«Moi, je peux dire que j'ai assisté à la transformation de Carey Price. Il est devenu un homme, c'est évident. Il est maintenant installé avec sa blonde et il me racontait comment il voulait bien investir dans sa première maison. Il a beaucoup changé.»

C'est Jacques Olivier fils qui parle. Il a racheté la concession Ford de son père, l'ancien syndicaliste devenu ministre libéral au fédéral et maire de Longueuil, et c'est le commerçant qui a fait le meilleur deal en ville en associant Carey Price et P.K. Subban à son entreprise. Les deux plus grandes vedettes populaires du Canadien, la jeunesse et l'avenir de l'équipe, rien de moins.

«Dans les deux cas, on a réglé avec une poignée de mains. Carey, ça fait déjà trois ans. Il voulait un pick-up Ford, comme son père. Il a demandé au Canadien d'entreprendre des démarches. Le Canadien a pris contact avec l'Association québécoise des concessionnaires Ford dont j'étais le président et quand j'ai vu que ce serait compliqué de régler le dossier, je me suis engagé personnellement. Je lui ai fourni un F150 Raptor avec des grosses roues et une somme d'argent. En échange, Carey vient signer des autographes au garage une fois dans la saison et consacre un après-midi à des enregistrements et à des prises de photos. Et j'ai le droit d'associer son image à mon entreprise. C'est un privilège pour moi», a expliqué Olivier.

Jacques Olivier a traversé une période rock and roll dans sa jeunesse avant de devenir l'homme d'affaires crédible qu'on connaît sur la Rive-Sud. Il peut sans doute mieux comprendre Carey Price. «C'est un individu qui a beaucoup cheminé. C'est un homme qui a beaucoup mûri. Et ce n'est pas de la frime, il est sincère. Par ailleurs, je ne sais pas s'il est insouciant ou bien très terre à terre, mais je ne l'ai jamais senti importuné par ce qui se disait ou s'écrivait à son sujet. Ça n'a pas l'air de le déranger. J'ai vu son évolution et c'est un type qui semble beaucoup plus en contrôle de sa vie», a ajouté Olivier.

«Mais je ne suis pas son ami. Carey ne viendra pas souper à la maison mais je l'apprécie beaucoup. Il y a trois semaines, il est venu signer des autographes au garage. Mille personnes sont venues. Une vedette du Canadien, ça attire. Le hockey est une religion et avec Price et Subban, j'ai un archevêque et un évêque comme porte-parole, c'est difficile de demander mieux.»

Mais M. Olivier sait bien qu'il ne pourra pas garder une vedette comme Price encore très longtemps dans un concessionnaire Ford de Saint-Hubert. «C'est une évolution des choses. Pour moi, Carey Price n'a jamais été une vedette du Canadien, c'est une vedette de la Ligue nationale. Il a ses racines à Vancouver, en Colombie-Britannique et à Montréal. Il est rattaché aux deux marchés canadiens. C'est certain qu'il aura la chance de s'engager un jour à l'échelle nationale. Ce serait de bonne guerre que le national s'en empare et le jour où je ne pourrai plus le garder avec nous, je vais être content pour lui», dit-il.

Carey Price, c'est bien. Mais ajouter P.K. Subban au gros lot, c'est presque gênant. C'est vraiment la loterie. «À un moment donné, P.K a fait savoir au Canadien qu'il aimerait un véhicule. Ce fut le même cheminement. Aussitôt que j'ai vu ce gars-là, aussitôt que j'ai perçu son talent et sa personnalité, on a conclu un marché. Poignée de mains après en avoir discuté avec les gens de son agent Don Meehan. Il voulait un gros VUS. On s'est entendus pour un Lincoln Navigator et une somme d'argent. On se demandait lequel attirerait le plus de fans pour une séance d'autographes. Ils ont fait le même score, à peu près 1000 personnes. La foule de P.K était un peu plus jeune et comprenait une plus grande portion d'ethnies. Subban a été très généreux, peut-être trop. Il a parlé avec chacun des partisans, il a blagué sur leur casquette ou sur un élément de leur personnalité, du premier au dernier. Il passait des commentaires, faisait des blagues. Il offre une excellente interrelation avec les gens. Un rêve», a raconté Jacques Olivier.

Un rêve pour un homme qui se qualifie en souriant de «vrai fefan». Faut dire qu'il est comme Obélix. Il est né dans la potion magique. Son père était un grand ami de Serge Savard et de Jacques Lemaire et des grands joueurs de l'époque glorieuse. À 12 ans, il suivait les matchs dans la loge de Savard en compagnie du Sénateur et de Lemaire. «Je suis encore impressionné par mes souvenirs. À quel point ces hommes connaissent la game, c'est incroyable. Après quelques minutes dans un match, Jacques Lemaire savait quel ou quel joueur connaîtrait un grand match ou une contre-performance. Il ne les appelait jamais par leur nom, toujours par leur numéro. Il ne se trompait jamais», se rappelle-t-il.

Ce grand fan entre les fans s'est donc offert les deux plus grandes vedettes du Canadien. En scellant l'accord d'une poignée de mains. Dans un univers d'agents et d'avocats.

On ne pourra pas nier qu'il a du flair...