète, mais qui se lève la nuit pour voir les match de rugby de la France: «Se lever à 1h du mat' pour voir une si piètre prestation de mon équipe de coeur [...] Une équipe sans âme, sans jeu, qui joue la peur au ventre et sans motivation. Un jeu à la main nul, un jeu au pied à la limite du nul, des avants peu mobiles, pas de soutien à la percussion [...] Je salue bien bas cette petite équipe et ce petit pays de 170 000 habitants. Elle mérite d'être en quart et pas les Français.»

En effet, l'absence de soutien à la percussion, je ne sais pas ce que c'est, mais ça doit faire mal...

Après la défaite contre les All Blacks, l'entraîneur français, qui ne sourit jamais, a engueulé un journaliste qui le questionnait un peu serré. Est-ce que la France peut toujours gagner la Coupe du monde?

Au lieu de répondre tout simplement oui, Marc Lièvremont a dit: «Elle m'emmerde, ta question...»

Qu'est-ce qu'il dit maintenant? Après la défaite face aux Tonga, il a donné raison à la presse et blâmé les joueurs et leurs agents. Vous remarquerez que les Français sont les plus pittoresques dans la défaite. Souvenez-vous de la Coupe du monde de foot...

Les Bleus affronteront maintenant leur «ennemi préféré», l'Angleterre.

Dominique y croit: «Les Anglais, ils sont jouables. Les Français ne les respectent pas parce qu'ils jouent à la limite de la légalité. Mais ils ne sont pas très créatifs [...] Maintenant, les Français ont une chance de se refaire une image. Les p'tits coqs ne sont jamais aussi dangereux que quand ils ont un pied dans la tombe. Un vent de révolte [...]»

Ce vent de révolte, il revient souvent dans les commentaires des analystes français. C'est une allusion à la guerre de Cent Ans, à la révolte des Français contre la cour d'Angleterre, comme quoi cette rivalité n'est pas jeune.

Un autre match de quart de finale est à mettre à son agenda: Afrique du Sud-Australie.

Deux gaffes ont suffi...

Dans un autre sport de ballon ovale, les Carabins de l'Université de Montréal ont prouvé qu'il suffisait de deux jeux, un très mauvais et un autre malchanceux, pour perdre une partie que l'on domine. Résultat final: 20-11 en faveur du Vert et Or de l'Université de Sherbrooke.

Il faisait très mauvais à Sherbrooke samedi et il valait mieux, comme la plupart des fans du Vert et Or, rester à la maison pour voir le match en compagnie des excellents Jean Saint-Onge et Jacques Dussault.

Quand il fait aussi froid et que la pluie et le vent sont intenses, il devient difficile de tenir un ballon et les erreurs sont coûteuses. Dominants en première demie, les Carabins ont accordé un retour de botté d'envoi de 104 verges pour un touché en commençant la deuxième demie. Sur la séquence suivante, une passe déviée est tombée dans les mains du demi défensif Alexandre Branco, qui a ramené le ballon pour un autre touché. Game over.

Danny Maciocia digérait plutôt bien la défaite à son retour à Montréal hier. «Deux jeux ont tout gâché. Si on regarde les statistiques finales, on a gagné le match!

«Mais il y a des choses que je n'ai pas appréciées, comme l'inconstance au niveau de l'attaque. Nous avons échappé sept passes qui étaient bien lancées. Si on les capte, on gagne. Il faut réaliser que nous avons un équipe jeune et que chaque blessé est remplacé par une recrue. Nous avons quand même été compétitifs dans tous nos matchs, même les deux défaites.

«J'ai pour principe de toujours dire la vérité aux joueurs. Mais il ne faut pas trop insister, sinon ça demeure dans la tête, surtout chez les recrues. Je le dis une fois franchement et on passe à la préparation du prochain match.»

Il reste que ce fut un beau spectacle de football et que nous avions là deux des cinq équipes les mieux classées au pays. Montréal était quatrième, Sherbrooke cinquième alors que le Rouge et Or de Laval règne au premier rang canadien.

Trois équipes francophones à la tête du football universitaire... Quand j'étais étudiant, je n'aurais jamais pu croire une telle chose possible.

Photo: AFP

Zac Guilford (11) et l'équipe de la Nouvelle-Zélande ont corrigé Ryan Smith et la formation canadienne, hier.