Il y a des boxeurs à qui, une fois qu'on les a rencontrés, on souhaite qu'il n'arrive rien de grave. Ou bien qu'ils changent de métier et connaissent du succès.

Jesse Brinkley, l'adversaire de Lucian Bute (vendredi au Centre Bell) pour le championnat IBF des super-moyens (168 livres), est de ceux là.

Plutôt inconnu en dehors du Nevada, bientôt 34 ans, fiche de 35-5-5 (22 K.-O.), des chiffres qui nous disent fin de carrière et dernière chance pour l'argent et la gloire. Bute sera largement favori pour conserver sa couronne dans cette défense obligatoire et Brinkley est le premier à le savoir.

«Il faut évidemment respecter un champion invaincu. Et puis, je n'entends que des bonnes choses à son sujet, que c'est un homme intelligent et charmant. Dans un autre métier, on pourrait être des amis.»

Vous avez compris, pas de bravade de la part de Brinkley. Pas de «Je vais lui passer le K.-O. et ramener la ceinture», comme le font les autres boxeurs américains en visite.

«Je sais que je suis le négligé, mais je ne me sens pas comme un négligé. Je sais que Lucian aime bien démolir des Américains, mais nous serons deux hommes dans une arène et je me sens son égal. C'est un homme comme moi. Tout ce que je voulais, c'était un combat de championnat, une chance. La voilà et j'en profite avec plaisir.

«Comme boxeur, personne n'a encore réussi à comprendre Bute ni à trouver une solution pour le déranger. À regarder les films de ses combats, je vois que son adversaire ne doit jamais relaxer, même pas une seconde. De mon côté, je n'ai jamais été déclassé dans une arène.»

Bute, un autre boxeur à qui l'on souhaite qu'il n'arrive rien de mal, était plus impressionnant que jamais à l'entraînement public d'hier au gymnase HardKnox, du quartier Saint-Henri.

Confiant, dans une forme physique qui semble parfaite comme toujours, il a un peu fait le clown et bavardé avec les spectateurs et journalistes présents. Un monsieur à côté de moi a dit qu'il était venu le voir parce qu'il était convaincu que Bute était gentil.

Un collègue a rappelé au champion qu'il était largement favori. «Ça, c'est ce que les médias disent. La boxe ne fonctionne pas comme ça. Un coup de poing et votre carrière peu prendre fin.

«Brinkley a la chance de sa vie et il va tout donner. Il dit qu'il n'a rien à perdre et que toute la pression sera sur moi devant mes partisans. J'ai des petites surprises pour lui, en masse. Je suis tellement content de monter dans l'arène devant les partisans qui m'ont encouragé pendant toute ma carrière. Pour moi, c'est un plaisir. Ils me donnent de l'énergie. J'ai hâte à vendredi soir, a dit Bute.

«Brinkley a une belle droite et un bon crochet du gauche. Ce sont les armes idéales contre un gaucher comme moi. La clé du combat sera mon jab. Si mon jab passe, il y a de bonnes chances pour un K.-O.

«Mon plan est toujours le même: gagner tous les rounds, un par un. Et si la possibilité de K.-O. se présente, je vais la saisir.»

L'entraîneur de Bute, Stéphane Larouche: «Brinkley est un gars intelligent. Vous voyez qu'il n'a pas une grande gueule, qu'il ne prédit pas de K.-O. Il ne promet rien. Quand un adversaire a une telle attitude, il faut le respecter.

«Il est flatfooted (pas très mobile), il est toujours dans une forme parfaite et je l'ai vu remporter des combats après avoir été en grande difficulté. Il ressemble un peu à Éric Lucas. Il est très courageux. Il a remporté des combats où il était le négligé. Il est très populaire dans sa ville, Reno.»

Diaconu-Sheika

En demi-finale de soirée, les amateurs de combats rudes devraient regarder de près l'affrontement entre Adrian Diaconu (26-2-0, 15 K.-O.) et Omar Sheika (30-9-0, 21 K.-O.). On risque d'y voir le meilleur spectacle de la soirée.

Les deux hommes ont besoin d'une victoire pour relancer leur carrière après des défaites, dont deux contre Jean Pascal dans le cas de Diaconu.

Sheika, qui a battu facilement Stéphane Ouellet et s'est incliné devant Éric Lucas, a une fiche de 4-2-0, avec 4 K.-O., à ses six derniers combats. On dit en coulisses qu'il a mis fin à sa carrière de playboy pour se concentrer sur la boxe.

Ni l'un ni l'autre ne fait dans la dentelle. Ils avancent et ils cognent. L'entraîneur de Diaconu, Pierre Bouchard, nous dit que ça pourrait être court. «Adrian s'est entraîné avec Lucian en Floride. C'est son plus long camp d'entraînement à vie. Et pour une fois, il n'a mal nulle part.»

Diaconu: «Ce sera évidemment le combat le plus important de ma carrière. La suite en dépend. J'étais très déçu après mes défaites, mais je n'ai jamais pensé à la retraite. Je ne vis pas dans le passé. Je suis en bonne forme et j'aime me battre. Alors je suis heureux. On va bien s'amuser.»

Du Diaconu typique.

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Lucian Bute est dans une forme splendide, comme toujours. Il a parfait son entraînement, hier, devant une photo de Mohammed Ali.