On dit du Sony Ericsson Open de Miami que c'est le cinquième Grand Chelem. Mettons que c'est exagéré. Surtout quand il tombe une pluie torrentielle pendant une grosse demi-heure et que l'humble chroniqueur est réfugié sous un palmier sur le terre-plein de la route. On devrait recouvrir les autoroutes avec un toit bleu ciel, c'est tellement évident.

Si Key Biscayne est le cinquième Grand Chelem, alors Montréal est le quatrième et demi. Il n'y avait que 4000 personnes dans le grand stade lors de la reprise des activités vers 15h. Des orages à Montréal n'ont jamais empêché les fervents du tennis de remplir le stade Uniprix du jour un jusqu'à la finale. En fait, il y a plus de spectateurs pour les matchs de qualifications à Montréal qu'il y en avait hier pour Novak Djokovic, le deuxième favori du tournoi.

 

C'est quand même inquiétant pour le tennis international. En fait, même si la crise financière qui a balayé la planète a fait perdre beaucoup de lustre aux États-Unis sur la scène mondiale, c'est quand même là qu'on retrouve le centre des médias. Or, Andy Roddick est le seul Américain qui puisse tenir le fort contre les meilleurs Européens. On joue à Key Biscayne et les favoris sont des Français comme Simon et Tsonga ou des Croates et des Espagnols comme Nadal. Sans oublier le Suisse suprême qu'est Roger Federer. C'est pas bon pour la télé. Et quand ce n'est pas bon pour la télé, ce n'est pas bon pour l'entreprise du sport.

Il se joue du bon tennis à Key Biscayne. Comme pour Wimbledon ou le US Open, gars et filles se partagent les courts. Quelqu'un qui aime un tennis plus classique où les points se construisent plus en patience et en stratégie qu'en puissance peut toujours s'installer et suivre un match de filles. Et si on aime un «serve and volley», alors il y a toujours un gros bras quelque part pour servir des boulets.

 

Montréal n'est plus sur la carte

Je me suis permis une plongée fascinante dans un Zagat édition spéciale publiée par le WTA Tour 2010. Zagat est un guide de restaurants et d'endroits sélects couvrant de nombreux pays.

On y offre les meilleurs choix dans plusieurs grandes villes où on présente des tournois de la WTA. Montréal vient d'y faire son entrée. Toronto est encore absente. À cause de la F1 et de la couverture des tournois du Grand Chelem, j'ai reconnu de nombreux restaurants répertoriés par le Zagat.

À Montréal, Toqué et Ferreira se partagent les plus gros pointages. La Chronique, dans le Mile End, récolte également un 28.

Mais là où je m'inquiète, c'est dans les choix des joueuses. La seule joueuse à avoir choisi un restaurant de Montréal est Tamarine Tanasugarn, qui a opté pour Chinatown dans le Quartier chinois. Sinon, Montréal fait chou blanc et Melbourne semble devancer Paris dans l'estomac des joueuses. Ainsi, Serena Williams donne Alfredo à Rome et Bella Vita à New York. Y se passe quoi avec la Cantina?

Faut dire que certaines joueuses ne font pas preuve de grande imagination. Vania King cite Cheesecake Factory de Miami. D'autres, surtout les Russes, savent reconnaître les meilleures tables de Paris et de Melbourne.

Pour le magasinage, Camille Pin est la seule à citer un endroit de Montréal. C'est le Plateau. Encore là, on se tourne vers Paris et Melbourne. Coudon, qu'a donc compris Melbourne qu'on ignore à Montréal?

Va falloir que Gérald Tremblay s'en mêle. Il doit y avoir moyen de sortir un peu les filles. Si ça force trop, qu'il confie le mandat à Patrick Huard.

 

Le robot journaliste...

Marc Lajoie, un ami et surtout un informaticien de classe, m'a fait parvenir des informations sur Stats Monkey. C'est un programme informatique bourré de statistiques qui est capable de pondre un texte «intelligent» à partir des statistiques d'un match.

Par exemple: «Les efforts acharnés des Sabres de Buffalo dans les dernières minutes de jeu ont permis à l'équipe de vaincre le Canadien. Avec deux minutes, l'entraîneur Lindy Ruff a enlevé son gardien Miller et la tactique a permis de venir à bout de Carey Price qui avait été brillant jusque-là. Les Sabres ont été plus combatifs comme l'indique le chiffre des mises en échec et ont dominé le jeu puisqu'ils ont tiré 42 fois vers le but de Price.»

Ce texte bourré de clichés ressemble mot pour mot à certains rapports de matchs fournis par des agences. Un humain déclenche Stats Monkey et à partir de toutes les statistiques d'un match, le programme peut en tirer les grandes lignes et aligner des phrases toutes prêtes qu'on a intégrées à son système.

Stats Monkey n'est pas encore à point pour le hockey mais il peut couvrir tous les matchs de baseball d'une saison pour toutes les équipes. Une fois lancé, il travaille automatiquement en téléchargeant toutes les statistiques fournies par les ligues majeures de baseball et collecte les données brutes, explique un article du Monde.

Ensuite, il va puiser des phrases déjà préparées qu'on retrouve abondamment dans le journalisme sportif et écrit un texte sans faute d'orthographe ou de syntaxe, poursuit l'article du Monde.

On peut même lui demander un texte plus posé ou plus coloré, enflammé ou factuel. Juste à demander.

Quand Stats Monkey va être prêt pour le hockey, les patrons vont enfin pouvoir réaliser leur rêve. Peser sur un piton et voir des robots sortir des textes sans poser de questions. Et sans réclamer de temps supplémentaire.

Heureusement, Stats Monkey ne peut écrire de chroniques. Le programme est infaillible, lui.