En général, quand une équipe s'enlise, on change d'entraîneur. L'Impact de Montréal l'a fait l'an passé et l'année d'avant. Nick DeSantis, puis John Limniatis sont passés dans le tordeur alors que leurs joueurs s'en tiraient bien.

Cette fois, l'Impact pique du nez - aucune victoire dans les cinq derniers matchs, deux buts marqués en cinq parties -, mais les joueurs ont eu la surprise de se voir montrés du doigt par le président Joey Saputo.

Dans une rencontre éclair au stade Saputo hier, le patron a savonné ses joueurs comme on le voit rarement dans le monde du sport. Saputo a donné des noms et des exemples.

«Les leaders et les vétérans ne font pas leur travail. Nevio Pizzolitto, par exemple, ne fait pas son travail de capitaine ni de leader. Nous avons peut-être commis une erreur en le nommant capitaine.»

Ouf... mais ce n'était que le début.

«(Le gardien) Matt Jordan et David Testo devraient être des leaders aussi. Ils ont de l'expérience. Je sens beaucoup de complaisance chez plusieurs joueurs, je sens de l'indifférence, comme si leur poste était acquis.

«Mais il ne l'est pas. Ceux qui sont trop sûrs d'eux ne viendront pas avec nous dans la MLS en 2012 et ils ne seront pas avec nous l'an prochain non plus. Si vous n'êtes pas affamés, votre place n'est pas ici.»

Le président de l'Impact était sur une lancée. «Rocco Placentino se prend pour l'avenir de l'équipe. C'est loin d'être le cas. Il nous donne trente bonnes minutes de jeu tous les trois matchs.

«Nous avons négocié dur et longtemps avec l'agent d'Ali Gerba, mais il ne fait rien depuis qu'il est ici. Nous avons sorti Stephen deRoux du Minnesota où il était malheureux. Nous l'avons bien traité, appartement et voiture fournis et tout. Il joue comme s'il s'en foutait complètement.

«Pour ces joueurs et certains autres, les sept derniers matchs de la saison seront un camp d'entraînement pour l'an prochain.»

Saputo a couvert d'éloges un seul de ses joueurs: Eduardo Sebrango. «Il vient à tous les entraînements et tous les matchs en donnant tout ce qu'il a.»

Le président s'explique mal pourquoi ses joueurs, qui sont les mieux traités de la ligue, qui jouent dans le plus beau stade et devant les meilleures foules, peuvent répondre avec des performances aussi nonchalantes. On peut le comprendre.

DeSantis et Dos Santos sont blanchis

L'Impact a remporté le championnat de sa ligue l'an dernier; il a annonçé quelques mois plus tard qu'il passerait à la MLS en 2012, mais tout s'est écroulé depuis. L'Impact nous a habitués à de lents débuts de saison, mais cette année, la léthargie se poursuit.

Le directeur technique Nick DeSantis et l'entraîneur Marc Dos Santos ont toute la confiance de leur patron malgré tout.

«Ils font bien leur travail. Dos Santos est excellent pour préparer ses joueurs et décortiquer le jeu de l'autre équipe. Nos joueurs ne peuvent être mieux préparés. Il leur reste à produire. Ils seraient les premiers à avouer leurs torts. Demandez-leur...

«L'an dernier, je pensais que nous aurions besoin de cinq nouveaux joueurs pour passer à la MLS. Aujourd'hui, je ne sais même pas s'il y a cinq joueurs qui seront encore ici l'an prochain.»

Au milieu de cette pénible saison, le défenseur français Cédric Joqueviel a quitté l'équipe pour des raisons personnelles. Roberto Brown et Peter Byers, deux attaquants qui devaient régler les problèmes de l'attaque, ont été congédiés. Le roulement de joueurs n'aide sûrement pas cette organisation qui se veut stable.

Tout ça est peut-être lié à cette drôle d'ambiance qui règne avant de changer de niveau. Difficile à expliquer alors que les portes s'ouvrent devant des joueurs qui ont l'occasion de gagner pas mal plus d'argent.

On peut s'attendre à beaucoup d'action au cours des prochaines semaines. Tout n'est pas perdu, le classement est très serré et l'Impact pourrait toujours se classer pour les séries éliminatoires. Après, on repart à zéro et tout est possible, comme dirait Jaroslav Halak. Vous vous souvenez de lui?

Notre équipe chouchou

L'Impact a toujours été l'équipe chouchou des médias et du public québécois. On aimait ces joueurs très peu payés, dévoués à leur cause, toujours disponibles et aimables avec les médias et les partisans.

Tout ça changera avec l'entrée dans la MLS. Les médias et les partisans seront plus critiques et exigeants, du moins espérons-le, et l'Impact devra apprendre à gérer la pression et la critique, une nouveauté dans leur cas.

J'ai eu droit à une réaction un peu sévère de Marc Dos Santos dernièrement. Rien de grave, ça fait partie de la game... Sauf que Dos Santos et ses amis ne subissent pas le dixième de la pression que mettent les médias sur le Canadien. Il faudra apprendre...

Photo: François Roy, La Presse

Joey Saputo, président de l'Impact, a savonné ses joueurs, hier, comme on le voit rarement dans le monde du sport.