Le suspense tricolore se poursuit et son dénouement dépendra beaucoup des gardiens de but, une position qui représente toujours un point d'interrogation.

Demandons à un ancien de Rosemont, un connaisseur, Richard Sévigny, ce qu'il en pense...

«Il est évident que le Canadien compte sur Carey Price pour sauver cette saison et pour les années à venir. C'est leur homme. Il devrait garder les buts jusqu'à la fin du calendrier s'il va bien... S'il finit en force et que le Canadien se classe, ils pourraient causer des surprises en séries éliminatoires.

«Price connaît une saison difficile. Pour un gardien, la deuxième année est toujours la plus dure à Montréal. La première année, tout le monde te flatte. La deuxième, il faut que tu produises et la pression augmente tout à coup.

«Le Canadien aurait dû mieux l'encadrer à l'extérieur de la patinoire. Dans mon temps, on avait perdu deux choix de première ronde, Alfie Turcotte et Doug Wickenheiser, à cause d'un manque d'encadrement. Les deux jeunes vivaient ensemble et ils manquaient de sérieux...

«Price a beaucoup de talent, il est très fort techniquement, mais je trouve qu'il joue parfois comme un gars de 5'8. Il est déjà à genoux, en position papillon, quand l'adversaire lance de la ligne bleue. Le style papillon, c'est pour les jeux autour de la cage et près d'elle, pas pour les lancers de loin.

«Son problème se trouve entre les oreilles présentement. Quand il accorde un mauvais but, on voit qu'il perd confiance... Ça se corrige, il a un très grand talent. Mais si le Canadien va en séries avec lui, il ne faudrait pas trop lui rappeler les éliminatoires de l'an dernier... Il a le moral fragile. Il a encore des doutes dans sa tête.»

Et Halak?

«Halak pourrait rester à Montréal longtemps s'il va bien. Il sera joueur autonome AVEC compensation et je ne pense pas que les autres équipes le voient comme un gardien numéro un «, poursuit Sévigny.

«Il a une bonne attitude, il ne se plaint pas. Il n'a pas tellement le choix...

«Si Price flanche et que Halak doit revenir, ça ne sera pas encourageant pour les séries, s'il y en a.»

La grande différence

Sévigny a gardé le but pour le Canadien et les Nordiques, ce qui représente toute une aventure pour un Québécois. Quand il regarde les films des vieux matchs, il a la même réaction que nous...

«Aujourd'hui, le joueur le plus important est le gardien de but. Ils sont bien meilleurs que nous, plus grands, plus forts, mieux entraînés, mieux dirigés, mieux équipés...

«Dans mon temps, il n'y avait pas d'entraîneur de gardiens. On apprenait tout seul. L'entraînement était concentré sur les autres joueurs.

«Les attaquants qui marquaient 50 buts par année dans les années 80 auraient de la difficulté contre les gardiens d'aujourd'hui. On le voit très bien quand on regarde les vieux matchs... Même que ça saute aux yeux.»

Richard Sévigny est aujourd'hui administrateur au Collège de l'Assomption... et entraîneur de l'équipe de hockey de l'institution.

L'argent du sport

Parlant de Rosemont, une promenade sur la bonne vieille rue Masson, samedi, nous a permis de voir que la crise économique est vraiment à nos portes. Des commerces qui étaient là il y a quelques mois sont disparus, laissant plusieurs locaux vides, signe de désolation. Même le Fleuriste Raymond, qui devait avoir pignon sur rue depuis 100 ans, a fermé ses portes il y a deux semaines...

La rue Masson, c'est la Wellington de Verdun, la Notre-Dame de Saint-Henri, l'avenue Mont-Royal du Plateau, l'avenue du Parc, du Mile-end, et ainsi de suite. Ouvrez l'oeil pour voir...

Et puis voilà qu'on fait saliver nos commerçants avec un retour possible du Grand Prix de F1, l'événement qui, s'il faut les croire, amène le plus d'argent. On leur souhaite bonne chance, mais on espère surtout que le maire Tremblay tiendra parole. Si c'est pour une seule année, c'est non!

Enfin, l'été qui vient sera vraiment sombre si le CH rate les séries. Pensez à tous ces propriétaires de bars de sportifs, qui refusent des clients pendant les séries.

Un monsieur, qui opère une boutique de produits de sport dérivés, nous disait hier, à la télé, que 80% de ses ventes annuelles disparaîtraient s'il n'y avait pas de séries pour le Canadien.

Voilà qui met un peu plus de pression sur l'entraîneur et DG Bob Gainey.