Dès son enfance, Wayne Gretzky aimait visiter le Temple de la renommée du hockey. Les photos des joueurs légendaires, les anciens uniformes et les trophées, tout cela l'inspirait. Ce goût pour l'histoire de son sport ne l'a jamais quitté. Sa carrière terminée, portant chapeau et lunettes pour passer incognito, il est souvent retourné dans cet endroit magique.

Il y a quelques années, accompagné de son fils, Gretzky est arrivé à la partie interactive de l'exposition, où on peut vérifier la précision de ses tirs. Son garçon a atteint quatre cibles sur cinq et a demandé à son père d'essayer à son tour. Gretzky s'est emparé d'un bâton, mais a raté ses trois premiers tirs. Le jeune préposé supervisant le jeu s'est alors approché de lui: «Monsieur, vous devriez baisser votre main sur le bâton...»

En racontant l'histoire, hier, le meilleur marqueur de l'histoire de la LNH a provoqué un fou rire général. Grand sourire au visage, le numéro 99 était heureux d'être officiellement de retour dans la grande famille de la LNH. Le commissaire Gary Bettman l'a nommé ambassadeur des célébrations du 100e anniversaire du circuit, qui seront tenues en 2017.

La relation entre Gretzky et la LNH s'est refroidie après la faillite des Coyotes de Phoenix, en 2009. L'organisation lui devait plusieurs millions - il a été l'entraîneur-chef de l'équipe durant quatre ans - et la LNH, qui avait pris possession de l'équipe, a tardé à l'indemniser.

Aujourd'hui, tout cela est de l'histoire ancienne. Et Gretzky se glisse dans les pas de Jean Béliveau et de Gordie Howe qui, pendant des années, ont incarné publiquement ce lien entre la LNH et sa riche histoire.

Bettman l'a noté durant son allocution d'ouverture: Gretzky n'a pas seulement changé le hockey sur le plan sportif. En 1988, son transfert aux Kings de Los Angeles a ouvert la porte du sud des États-Unis à la LNH. Et lorsqu'il est devenu commissaire, cinq ans plus tard, Bettman s'est assuré qu'elle demeurerait ouverte. 

«L'arrivée de Wayne Gretzky en Californie a changé notre ligue. Il a fait en sorte que ce soit cool de jouer au hockey dans des climats plus chauds.»

Pour comprendre l'importance du dossier aux yeux de Bettman, il suffit de l'entendre évoquer la modernisation de la LNH sous son mandat. En plus des matchs en plein air, du site web en huit langues et de l'utilisation massive des technologies de pointe, il évoque le repêchage de juin dernier. Les premier et seizième choix, Auston Matthews et Jakob Chycrun, sont originaires de Scottsdale, en Arizona, et de Boca Raton, en Floride, un processus qu'il qualifie d' «évolutif».

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Un jour, peut-être, Matthews et Chycrun, avec l'appui des autres excellents joueurs américains, conduiront les États-Unis à la conquête d'une Coupe du monde, une initiative que la LNH entend poursuivre. Mais si l'on se fie à Gretzky, le Canada demeurera en position de tête.

«Dans ce tournoi, le Canada est le Canada, lance-t-il. Nous sommes meileurs que jamais. Nous vendons notre sport partout dans le monde, le hockey devient de plus en plus important, mais nous semblons en même temps devenir nous-mêmes meilleurs et plus forts, ce qui est assez renversant. Les gens sont parfois nerveux, ils se demandent si nous sommes en train de perdre notre sport. Ça n'arrivera pas. Le hockey reste le sport du Canada. Je suis impressionné par notre profondeur et le nombre d'excellents joueurs que nous avons.»

La puissance canadienne fait en effet l'unanimité dans le monde. Plus tôt cette semaine, analysant les chances d'Équipe Europe en finale, l'entraîneur Ralph Krueger a eu cette phrase révélatrice à propos de ses rivaux canadiens: « Ils alignent quatre premiers trios.»

