D'abord, la bonne nouvelle. Le Canadien a eu l'audace de sélectionner Jesperi Kotkaniemi au troisième rang du repêchage.

Puisque son équipe a besoin de renfort immédiat et que son propre avenir est sur la sellette, Marc Bergevin aurait pu opter pour un choix à première vue moins risqué, ou même échanger cette sélection. Il a résisté à cette tentation, une excellente initiative.

On connaît tous les besoins du Canadien au centre. Il fallait donc saisir cette occasion d'obtenir un espoir prometteur à cette position. L'arrivée du jeune Finlandais dans la LNH n'est pas pour demain. Mais s'il devient un jour une vedette du circuit, alors la dernière saison de misère vécue par le Canadien aura eu une retombée positive.

Ce n'est pas tout : si Ryan Poehling, premier choix du Canadien l'an dernier, continue sa progression dans les rangs universitaires américains, l'organisation aura enfin du talent et de la profondeur au centre. Avouons-le, ça commence presque à ressembler à un plan. Pour l'instant, rien n'indique que l'équipe sera meilleure la saison prochaine. Mais dans un horizon plus lointain, on aperçoit enfin des signes positifs.

Un autre facteur est réjouissant : le CH a ajouté 11 espoirs à sa liste lors du week-end. Rappelez-vous : en 2016, Bergevin a cédé deux sélections de deuxième tour aux Blackhawks de Chicago en retour d'Andrew Shaw, une erreur manifeste. Il était important de ne pas la répéter.

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La mauvaise nouvelle, maintenant. Malgré ses nombreux choix, le CH n'a sélectionné qu'un seul Québécois, Samuel Houde, un centre des Saguenéens de Chicoutimi, au cinquième tour.

Le repêchage, répète avec raison Marc Bergevin, est une science inexacte. Il est vrai que projeter avec assurance comment un joueur de 17 ou 18 ans se développera est difficile. Et une fois les 10 meilleurs espoirs choisis, l'exercice se complique encore, et les risques d'erreurs sont élevés.

Ajoutons un autre élément à l'équation : officiellement, la politique du Canadien au repêchage demeure, « à talent égal », de privilégier les joueurs du Québec.

Alors comment conjuguer ces deux notions avec ce qui s'est produit au deuxième tour samedi ? Le Canadien a choisi Alexander Romanov au 38e rang - une grande surprise - alors que Benoît-Olivier Groulx a été sélectionné 54e par les Ducks d'Anaheim plus tard dans le même tour.

OK, admettons que Romanov est un défenseur au talent remarquable et que le CH a réussi un tour de magie en le repêchant, comme Trevor Timmins l'a laissé entendre. Mais toujours au deuxième tour, le CH a choisi Jacob Olofsson au 56e rang et le Lightning de Tampa Bay, Gabriel Fortier au 59e.

Pour une organisation qui répète combien il est difficile d'évaluer ces jeunes joueurs, avouons que le CH ne manque pas de confiance en soi !

Il écarte sans problème des joueurs québécois comme Fortier qui, selon d'autres équipes, sont sensiblement du même niveau. On a vu le même phénomène au repêchage de l'an dernier. Ce sont des décisions comme celles-là, incarnées par ce refus de tenter sa chance avec un joueur du Québec, qui sont choquantes et qui éloignent toujours un peu plus le CH de ses racines.

Ah, bien sûr, le CH aurait adoré choisir plus de joueurs québécois ! Mais que voulez-vous, ça n'a pas fonctionné. Après tout, les choses ne se déroulent pas toujours comme on veut dans la vie.

Voici d'ailleurs ce qu'a dit Timmins à ce propos : « Marc a vraiment essayé et il doit avoir contacté six ou sept équipes, mais personne ne voulait bouger. »

Oups, désolé, je dois me corriger. Timmins n'a pas dit ça lors du week-end, mais plutôt après le repêchage de 2017, le deuxième de suite au cours duquel le CH n'a choisi aucun joueur de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

Pardonnez-moi la confusion, c'est juste que les justifications de Timmins se ressemblent tellement d'une année à l'autre, tout cela sous l'oeil bienveillant de son patron.

Bon, voici ce que Timmins a vraiment dit samedi à propos de ce repêchage : « On a essayé d'améliorer notre rang [vendredi] pour repêcher des joueurs que nous avions ciblés. La même chose s'est produite [samedi]. On a essayé. Parfois ça fonctionne, parfois non. »

Ça a tout l'air que ça ne fonctionne pas souvent ! Bien sûr, il y a parfois des circonstances atténuantes, comme l'échange d'Andrew Shaw en 2016, qui a diminué le nombre de choix du Canadien. Mais soyons réalistes : une tendance lourde se dessine depuis plusieurs années. Je l'ai écrit l'an dernier à la même époque et je le répète aujourd'hui : essayer ne suffit pas.

En analyse finale, une chose est malheureusement claire : pour les dirigeants actuels, le principe qui a longtemps guidé l'organisation au repêchage, établi sur la notion « à talent égal », est devenu un slogan de relations publiques.

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Impossible de minimiser l'importance des prochains jours pour le Canadien. Mais il ne faut sans doute pas s'attendre à des miracles. John Tavares semble bien loin de Montréal, et échanger Max Pacioretty s'avère difficile. Le capitaine, qui vient d'embaucher un nouvel agent, a clairement besoin d'un nouveau départ avec une autre équipe. Et le CH a encore besoin de changement. La transaction Galchenyuk-Domi n'est pas suffisante.

Les sept prochains jours s'annoncent absolument passionnants. Le 1er juillet, on aura une excellente idée du visage du CH la saison prochaine. Et on saura si la promesse de Geoff Molson (« Le statu quo n'est pas une option ») se concrétisera.

Photo Jerome Miron, USA TODAY Sports

Jesperi Kotkaniemi a été sélectionné par le Canadien au troisième rang du repêchage de la LNH.