Jean Pascal avait la voix fatiguée quand on a discuté un brin hier. Le champion du monde et des coeurs terminait une tournée médiatique qui avait taxé son arme de destruction massive. «Parler avant un combat sert à faire gagner la guerre psychologique. Ça sert à déstabiliser l'adversaire mais tous savent à quel point je respecte Adrian Diaconu et que je reconnais qu'il a livré un bon combat», avait déjà précisé Pascal lors d'un entretien à CKAC.

Mais notre conversation était presque personnelle. Je voulais m'assurer, même si ce n'est pas de mes affaires, que Jean Pascal prendrait le temps d'aller consulter des spécialistes pour traiter son épaule droite.

Trois luxations dans une soirée, c'est déjà l'enfer tellement la douleur est atroce quand l'os du bras sort de la capsule de l'épaule. Mais en plus, les tests d'imagerie et les radiographies ont montré qu'il avait subi une fracture de l'os de l'épaule pendant le combat. Une fracture de trois centimètres et, curieusement, Russ Anber a pu replacer l'os dans la capsule au 10e round.

«Oui, il y a deux visites prévues. Dont une au docteur Marc Beauchamp dont vous parliez dans votre chronique», a-t-il précisé.

Je sais depuis des années que Jean Pascal est une belle personne. Il sera policier s'il n'est pas trop riche à la fin de sa carrière et j'ai pu vérifier de visu à quel point il est respectueux envers ses confrères et les amateurs de boxe. L'incroyable démonstration qu'il a faite vendredi soir en battant Diaconu avec trois luxations et une fracture de l'épaule aura brisé les préjugés les plus tenaces contre lui. C'est un déluge de compliments et de marques d'affection qui lui est tombé dessus au cours des derniers jours.

Je l'appelais aussi pour vérifier certains points qui me chicotaient. J'ai confiance en InterBox et son homme fort, Jean Bédard. J'ai confiance dans le groupe GYM et Yvon Michel, mais je n'oublie pas que les boxeurs, que ce soit Lucian Bute avec InterBox et Jean Pascal avec GYM, dépendent des contrats qu'ils ont signés avec leur promoteur.

Et tout le monde aura compris qu'Yvon Michel, grand patron de GYM et promoteur de soirées de boxe, est en conflit d'intérêts quand vient le temps de négocier les contrats de Jean Pascal. «Il ne faut pas s'inquiéter. Jean Pascal négocie lui-même ses contrats. Il s'occupe très bien de ses affaires. D'ailleurs, il a un avocat pour le conseiller», a dit Michel.

«Jean Pascal est sous contrat avec GYM qui lui garantit un minimum de revenus annuels. Il n'y a pas une seule année de ce contrat où Jean n'a pas fait plus que le minimum garanti. Et depuis deux ans, on est passé à une autre dimension», a ajouté Michel.

Jean Pascal confirme les propos de son promoteur. «Je négocie moi-même mes affaires. Après, je les fais vérifier par mon avocat. Cependant, mon contrat avec GYM prend fin dans quelques mois et je suis conscient que je suis dans le siège du conducteur pour renégocier ce contrat. Je suis champion du monde et il est évident qu'on va parler de grosse argent», a-t-il expliqué.

Je couvre la boxe depuis près de 30 ans. J'ai vu Eddie Melo, Donato Paduano, Gaétan Hart contre Aaron Pryer, j'ai rencontré Muhammad Ali, chez lui à Deer Lake, j'ai couvert Leonard contre Duran, les frères Hilton, Stéphane Ouellet, Lucas et les autres. Vendredi soir, à partir de la fin du troisième round, j'ai rarement vu pareille démonstration de courage par un boxeur. Je ne dis pas que Bob Gainey disputant des parties de hockey après avoir eu les deux épaules luxées contre les Nordiques de Québec et les Islanders de New York n'avait pas un aussi grand mérite, je dis que la démonstration était moins évidente. Quand on a vu le bras de Pascal littéralement détaché de l'épaule en retournant dans son coin au 10e round, on a eu la gorge serrée. C'était irréel.

Jean Pascal a gagné plus qu'un combat, vendredi soir au Centre Bell. Il a gagné le respect et l'amour des Québécois. Qu'ils aiment la boxe ou non.

Et pour Yvon Michel, il a sauvé la place du groupe GYM dans le marché de la boxe au Québec.

Mais ça va coûter cher pour consolider cet acquis. C'est Jean Pascal qui le laisse entendre sans insister...

Rumeurs et primeurs

Avec l'internet et les médias à information continue, les rumeurs deviennent inévitables. Il y en a toujours eu dans le merveilleux monde du sport, mais depuis cinq ou six ans, la rumeur est devenue une industrie. Un commerce.

La seule chose à faire quand on prend connaissance de la 11e rumeur de la journée, c'est de prendre le téléphone et de vérifier auprès de ses sources ou de la personne concernée si la rumeur est fondée.

Neuf fois sur 10, peut-être 99 fois sur 100, la rumeur est sans fondement. La question que les journalistes professionnels se posent est quand même cruciale: peut-on se permettre de manquer le 1% qui est un scoop en refusant systématiquement de propager ces rumeurs parfois fofolles?

Ça dépend du média. Plus il est sérieux et plus on va vérifier et faire preuve de retenue. Et le corollaire, bien, vous le lisez et l'entendez tous les jours.

Justement, avez-vous entendu la dernière rumeur concernant Jaroslav Halak? Paraît qu'il serait échangé contre Vincent Lecavalier, Martin St-Louis et trois douzaines de hockey. Mais les trois douzaines ne sont pas confirmées...

DANS LE CALEPIN Certains lecteurs m'ont écrit pour me dire que Tony Marinaro travaillait à Team 990. Je le sais. Ça ne l'empêche pas d'avoir des idées brillantes quand même. Et d'avoir du fiel dans la bouche quand il parle des francophones. J'ai justement une belle et riche collection de perles...