Qui oserait le contredire?

Voilà pourquoi certains rêvent d'un nouveau type de confrontation internationale: le Canada contre les meilleurs joueurs du reste du monde, dans une série quatre de sept. Ce serait en effet formidable. Mais au moment où la LNH appuie le développement international du hockey, ce concept ne servirait pas ses intérêts. L'objectif du circuit demeurera de mettre en vitrine un maximum de ses joueurs.

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L'autodérision et le refus de se mettre à l'avant-plan malgré ses incomparables succès définissent Gretzky. Voyez comment il raconte son premier match dans la LNH, en octobre 1979, au vieux Stadium de Chicago. «La mise en jeu m'a opposé à Stan Mikita, un des joueurs préférés de mon père. J'étais tellement nerveux que je ne l'ai même pas réalisé quand la rondelle est tombée sur la glace...»

Puis, lorsque mon collègue Marc de Foy lui demande de dresser son équipe d'étoiles de tous les temps, précisant qu'il ne doit pas faire le modeste et qu'il peut se choisir comme joueur de centre au besoin, Gretzky ignore le conseil. Jean Béliveau, Mark Messier, Gordie Howe, Bobby Orr, Paul Coffey et Grant Fuhr sont ses choix.

Grant Fuhr devant le filet, vraiment? «Il n'avait pas beaucoup d'aide en défense, on était surtout une équipe offensive! Il y avait beaucoup de matchs de 6-5 à Edmonton!»

En effet! Et c'était un côté agréable du hockey. Les gardiens étaient moins massifs, les systèmes de jeu se ressemblaient moins d'une équipe à l'autre, les festivals offensifs se succédaient. On parlait plus de créativité que de structure. Être bon sans la rondelle n'était pas un thème récurrent dans la bouche des entraîneurs.

Le sport, comme tout le reste, évolue. Et l'intensité du hockey d'aujourd'hui est relevée comme jamais. Mais l'époque de Gretzky, les nombreuses bagarres en moins, a fourni des moments exceptionnels.



La LNH s'éloigne des JO de 2018

La LNH accentue la pression sur le Comité international olympique (CIO) et la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG). Sans entente avant la fin de l'année, la présence des joueurs du circuit aux Jeux de Pyeongchang en 2018 deviendra presque impossible, affirme le commissaire adjoint Bill Daly.

«Il ne reste guère de temps, et il n'y a pas eu beaucoup de progrès dans les derniers mois, a-t-il expliqué, hier. Et je n'en entrevois pas beaucoup à l'avenir. Je suis moins optimiste qu'il y a deux semaines.»

Les joueurs de la LNH participent aux Jeux olympiques depuis 1998. Selon Daly, le CIO et la FIHG ont toujours dédommagé le circuit pour les coûts des assurances, du transport et de l'hébergement. Mais voilà qu'ils ont changé leur politique.

La LNH soutient que les JO n'augmentent pas réellement sa visibilité internationale. Et qu'un tournoi comme la Coupe du monde, où elle contrôle la machine à revenus, est nettement préférable sur le plan des affaires. En revanche, la LNH semble plus intéressée par les JO de Pékin, en 2022, compte tenu des promesses de cet immense marché. «C'est possible de ne pas aller aux Jeux une année et d'y aller une autre année», a ajouté Daly.

La LNH devra jouer ses cartes avec prudence dans cette affaire. Alexander Ovechkin a déjà dit qu'il représenterait la Russie aux Jeux de 2018, peu importe la décision de la LNH. Gary Bettman et Bill Daly n'ont pas voulu commenter à fond cette position, hier. Mais ils sont conscients que si Ovechkin va de l'avant et est imité par plusieurs joueurs russes, le circuit fera face à un réel problème.

Comme l'impression que la vraie négociation entre la LNH et les autorités olympiques peut maintenant commencer...

Photo Chris Young, La Presse Canadienne

Alexander Ovechkin entend représenter la Russie aux Jeux olympiques de 2018.