Sur le parcours olympique, hier, je n'ai pas croisé de caïman ou de capybara. Aucun moustique ne s'est approché de moi. Mais j'ai vu Brooke Henderson conclure sa ronde avec quatre oiselets consécutifs. Une performance époustouflante qui m'a fait comprendre pourquoi la Canadienne de 18 ans est déjà une superstar du golf.

Par où commencer le récit ? Je pourrais opter pour le 13e trou, où elle a placé un coup de fer 5 de 175 verges à un pied de la coupe. Ou le 15e, lorsque son spectaculaire coup de départ lui a permis de retrancher un autre coup à la normale. Mais j'opte plutôt pour le 16e, moment où elle a montré sa capacité à gérer efficacement une ronde de golf.

Drôle de trou, le 16e. Une courte normale 4 de 264 verges, dont la seule véritable menace est une profonde fosse de sable située à la droite du vert. Sur le tertre de départ, Brooke voulait évidemment atteindre la zone payante d'un seul élan. Mais son coup de bois 3 a légèrement manqué de précision. Et sa balle a terminé sa course dans cette fosse judicieusement placée.

Un rude défi s'est alors présenté à elle, puisque la bordure de la fosse est élevée. Et, de sa position, la pente du vert ne la favorisait pas. Tenterait-elle un coup à haut risque dans l'espoir de coller sa balle au trou ? Pas du tout ! Elle s'est plutôt contentée de bien l'expulser de la fosse. La balle est passée à côté du fanion et a déboulé 21 pieds plus loin. Elle a ensuite calé ce roulé avec aplomb, transformant ainsi un piège potentiel en birdie. Du travail vite fait, bien fait.

« Mon deuxième coup n'était pas facile. Alors j'ai choisi le jeu sûr. J'ai joué intelligemment et j'en suis très contente. J'ai ensuite exécuté mon roulé avec sérénité. Et cela a mis la table pour ceux des 17e et 18e trous. »

- Brooke Henderson

Avec une carte de 64, sept sous la normale, Brooke s'est hissée au troisième rang du classement, en compagnie de la Britannique Charley Hull, âgée de 20 ans. Elles accusent un retard de deux coups sur la Sud-Coréenne Inbee Park et d'un coup sur l'Américaine Stacey Lewis.

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La construction du terrain de golf olympique a suscité beaucoup d'opposition à Rio, notamment pour des raisons environnementales. Deux ans avant les Jeux, le projet accusait un tel retard qu'on se demandait même s'il serait prêt à temps.

Aujourd'hui, rien n'y paraît. Malgré sa jeunesse, le parcours est en excellent état. Il est situé dans un quartier où le développement immobilier est soutenu. De plusieurs trous, on aperçoit de hautes tours d'habitation, dont certaines sont toujours en construction.

Si le terrain est bien dessiné, l'absence de trou beaucoup plus difficile que les autres en fin de parcours est regrettable. Ce genre de test, qui est souvent décisif dans un tournoi, contribue pourtant à entretenir la légende des clubs les plus renommés dans le monde.

Après les Jeux, le parcours olympique deviendra le premier terrain de golf public du Brésil. Il servira aussi de centre d'entraînement et contribuera, selon les organisateurs des Jeux, à faire la promotion de ce sport en Amérique du Sud.

Hier, il n'y avait pas foule pour suivre les meilleures golfeuses du monde, qui, contrairement à leurs collègues masculins, ont presque toutes fait le déplacement à Rio. Et beaucoup de spectateurs étaient des visiteurs venus encourager une joueuse de leur pays.

Ainsi, Brooke Henderson était appuyée par quelques Canadiens. Ses partenaires de jeu, l'Américaine Lexi Thompson et la Norvégienne Suzann Pettersen, comptaient aussi sur la présence de compatriotes. On verra si les deux dernières rondes, aujourd'hui et demain, créeront ou non l'affluence.

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En prévision des Jeux de Rio, Brooke Henderson a étudié des vidéos du parcours. Et en compagnie de sa soeur et caddie Brittany, elle a établi sa stratégie en conséquence. Sur le terrain, on sent leur complicité. « On est mieux de ne pas se chicaner, car on est toujours ensemble ! », lance Brooke, en riant.

Avec son élan complet et puissant, Brooke frappe de retentissants coups de départ. Après deux rondes, sa moyenne de 266 verges lui confère d'ailleurs le cinquième rang à ce chapitre. Elle semble aussi imperturbable sur le terrain. Au 18e trou, par exemple, elle a expédié son coup de départ dans l'herbe longue du côté gauche. Comme elle l'avait fait au 16e, elle a géré la situation avec flegme. Ce qui lui a permis de réussir son dernier oiselet de la journée.

À mi-chemin du tournoi, Brooke compte clairement parmi les candidates à la médaille d'or. Mais elle n'est pas du type à s'emballer trop tôt. « Il reste encore beaucoup de golf à jouer », lance-t-elle avec justesse.

Le temps s'annonce chaud et ensoleillé à Rio au cours des deux prochains jours. Mais si le vent se lève, cela pourrait avoir un impact sur les performances.