Quatre jours que je me fais poser la question. Qui va gagner? Jean Pascal ou Bernard Hopkins.

Je me gardais une grosse gêne parce que c'est un combat opposant des personnalités complètement différentes. Et des boxeurs qui n'ont pas le même style ni le même âge.

Hier, j'étais à la pesée. J'ai eu le temps de discuter avec Jean Pascal. J'ai surtout eu le temps de flairer son état d'esprit. Et j'ai senti une confiance vraie, pas une confiance gonflée par les discours d'un psy.

On a tendance à sous-estimer la valeur de Jean Pascal. C'est un trait québécois de toute façon. Ce sont les autres qui doivent nous dire que l'un des nôtres est exceptionnel. Après, nous sommes rassurés. C'est le cas avec Céline Dion, avec le Cirque du Soleil, avec Lynda Lemay, avec nos ingénieurs ou avec nos financiers. Mais quand on voit la place de Jean Pascal sur la planète boxe internationale, on se dit que ce qu'on voit de lui, d'autres le voient aussi.

Le combat sera dur et difficile. Probablement teigneux et hargneux, sans doute rempli de coups salauds et d'irrégularités. Ce qui me rassure, c'est que Marc Ramsey est formel. Jean Pascal a le feu vert. Pour chaque coup salaud, il va donner un coup salaud. Pas question de se laisser bousculer dans le ring.

Je me dis qu'à 28 ans, Jean Pascal a plus de potentiel d'apprentissage dans un ring que Bernard Hopkins à 46 ans. Je me dis donc que Jean Pascal a plus appris dans son premier combat contre Hopkins parce qu'il était celui qui avait le plus à apprendre.

Je me dis aussi qu'à 28 ans, s'il dose bien ses efforts et s'il se discipline à tenter de gagner 12 combats d'une ronde, l'âge va finir par jouer en faveur de Pascal.

Jean Pascal est un cas à part dans la boxe de haut niveau. Il n'a pas de rythme dans le ring. Il boxe par secousses. En attaque pendant une vingtaine de secondes puis, il va tourner en rond dans le ring avant de revenir pour quelques échanges. C'est certain qu'Hopkins est préparé à ce style pas très orthodoxe mais Jean Pascal a gravi tous les échelons jusqu'au titre mondial avec sa force, son intelligence du ring et, on l'a vu contre Diaconu, avec son courage.

C'est pourquoi je pense que Jean Pascal va gagner le combat. Mais ça va être très dur. Ça devrait se rendre à la limite et ce sont les juges qui vont trancher.

Quant à Chad Dawson contre Adrian Diaconu, la plupart des connaisseurs favorisent Chad Dawson. Lucian Bute qui est dans une forme splendide et qui est déjà à l'entraînement depuis un mois, pense que Diaconu va gagner : « Je n'ai jamais vu Adrian travailler aussi fort «, me disait-il hier après-midi.

J'aimerais que Diaconu l'emporte parce que c'est un homme merveilleux. Mais selon moi, Chad Dawson est un meilleur boxeur, meilleur tacticien et meilleur technicien. Adrian est fort et courageux mais s'il ne peut coucher Dawson dans les huit premiers rounds, l'Américain va gagner par décision. Et c'est, je crois, ce qui va arriver.

L'après combat s'annonce bon pour la scène québécoise de la boxe. À condition que Jean Pascal et Adrian Diaconu gagnent leur combat. En fait, la boxe a besoin d'au moins une victoire pour qu'on puisse continuer à organiser de grands combats impliquant un héros d'ici.

Richard Schaefer, de Golden Boy, soutient que Montréal ou Québec peut présenter un combat entre Chad Dawson et Bernard Hopkins et en faire un grand succès : « Il se trompe, corrige Yvon Michel, nous avons besoin d'un champion local pour créer le gros évènement. Nous ne sommes plus à l'époque de Régis Lévesque où il avait besoin d'un local contre un local pour remplir l'aréna mais nous avons quand même besoin d'un héros québécois pour créer l'évènement. Heureusement, nos boxeurs sont d'un haut niveau «, dit Michel.

En tous les cas, une simple pesée de boxeurs s'est transformée en quelque chose d'un peu fou et de très gros hier...

Même Varda était excitée, ce qui n'est pas peu dire.

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Les Jets de Winnipeg, bravo et rebravo!

Winnipeg va donc retrouver son équipe de hockey. Le tout devrait être confirmé mardi, mais le maire de la ville a déjà dit que tout était réglé entre les deux parties. Il manque la signature de Gary Bettman, une signature aussi importante que celle de Benoit XVI au bas d'une encyclique papale.

Bravo pour Winnipeg. En 1995, pendant que le maire Jean-Paul L'Allier, l'avocat André Joli-Coeur mandaté par le gouvernement péquiste pour sortir les Nordiques sans nuire au parti et son directeur général et grand conseiller Denis de Belleval unissaient leurs efforts pour enfin débarrasser le Grand Village de ses Nordiques, la mairesse de Winnipeg se battait bec et ongles pour sauver la concession. Les Jets ont pu demeurer une année de plus à Winnipeg mais l'absence d'un plafond salarial et surtout un dollar canadien qui se traînait à 72 cents américains ont eu raison de son acharnement. Mais elle, elle avait essayé. Et Winnipeg s'est donné les moyens de ramener son équipe. En construisant une patinoire digne de la Ligue nationale avec quelques améliorations et en appuyant la famille Thompson dans ses démarches. La ville méritait d'être la première à toucher au Saint Graal.

Québec, sans Denis de Belleval, serait dans une position parfaite pour recevoir la prochaine équipe qui va déménager. Puisque le principe d'un déménagement est accepté, les chances de Québec seraient beaucoup plus grandes s'il n'y avait pas le coup de force de l'ancien directeur de la ville du temps de L'Allier.

On se gargarise avec le mot démocratie. Je voudrais juste rappeler que le maire Régis Labeaume a fait de la construction d'un amphithéâtre moderne le fer de lance de son programme électoral, et que 80% des électeurs ont voté pour lui. Excusez mais 80%, c'est plus que la loi de la clarté de Stéphane Dion. C'est des votes en ta dirait le Moose. Par ailleurs, le gouvernement libéral et l'opposition péquiste appuient le projet. Ce sont des députés qui représentent les deux partis confondus plus de 85% des électeurs de tout le Québec. Et c'est un technocrate qui fut technocrate toute sa vie, qui risque de faire dérailler ce projet vital pour la Capitale nationale au nom de quel principe? Qu'il n'aime pas le hockey?

L'esprit de la loi en ce qui concerne les appels d'offres vise à obtenir l'offre la plus basse pour effectuer un travail pour une ville ou un ministère. Pour éviter le patronage. On sait depuis Bastarache que cet esprit est bafoué allégrement au Québec. Et on a juste à rouler sur nos routes pour savoir qu'il y a du ciment qui a fini dans les piscines de certains entrepreneurs.

Régis Labeaume se trouvait dans une situation contraire. Il devait faire monter les enchères pour obtenir l'offre la plus élevée pour son édifice. Et pour ce faire, il avait besoin d'une confidentialité absolue pour opérer. Comme Jacques Ménard avec le Canadien et le Centre Bell.

J'espère que pour la première fois depuis vingt ans dans un projet public, des élus feront preuve de courage