Heureusement, Guy Lafleur a été épargné au Bye Bye. Peut-être que les scripteurs l'ont oublié au passage. Ou encore ont-ils fait preuve de jugement. Comment se moquer d'un père et d'une mère qui souffrent un véritable martyre à cause d'un fils à la fois malade et criminel ? Sans qu'on puisse déterminer avec certitude si le crime dépend de la maladie mentale ?

Mais Louis Morissette et Véronique Cloutier ont été très durs et très méchants envers Patrick Roy, Michelle Piuze et leurs enfants, Jonathan et Frédérick. Sans doute ont-ils jugé que les parents Roy méritaient qu'on se moque cruellement d'eux. C'est l'humour, paraît-il.

 

Mais cette semaine, dans la vraie vie, personne ne riait devant le juge. Mark Lafleur a été condamné à 15 mois de prison avec sursis. Ça veut dire qu'il a une chance d'éviter la cellule s'il est capable d'avoir cinq cennes de jugeotte. Et la même journée, les avocats de Jonathan Roy enregistraient un plaidoyer de non-culpabilité. Le procès aura lieu les 13 et 14 juillet à Chicoutimi. Pendant que tout est tranquille dans les médias.

Dans les deux cas, ce sont les pères qui ont fait face à la curiosité populaire. Ce fut encore plus tragique pour Guy Lafleur puisqu'il est lui-même accusé d'avoir fourni des versions contradictoires devant la justice. On parle de deux légendes. On parle de deux hommes qui ont été jugés par les badauds. Qu'on ne se fasse pas d'illusion, 100, 1000, 100 000 fois, quelqu'un au Québec a dit qu'il n'était pas surpris, que Jonathan retenait de son père et que Guy Lafleur n'avait pas eu le temps de s'occuper de son gars. Des jugements gras, des jugements de bornés.

Heureusement, ces âmes grossières n'ont pas d'influence sur les gens. Tant Guy Lafleur que Patrick Roy se sont tenus debout près de leur enfant. (Je ne parle pas de Lise Barré et de Michelle Piuze parce que ce ne sont pas des personnalités aussi célèbres que les pères.) Guy Lafleur en particulier, a fait preuve d'un courage et d'un stoïcisme qui provoquent l'admiration. On sentait la douleur sur son visage et en même temps, on sentait une détermination farouche. Jamais Lafleur n'a bronché. Mark était son fils et il allait le défendre contre n'importe qui dans n'importe quelle circonstance.

En ayant de la compassion pour la victime, j'en suis convaincu.

Le cas de Jonathan ouvre une autre porte. Le jour même où ses avocats enregistraient une plaidoyer de non-culpabilité, les réseaux de télé montraient en boucle son agression sauvage contre Bobby Nadeau. Les images de Nadeau, appuyé pacifiquement contre son but, son masque sur le visage, agressé par Jonathan Roy, démontrent d'une façon spectaculaire que tout plaidoyer de non-culpabilité est démenti par les faits. Il y a eu agression, aucun juge au monde ne peut aller contre ces images.

Mais sans doute qu'on va négocier la peine pour éviter un casier judiciaire. Style, aveu de culpabilité assorti d'une absolution conditionnelle. Et les conseillers de la famille Roy vont tout faire pour éviter un procès qui jetterait un éclairage trop cru sur la violence dans le hockey organisé.

Procès ou pas, j'ai personnellement vu comment Patrick Roy a défendu son fils dans la tourmente. Ce que les lecteurs devraient retenir, c'est que ces idoles sont des hommes, que ce sont des pères, qu'ils ont connu la gloire mais qu'ils connaissent aussi peine, désarroi et gêne. Et ce qui est vrai présentement vrai pour Lafleur et Roy pourrait être vrai un jour pour Kovalev, Koivu, Brisebois ou Latendresse. Ces idoles sont aussi des humains et personne ne peut prédire ce qui va leur tomber sur la tête. En espérant que ce soit des roses sans épines.

Komisarek... un premier pas

Mike Komisarek est le nouvel adjoint du capitaine Saku Koivu. C'est un geste qui en dit beaucoup sur le respect que vouent Guy Carbonneau et Bob Gainey au jeune Komisarek. Le défenseur du Canadien sera joueur autonome à la fin de la saison. En le nommant adjoint, on lui envoie le message qu'on tient à lui. Ce n'est pas une ouverture des négociations mais c'est quand même un premier pas.

Ce ne sera pas simple d'arriver à une entente avec Komisarek. Les défenseurs comme lui n'ont pas des statistiques brillantes et spectaculaires à offrir. Il se contente de jouer à sa position, de donner des mises en échec solides et de bloquer des tirs. C'est efficace, mais ce n'est pas un comparable qui permet de décrocher un contrat de 6 millions par année.

Si Bob Gainey a une trentaine de millions à dépenser pour un défenseur, c'est vers Jay Bouwmeester, des Panthers de la Floride, qu'il doit se tourner. Je l'ai vu cette semaine contrôler un match comme on le faisait dans le temps du Big Three. Komisarek est un solide joueur mais Bouwmeester, c'est une autre affaire.

De toute façon, il y a tellement de pièces à placer dans le casse-tête du Canadien que personne ne peut prédire comment Bob Gainey va s'y prendre. Plus d'une dizaine de joueurs seront sans contrat le 1er juillet. Dont Saku Koivu et Alex Kovalev. Si le Canadien ne gagne pas la Coupe Stanley, il ne faudrait pas être surpris de se retrouver avec une équipe fort différente en septembre. J'espère que Komisarek en sera.

Mais quand on a un monopole, on se sacre du monde...