Bon, comme ça les Bruins ont trouvé la manière de déjouer Carey Price. Suffit de lancer haut et le gardien du Canadien est dans le pétrin, ont expliqué en substance Dougie Hamilton et Torey Krug, dimanche.

Vous savez quoi? Si j'étais Claude Julien, je raconterais une petite histoire à mes deux jeunes joueurs. Celle de Daniel Bouchard, entraîneur des gardiens des Nordiques, qui disait avoir trouvé une faille dans le style de Patrick Roy lors des éliminatoires de 1993.

Au lieu de garder le secret pour son camp, Bouchard s'en était ouvert aux médias. Roy, très orgueilleux, n'avait pas apprécié. Et les Nordiques, qui menaient la série deux matchs à zéro, n'ont plus remporté une seule victoire!

J'entends encore Roy commenter les propos de Bouchard après l'élimination des Nordiques: «Je lui ai montré c'était quoi, mes faiblesses...»

Jacques Demers, alors entraîneur-chef du Canadien, n'a rien oublié de cette histoire. «La déclaration de Daniel Bouchard fut la meilleure chose qui nous soit arrivée», m'a-t-il dit, hier.

On verra si Price réagira à la manière du célèbre numéro 33. Mais chose sûre, cette série, déjà passionnante sur la patinoire, s'anime aussi à l'extérieur de la glace. Compte tenu de l'intensité des deux premières rencontres, c'était inévitable.

Price, lui, ne semblait pas offusqué des propos de ses rivaux. «La plupart des buts se comptent ainsi à cette période de l'année...», a-t-il dit.

Sans doute. Mais les déclarations des Bruins font maintenant partie de la trame narrative de cette série. On peut donc croire que Price aura le goût de leur clouer le bec. Car comme le rappelle Demers, ce n'est jamais une bonne idée de piquer «des gars de caractère».

Et Price, aucun doute là-dessus, en est un.

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À première vue, le Canadien semble en bonne position en vue du match de ce soir. Il a arraché une victoire à Boston et obtenu l'avantage de la glace. Et il retrouvera ses partisans, aussi bruyants que ceux des Bruins.

Après la rencontre de samedi, Tuukka Rask reconnaissait d'ailleurs l'ampleur du défi attendant ses coéquipiers et lui. «Ce n'est jamais facile de jouer dans leur édifice...»

Michel Therrien compte sur l'appui de la foule. «Nos partisans peuvent devenir à l'occasion très intimidants pour l'adversaire et une source de motivation pour notre équipe», a-t-il dit.

Aucun doute là-dessus! Cependant, la façon dont les Bruins ont enclenché la vitesse supérieure dans les 10 dernières minutes du match de samedi est impressionnante. Comme si le Canadien avait été emporté par une vague d'une puissance inouïe.

Alors je pose la question: lorsqu'on dressera le bilan du printemps 2014 du CH, dirons-nous que ces 10 minutes ont été fatales? Pour tous les Québécois rêvant que ce beau party de hockey se poursuive encore longtemps, souhaitons que non.

Avouons néanmoins que si le Canadien avait préservé son avance de deux buts avec une demi-période à jouer samedi, les deux prochains matchs à Montréal se présenteraient sous un jour différent.

Les Bruins ont réussi un coup énorme en arrachant cette victoire.

Comment réagira le Canadien? Michel Therrien assure que ses joueurs et lui ont déjà mis cette défaite derrière eux. «C'est sûr que nous avons été déçus, a-t-il dit. Mais je n'ai pas senti le groupe affecté. Dans le grand ordre des choses, on a obtenu une victoire à Boston. C'est un bel accomplissement.»

Le calendrier des matchs sert aussi la cause du Canadien. Habituellement, les rencontres ont lieu tous les deux jours. Mais voilà que l'équipe a profité d'une journée additionnelle de repos en vue de l'affrontement d'aujourd'hui.

«Le congé de dimanche a permis à tout le monde, moi le premier, de décompresser, de revenir sur terre et de demeurer concentrés sur les bons éléments, a ajouté Therrien. Notre équipe est très excitée à l'idée de jouer le prochain match dans un amphithéâtre survolté.»

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Les deux prochains matchs seront déterminants pour le Canadien. L'équipe ne doit pas céder aux Bruins l'avantage de la glace. Car gagner à Boston est une tâche herculéenne. Les joueurs de Michel Therrien l'ont fait une fois. C'est assez pour remporter la série s'ils profitent de leurs chances à domicile.

Malgré le coup d'éclat des Bruins samedi, je crois toujours aux chances du Canadien. Non, les fameuses 10 minutes de samedi n'ont pas été fatales. L'entraîneur et les joueurs étaient étonnamment détendus hier.

La différence avec le printemps dernier est manifeste. Avant et durant la série contre les Sénateurs d'Ottawa, l'ambiance était lourde. On ne sentait pas ce niveau de confiance. Sur tous les plans, le Canadien de cette année est plus solide.

Pour l'emporter, les Bruins devront faire plus que lancer haut.

Message au CIO

Les pays d'Europe de l'Ouest envoient un message au Comité international olympique (CIO): réduisez les coûts astronomiques liés à la présentation des Jeux d'hiver, sinon ne comptez pas sur nous pour les organiser!

Après la Suisse, l'Allemagne et la Suède, voilà que la Norvège semble sur le point de dire non à une candidature en vue des Jeux d'hiver de 2022, même si elle est un des cinq pays en lice.

Dimanche, le Parti du progrès, membre de la coalition au pouvoir, a refusé son soutien au projet olympique, affirmant qu'il était absurde de penser que le budget prévu serait respecté. «C'est comme croire au père Noël», a dit un responsable.

Le Parti conservateur, meneur de la coalition, pourrait adopter la même position.

Les dirigeants d'Oslo 2022 estiment qu'une somme de 9,2 milliards CAN sera suffisante pour tenir les Jeux. Mais le cas de Sotchi, où plus de 50 milliards CAN ont été dépensés, mine leur crédibilité.

Le CIO a souvent répété que cette facture hallucinante n'avait rien à voir avec le véritable coût des Jeux. Et qu'il s'agissait surtout d'investissements du gouvernement russe afin de développer cette région du pays. Mais cet argument se bute à l'appétit du CIO pour des installations grandioses.

Le retrait éventuel de la candidature de la Norvège porterait un dur coup au CIO. D'autant plus que Cracovie, une autre ville sur les rangs, mesurera l'appui de ses citoyens par référendum à la fin du mois. Si le Non l'emporte, la Pologne abandonnera la course.

Pour l'instant, les autres villes candidates sont Lviv (Ukraine), Almaty (Kazakhstan) et Pékin (Chine).

En juillet prochain, le CIO sélectionnera les villes finalistes. Un an plus tard, les membres du CIO détermineront le lieu des Jeux de 2022.

De la manière dont les choses se dessinent, il n'est pas farfelu de penser que Pékin et Almaty seront les seules à se disputer la victoire. Le CIO n'avait pas envisagé ce scénario en lançant le processus l'an dernier.