Rêvons un peu. En fait, rêvons gros. Acceptons même de frôler le délire! Nous sommes en décembre prochain et l'Impact se prépare au match le plus important de son histoire.

Dans quelques minutes, sur la pelouse d'un stade japonais et devant des dizaines de milliers d'amateurs, les joueurs de Frank Klopas (oui, je présume qu'il sera toujours l'entraîneur) affronteront le FC Barcelone en demi-finale de la Coupe du monde des clubs de la FIFA.

D'un côté, Messi et Neymar; de l'autre, Piatti et Mapp. Interrogé sur les lignes de côté avant le coup d'envoi, Klopas déclare: «Nous devrons être alertes en défense...»

Aussi peu probable soit-il, ce scénario n'est pas impossible. Pour qu'il se concrétise, l'Impact devra franchir trois étapes, toujours plus difficiles.

La première: remporter la demi-finale de la Ligue des champions de la CONCACAF contre ses rivaux costaricains d'Alajuela. Le match aller est présenté ce soir au Stade olympique.

La deuxième, remporter le titre de la CONCACAF à la fin du mois d'avril contre le vainqueur de l'autre demi-finale, opposant des équipes mexicaine (America) et costaricaine (Herediano). (La CONCACAF, je le rappelle, regroupe les clubs d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes.)

Si l'Impact devient champion, un exploit jamais accompli par une équipe de la Ligue majeure de soccer (MLS), il participera à un immense rendez-vous: la phase finale de la Coupe du monde des clubs, présentée cette année au Japon.

Sept équipes sont conviées à ce grand rendez-vous: les champions des six conférences géographiques de la FIFA, dont la CONCACAF, et une autre du pays hôte.

Les vainqueurs des tournois européen (UEFA) et sud-américain (CONMEBOL) accèdent directement aux demi-finales. Les cinq autres clubs disputent des matchs préliminaires dans l'espoir d'obtenir un des deux autres laissez-passer. L'Impact devrait évidemment relever ce troisième défi avant d'affronter un prestigieux club européen ou sud-américain.

Pour vous donner une idée du calibre de jeu, le Real Madrid a coiffé le titre au Maroc en décembre dernier. Un club européen a d'ailleurs remporté sept des onze tournois et un club sud-américain, les quatre autres.

Bien sûr, les chances que l'Impact se rende en demi-finale de cette compétition sont minuscules. Mais cette possibilité presque farfelue permet de saisir ce qu'est la Ligue des champions de la CONCACAF. Et de mieux comprendre l'enjeu du match de ce soir.

Pour les quatre équipes de la CONCACAF toujours en lice, une victoire en avril vaudra une invitation au Japon en décembre prochain. Pour ces organisations, difficile d'imaginer un accomplissement plus prestigieux.

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Ancien grand patron des Internationaux de tennis du Canada et ex-ministre des Sports du Québec, Richard Legendre a connu bon nombre de situations difficiles durant sa carrière. Sa patience et son flegme sont légendaires.

Il n'empêche qu'à l'image de son patron Joey Saputo, Legendre a été secoué par l'année misérable de l'Impact en 2014. Et par l'apathie pourtant bien compréhensible du public avant le début de la saison actuelle.

Mais depuis quelques jours, le vice-président de l'Impact reprend des couleurs. Plus de 38 000 personnes ont assisté au spectaculaire match du 3 mars dernier au Stade olympique en quart de finale CONCACAF. Et plus de 30 000 billets sont déjà vendus en vue de celui de ce soir.

«Nous sommes partis de zéro il y a deux semaines puisqu'on ignorait si on se qualifierait pour la demi-finale, explique Legendre. Et cette rencontre n'était évidemment pas incluse dans le forfait de nos détenteurs de billets de saison. C'est sûr qu'on souhaite toujours accueillir plus de gens, mais les chiffres sont encourageants.»

Pas seulement les chiffres des assistances, mais aussi ceux des cotes d'écoute à la télé. Une moyenne de 130 000 personnes a regardé le match du 3 mars à TVA Sports, avec une pointe à 230 000 en fin de rencontre. Et sur le site de l'Impact «Marquons l'histoire», consacré au parcours du club en Ligue des champions, le beau but vainqueur de Cameron Porter a été visionné 220 000 fois.

«Nos partisans ont été engagés et passionnés, ajoute Legendre. Lorsque Porter a créé l'égalité, tout le monde ou presque a compris qu'en fait, nous venions de gagner, que ce match nul nous qualifiait pour la ronde suivante. Les gens étaient parfaitement au courant de l'enjeu.»

L'Impact devra néanmoins relever ses manches pour augmenter le profil public de ses porte-couleurs. Un exemple: le Belge Laurent Ciman, une vedette du club, a assisté au match du Canadien, jeudi dernier, au Centre Bell. Lorsque son visage et son nom ont été projetés à l'écran géant, le public n'a pas réagi.

«Il faut un certain temps pour que les gens découvrent nos joueurs, nuance Legendre. À son arrivée à Montréal en juin 2012, qui aurait reconnu Marco Di Vaio s'il s'était rendu au Centre Bell? Deux ans plus tard, il faisait partie du paysage sportif montréalais. On veut rendre nos gars très disponibles pour les médias. Et avec l'addition de Laurent Ciman et de Bakary Soumaré, plusieurs d'entre eux parlent français.»

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En raison de son parcours en CONCACAF, le calendrier de l'Impact est plus chargé que prévu. L'équipe ne devait disputer qu'un seul match au Stade olympique cette saison. Il y aura plutôt eu trois rencontres!

De plus, notre interminable hiver ne fait pas spontanément penser au soccer. Dans ce contexte, l'Impact connaît du succès aux guichets. Plus de 20 000 billets sont déjà vendus pour l'ouverture locale en MLS, le 28 mars, contre la nouvelle équipe d'Orlando et sa vedette brésilienne Kaka.

En avril, l'Impact reprendra possession du stade Saputo. Et si les choses tombent en place comme prévu, les spectateurs profiteront d'un deuxième écran géant, qui permettra de mieux voir les reprises. Il était temps!

L'Impact souhaite aussi attirer un autre attaquant, capable de marquer régulièrement des buts. Ce serait en effet utile si l'équipe, contre toute attente, prolonge sa saison au Japon, en décembre...