L'Impact nous a fourni de beaux moments cette saison: les buts spectaculaires de Marco Di Vaio, le stade Saputo vibrant au rythme d'une foule animée, l'émergence de jeunes joueurs québécois, la conquête du championnat canadien...

Hélas, une autre image restera aussi en mémoire: celle de la fin du match éliminatoire de jeudi, à Houston, où l'Impact, dans une scène pathétique, a brisé les règles élémentaires de l'esprit sportif.

Après avoir projeté au sol Kofi Sarkodie du Dynamo, le milieu de terrain de l'Impact, Andres Romero, lui a assené un violent coup de pied au derrière. La présence du ballon entre les jambes de Sarkodie ne diminue en rien la faute. Cette charge vicieuse et gratuite, après l'arrêt de jeu sifflé par l'officiel, a été doublée du comportement regrettable de Marco Di Vaio, qui a porté la main au visage d'un adversaire.

Après la rencontre, Romero a expédié un message de contrition sur Twitter. «Désolé de ma réaction. Je sentais beaucoup d'impuissance et je n'ai pas pu me contrôler. Excusez-moi!»

J'ignore si ces quelques mots ont apaisé les 1382 abonnés de Romero. Mais son message n'a sûrement pas eu le même retentissement que celui de Grant Wahl à ses 333 036 abonnés à travers le monde! Le spécialiste en soccer de Sports Illustrated a écrit: «C'est une chose pour Montréal de perdre ce soir. C'en est une autre d'être un embarras complet pour eux-mêmes.»

Un constat dur, mais en plein dans le mille.

Le geste absurde de Romero symbolise la dégringolade de l'équipe au cours des deux derniers mois: deux victoires, sept revers et un match nul. Mais au-delà de cette fiche désastreuse, le plus troublant est le jeu inepte qui a caractérisé l'équipe.

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En août dernier, j'ai écrit que l'Impact devrait renouveler le contrat de l'entraîneur Marco Schällibaum. J'ai toujours pensé qu'un minimum de stabilité à ce poste serait bienvenu. Surtout après la rapide mise à l'écart de Jesse Marsch, pourtant auteur d'un excellent boulot durant la saison initiale de l'équipe en Major League Soccer.

Aujourd'hui, je doute que Schällibaum soit la solution en vue du prochain calendrier. Et j'ai hâte de voir s'il recevra un vote de confiance de Joey Saputo et Nick De Santis. Les trois hommes s'entretiendront en privé lundi, la veille du bilan public de la saison.

Les fréquentes sautes d'humeur du «Volcan suisse», un surnom approprié, lui ont valu cinq rencontres de suspension cette saison. Imaginez: cinq matchs sur 34! C'est énorme.

Si Schällibaum ne sait pas maîtriser ses émotions, quel message envoie-t-il à un Andres Romero, par exemple? Son manque de contrôle a même valu à Joey Saputo un appel du commissaire Don Garber plus tôt cette saison!

Sur le terrain, l'Impact était mal préparé lors des ultimes rencontres du calendrier, cruciales pour son classement.

Sa performance à Toronto samedi dernier, contre une des pires équipes du circuit, a été déroutante. Comment une équipe peut-elle amorcer si platement un match clé? La préparation psychologique des joueurs, c'est aussi la responsabilité de l'entraîneur. Mais pour cela, il doit avoir le pouls de son vestiaire, seule manière de déceler que l'attitude n'est pas optimale et d'agir en conséquence.

À ce chapitre, Schällibaum ne m'a guère impressionné. On n'a pas senti chez lui les ressources d'un leader, capable de battre le rappel au moment opportun.

En annonçant l'embauche de Schällibaum l'hiver dernier, l'Impact a expliqué que son contrat comportait une clause de renouvellement automatique si l'équipe se qualifiait pour les séries éliminatoires.

Cela lui donne un argument de taille s'il souhaite demeurer en poste. En revanche, il éprouvera plus de difficulté à justifier à ses patrons l'écroulement de l'équipe dans la dernière ligne droite. Et à les convaincre qu'il détient les solutions pour 2014.

Le duo Joey Saputo-Nick De Santis devra aussi analyser sa responsabilité dans cette triste fin de saison. La ligne d'autorité sur le plan sportif manque de clarté.

Le partage des responsabilités entre le propriétaire, le directeur général, l'entraîneur et ses adjoints gagnerait à être mieux défini. Et les champs de compétence de chacun devraient être mieux respectés.

Mais l'Impact étant l'Impact, avec un propriétaire passionné de soccer et engagé à fond dans les aventures du club, cela ne risque pas d'arriver.

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En participant aux séries éliminatoires dès sa deuxième saison en MLS, l'Impact a réussi un bel exploit. La ligue est concurrentielle et il n'est pas facile de s'y distinguer. Parlez-en à nos amis de Toronto qui, malgré de solides budgets, pataugent dans la médiocrité.

Mais l'Impact peut et doit faire mieux. Il faudra notamment du renfort à l'attaque afin d'alléger la pression sur Di Vaio. Et dans une ligue où le style de jeu est physique, l'organisation devra recruter quelques gros joueurs.

Mais avant tout, il faut décider de l'avenir du «Volcan suisse». La réponse en début de semaine.

De bonnes ententes

Marc Bergevin ne s'est pas trompé en accordant 16,4 millions en quatre ans à Alexei Emelin. Un défenseur robuste, qui se débrouille bien avec la rondelle, vaut son pesant d'or. Surtout lorsqu'il est sur le point de profiter d'une autonomie complète, ce qui aurait été son cas l'été prochain.

Les Canucks de Vancouver ont aussi fait une bonne affaire en limitant à quatre saisons les nouvelles ententes des frères Sedin. Pour une organisation, le piège est souvent la durée excessive des contrats plutôt que le montant versé sur une base annuelle.