Depuis les Jeux de Sarajevo, avec Christopher Dean et Jane Torvill, en passant par Albertville et les Duchesnay pour finir avec Jamie Salé et David Pelletier à Salt Lake City, le patinage artistique a toujours été la discipline qui a fait vibrer le plus les amateurs de sport. Souvent plus que les grandes victoires au hockey.

Cette année, Battle of the Blades, l'émission la plus populaire au Canada depuis six ou sept semaines, est absolument tripante. Passionnante et émouvante. Alignez les adjectifs et vous aurez raison.

Patrice Brisebois et sa partenaire Shae-Lynn Bourne sont en train de conquérir le reste du Canada. Ils sont bons, élégants, sexy et Brisebois, en moins de deux mois, est devenu un très bon patineur artistique. Vraiment surprenant.

Un autre ancien porte-couleurs du Canadien, Valeri Bure, est peut-être encore meilleur. Lui et sa partenaire, la très grande patineuse russe Katia Gordeeva, ont arraché des exclamations aux trois membres du jury dimanche. Dont Toller Cranston, qui a la dent dure quand vient le temps de juger une performance.

«Je ne suis pas prêt à abandonner contre Valeri et Katia. Nous progressons à chaque semaine et nous n'oublions pas qu'il y a 50 000$ à gagner pour la Fondation de l'hôpital Sainte-Justine», a vite répliqué Brisebois quand on s'est trop attardé sur le brio de Valeri Bure.

Patrice Brisebois ne savait pas trop dans quelle aventure il embarquait il y a deux mois quand il a accepté l'invitation de CBC. «Ça fait deux mois que je ne vois ma femme et ma famille que le samedi. Le reste du temps, on le passe sur la glace et en gymnase. Au moins cinq heures par jour sur les patins à s'entraîner. C'est très dur, beaucoup plus dur que je ne le croyais. Il n'y a pas un soir où je me couche sans avoir mal quelque part et sans me demander comment je vais faire le lendemain. J'ai reçu une injection de cortisone dans un poignet blessé et depuis, ça va mieux», m'expliquait Brisebois hier, de Toronto, entre deux exercices avec sa belle Shae-Lynn.

«Elle est extraordinaire. Elle contribue beaucoup aux chorégraphies. Mais comme c'est une spécialiste de la danse sur glace, elle n'est pas aussi habituée aux portés que les autres comme Isabelle Brasseur ou Jamie Salé. De plus, c'est la patineuse la plus lourde du groupe et parfois, ça demande beaucoup de force lors des portés. Mais en même temps, elle m'a poussé à travailler des pas de danse que les autres patineurs ne font pas avec leurs partenaires et ça donne un avantage. Il faut arriver à faire entrer dans une performance d'une minute et 40 secondes ces cinq heures d'entraînement», a dit Brisebois.

L'an dernier, Claude Lemieux et Stéphane Richer avaient donné un grand spectacle. Cette saison, dès la deuxième semaine,- le calibre des patineurs était déjà supérieur à la finale de la première présentation. C'est un entraînement pénible qui vide les anciens joueurs de hockey. «J'éprouve un respect énorme pour les patineurs. Personne ne peut se douter à quel point c'est un sport difficile. C'est incroyable», a dit Brisebois.

Il a tellement appris pendant ces deux mois qu'il estime que des jeunes gars qui veulent jouer au hockey devraient commencer par des cours de patinage artistique. «Moi, si j'avais un garçon qui désire jouer au hockey, je commencerais par lui faire suivre des cours de patinage artistique. Il développerait une bien meilleure technique pour les pivots et une plus grande puissance. De plus, on va s'entendre sur un point. Le patinage est la base pour tout joueur de hockey. Si on améliorait le coup de patin dès le départ, on aiderait les jeunes pour le reste de leur carrière.»

Lundi soir, le couple Jamie Salé et Theoren Fleury a été exclu de la compétition. Fleury avait les larmes aux yeux ainsi que Jamie, grande médaillée d'or de Salt Lake City. Ce fut une grande aventure pour Fleury juste au moment où il arrive à régler ses comptes avec les agresseurs sexuels qui lui ont volé son adolescence. Et de le voir avec Salé en train d'écouter les commentaires de Jeremy Roenick et de Toller Cranston était émouvant. On sentait à quel point tout le monde était ému.

C'est dommage qu'aucun réseau de télévision n'ait songé à imiter la CBC. Le Québec a produit assez de patineuses et de bons joueurs pour former de solides compétitions capables de soutenir l'intérêt des téléspectateurs.

Sans doute attend-on que Julie Snyder ait le temps de flasher sur cette belle histoire qu'on vit dans le reste du pays...

DANS LE CALEPIN Jaroslav Halak a été choisi parmi les trois étoiles de la Ligue nationale pour une deuxième semaine consécutive. Il est présentement le meilleur gardien de la Ligue. Mais ça, on le savait depuis au moins une saison. Par ailleurs, Carey Price répond fort bien au défi que Pierre Gauthier lui a lancé en expédiant Halak à St. Louis... Le Québec compte un autre champion du monde dans un sport pas tout à fait olympique. Bravo à Jonathan Duhamel. Si le fisc lui arrache la moitié de ses 9 millions, ça veut donc dire que sa profession est très honorable. Autrement dit, dans le gambling, quand tu gagnes, c'est une profession. Et quand tu perds, c'est une maladie. Le gars se fait toujours emmancher. Parlez-en à Lola, vous allez tout comprendre.