Avec un titre pareil, vous croyez sans doute que cette chronique traitera des Bruins, où le fils Jacobs, nouveau grand patron de l'organisation, a manifesté son insatisfaction par rapport au rendement de l'équipe. Ou des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, qui retrouveront les Colts d'Indianapolis sur leur chemin, dimanche, en demi-finale de la NFL.

Pas du tout! Je parlerai plutôt d'olympisme, de Marcel Aubut et de Jeux sur la plage.

***

La semaine dernière, Boston a été choisi pour représenter les États-Unis dans la course à l'obtention des Jeux d'été de 2024.

La décision a surpris pour deux raisons. D'abord, parce que Los Angeles était favorite. Ensuite, parce que des quatre villes intéressées (Washington et San Francisco étant les autres), c'est à Boston que l'opposition à la tenue des Jeux est la plus farouche.

Le comité «No Boston Olympics» est à l'oeuvre depuis plusieurs mois. Ses responsables soutiennent que le projet coûtera une fortune aux contribuables et n'entraînera pas les retombées économiques espérées.

En misant sur Boston, le Comité olympique américain (USOC) risque gros. Le potentiel de dérapage de cette candidature est réel. Ce choix étonne d'autant plus que les chances de nos voisins américains d'obtenir ces Jeux semblent excellentes.

Pourquoi? Simplement parce qu'un contentieux monétaire entre le Comité international olympique (CIO) et l'USOC s'est réglé en mai 2012. Les deux parties ne s'entendaient pas sur la quote-part de l'USOC dans les revenus de commandites et les droits payés par le réseau NBC pour diffuser les Jeux aux États-Unis.

Ce conflit explique pourquoi Chicago, malgré l'appui de Barack Obama, a misérablement échoué dans sa tentative d'obtenir les Jeux de 2016.

La paix revenue, le CIO envisage un retour aux États-Unis en 2024. Mais ce désir pourrait se buter aux gens de Boston, qui devront d'abord être convaincus du bien-fondé de l'idée. Si les sondages ne démontrent pas un grand enthousiasme de la population, les politiciens deviendront vite hésitants.

Le CIO espère défaire ce que j'appelle «l'effet Sotchi», qui a incité plusieurs villes d'Europe de l'Ouest à retirer leur candidature aux Jeux d'hiver de 2022, en raison des coûts démentiels et des impacts environnementaux. Le verdict des Bostoniens nous dira si le CIO remportera son pari.

***

Le mois dernier, j'ai discuté avec Marcel Aubut. Il s'apprêtait à s'envoler vers Monaco, où le CIO a adopté, quelques jours plus tard, 40 propositions pour moderniser le mouvement olympique, l'Agenda 2020.

À titre de membre du groupe de travail sur la durabilité et l'héritage, le président du Comité olympique canadien (COC) a participé à l'élaboration de recommandations importantes.

De manière plus prosaïque, la «durabilité et l'héritage» ramènent à une question fondamentale: quoi faire pour éviter que les installations bâties pour les Jeux deviennent des éléphants blancs?

Voilà pourquoi le CIO promet maintenant de privilégier les installations existantes ou temporaires. Et qu'il ouvre la porte à la présentation de certaines épreuves dans une autre ville ou un autre pays.

«Dans le passé, chacune des 40 propositions adoptées aurait nécessité plusieurs années de discussions, affirme Marcel Aubut. La réforme accomplie est très impressionnante.»

Thomas Bach, président du CIO, a en effet porté un grand coup pour secouer une institution dynamique sur les plans du sport et des affaires, mais très conservatrice en ce qui concerne la gouvernance.

Plusieurs membres du CIO doutaient de l'urgence d'une réforme, étant donné que ses revenus n'ont jamais été aussi élevés. En lançant les travaux de l'Agenda 2020, Bach a rappelé que si l'organisme tardait trop à se redéfinir, il se retrouverait sous pression. Et que cela pourrait l'obliger à des compromis non souhaités. En clair, Bach a saisi que le CIO devait gérer l'après-Sotchi.

Marcel Aubut est convaincu que les changements apportés redéfiniront l'olympisme. Et que les villes occidentales souhaiteront de nouveau présenter les Jeux. Son rêve est de voir Québec tenter l'aventure.

Le CIO, dans l'espoir d'améliorer sa communication, tiendra aussi deux comptabilités distinctes lorsqu'une ville organisera les Jeux: les dépenses encourues pour l'organisation des compétitions et celles consenties par les villes pour des infrastructures connexes.

Bonne idée, puisque malgré les promesses de retenue du CIO, Pékin, candidat aux Jeux d'hiver de 2022, envisage la construction d'un train à grande vitesse pour relier les pôles ville et montagne...

***

La participation de Marcel Aubut à l'Agenda 2020 illustre son impressionnante montée en grade dans le sport international.

Il est aussi membre d'une commission permanente du CIO, celle du marketing, à titre d'expert. René Fasel, président de la Fédération internationale de hockey sur glace, et l'avocat montréalais Richard Pound en font également partie. Ce siège lui permet de plonger dans le dossier des commandites d'entreprises, axe majeur du financement du CIO.

De plus, en novembre dernier, Aubut a été élu au conseil exécutif de l'ACNO, l'Association qui regroupe les 204 comités nationaux olympiques dans le monde. Il est un des trois représentants de l'Organisation sportive panaméricaine.

Le président de l'ACNO est le cheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah, du Koweït. Membre du CIO, il est sans doute la personne la plus influente au sein de l'organisme après Thomas Bach. Son appui a d'ailleurs été déterminant dans l'élection de l'Allemand à la présidence, en septembre 2013.

Sous le leadership du cheikh, l'ACNO prépare, en collaboration avec le groupe SportAccord, les Jeux internationaux de plage. La première édition sera présentée en 2017 et pourrait devenir un événement très populaire. On annonce même des compétitions d'athlétisme et de football à l'américaine. Tout cela, eh oui, sur le sable! «Le potentiel de l'ACNO est illimité», dit M. Aubut.

***

Du choix de la ville hôte des Jeux d'hiver de 2022 à l'affrontement qui s'engage à Boston, plusieurs développements seront à surveiller en 2015 dans la politique du sport olympique. Sans compter l'évolution de la carrière de Marcel Aubut qui, comme chacun sait, est tout sauf banale.