Jean-Gardy Clermont, demi de coin et capitaine de la défense des Carabins de l'Université de Montréal, vit des jours bizarres. Le match de demain, une demi-finale contre le Vert et Or de Sherbrooke, pourrait être son dernier, après cinq années avec les Carabins.

«J'ai lu les articles de Mathias Brunet dans La Presse. Je me sens un peu comme ces hockeyeurs qui prennent leur retraite. À chaque entraînement, j'y pense. Mes 14 années de football y passent. Je ne crois pas que notre saison prendra fin samedi, mais la fin approche pour moi.»

Étudiant en relations industrielles, Clermont, 26 ans, a fait un stage d'été chez Hydro-Québec. «J'avais deux offres et j'ai choisi celle d'Hydro parce que je sentais qu'il y avait plus de travail en équipe. J'aimerais me retrouver dans un environnement qui me rappelle une équipe de football. J'étais aux ressources humaines et j'ai adoré ça.»

Originaire de Rivière-des-Prairies, il est le bébé d'une famille de cinq enfants qui compte quatre filles - «Je suis sept fois mononcle.» On voit bien que ce garçon va très bien se débrouiller dans la vie. Son entraîneur Marc Santerre lui donne d'ailleurs de délicates responsabilités. Les deux hommes travaillent ensemble depuis huit ans, trois ans avec les Spartiates du Vieux-Montréal et cinq avec les Carabins, deux équipes qui ont toujours eu un fort contingent de joueurs d'origine haïtienne. Santerre s'attend à ce que des leaders se lèvent à l'intérieur du groupe.

«Au Vieux, les Haïtiens étaient accueillis à bras ouverts et le recrutement se faisait de bouche à oreille. Des plus vieux m'ont amené et j'en ai convaincu d'autres ensuite. On venait tous de la région.

«C'est différent à l'université. Il y a des joueurs de toutes les régions de la province. Au début, on voit des petits groupes se former et il faut intervenir. On doit courir ensemble, faire des choses en groupe, se parler et bâtir un esprit d'équipe.

«Évidemment, je suis peut-être mieux placé pour comprendre les problèmes des joueurs haïtiens. Et je connais la philosophie de Marc. Quand un coéquipier est malheureux ou pas content de son sort, je l'amène dans un coin et je lui parle discrètement. Il ne faut pas faire ça devant tout le monde et l'humilier. Si ça ne va pas mieux, j'arrange un meeting avec l'entraîneur, mais c'est rarement arrivé.

«Je dois le faire, avec les autres leaders haïtiens, sinon, il pourrait y avoir des chocs culturels. Nos coéquipiers de l'extérieur connaissent moins la culture haïtienne. Il y a parfois des tensions, comme dans toute équipe, mais pas de problèmes.»

Demain, donc, le Vert et Or... Les deux équipes ont disputé ce que les observateurs considèrent comme le meilleur match de la saison universitaire, une victoire de 33-29 des Carabins qui ont dû revenir de l'arrière en fin de partie. «Sherbrooke, c'est d'abord une très bonne attaque et un front défensif solide (front défensif: joueurs de ligne et secondeurs). Ils disent qu'on leur a volé cette victoire, qu'ils la méritaient. On verra samedi.»

Vous pouvez parier que Jean-Gardy Clermont jouer avec tout son coeur. Question de reporter la fin du football à un peu plus tard... En passant, messieurs d'Hydro-Québec, vous avez entre les mains un bon homme et un leader.

Correction

Dans ma chronique d'hier sur le hockey en Autriche, j'aurais dû écrire Salzbourg et non pas Strasbourg. Mes excuses. Quant à la ville d'Alsace, si vous ne l'avez jamais visitée, je vous le recommande fortement.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Originaire de Rivière-des-Prairies, Jean-Gardy Clermont est le bébé d'une famille de cinq enfants qui compte quatre filles.