En 2010, lorsque les Raptors de Toronto et les Knicks de New York ont disputé un match préparatoire au Centre Bell, les promoteurs du projet ignoraient si le succès serait au rendez-vous.

«On ne savait pas comment le marché réagirait, explique Jacques Aubé, vice-président d'evenko. On a été agréablement surpris.»

Cette rencontre a été présentée à guichets fermés, tout comme celle de l'automne dernier mettant aux prises les deux mêmes équipes. Ce soir-là, l'ambiance était telle que Dwane Casey, l'entraîneur des Raptors, a déclaré: «On se serait cru dans une ville de la NBA. Les fans ont été extraordinaires. Peut-être qu'on pourrait embouteiller cette énergie et la transporter à Toronto.»

L'histoire ne dit pas si les patrons de Casey ont apprécié cette remarque. Mais la NBA a été suffisamment impressionnée pour se déplacer de nouveau à Montréal. Dimanche soir, les Celtics de Boston et les Timberwolves du Minnesota s'affronteront sur le plancher du Centre Bell.

Une foule d'environ 17 500 personnes est attendue, un succès, étant donné que les Celtics sont en reconstruction et que les Timberwolves ne sont guère connus.

Le montant que les amateurs acceptent de verser pour assister au match est impressionnant. Une poignée de billets, collés sur la surface de jeu, sont vendus 500 $ chacun! Et si des places sont disponibles à prix abordables au balcon, un bon siège dans les rouges vaut 135 $. Bref, les pleins tarifs NBA sont en vigueur.

«On sent un engouement pour le basketball, ajoute Jacques Aubé. Et comme le spectacle a été bon les deux premières fois, les gens reviennent.»

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Au moment où Québec construit un amphithéâtre dans l'espoir de revoir ses Nordiques et où Montréal analyse la plausibilité du retour des Expos, les amateurs de basketball rêvent peut-être d'une équipe de la NBA.

Cela n'arrivera pas. Le succès d'un événement ponctuel, à l'image du match de dimanche, ne signifie pas qu'une concession serait viable à Montréal. La passion pour la NBA demeure largement une affaire de mordus. Le basketball a néanmoins le vent dans les voiles au Canada. On peut presque parler d'une révolution. À tel point que soudain, la perspective que l'équipe nationale masculine se qualifie pour les Jeux olympiques de 2016 à Rio, et monte sur le podium à Tokyo en 2020 n'est pas frivole.

Imaginez: au repêchage de la NBA, en juin dernier, les Cavaliers de Cleveland ont choisi au premier rang Anthony Bennett, un gars de Brampton, en Ontario. Jamais un Canadien n'avait reçu cet honneur.

Ce n'est pas tout! À moins d'une contre-performance cet hiver à l'Université du Kansas, le Torontois Andrew Wiggins devrait être le premier sélectionné en juin prochain.

Wiggins est déjà considéré comme une future star. Son père a joué dans la NBA et sa mère, une coureuse olympique, est montée deux fois sur le podium aux Jeux de Los Angeles, en 1984. Elle était membre des équipes de relais 4x100 mètres et 4x400 mètres.

Dimanche, les amateurs verront aussi un jeune Canadien, Kelly Olynyk, dans l'uniforme des Celtics de Boston. Il a été choisi en première ronde en juin dernier.

Un Québécois connaîtra-t-il un jour les mêmes succès? Selon Pascal Jobin, ancien entraîneur du Jazz de Montréal et en quelque sorte le M. Basketball du Québec, Jérôme Desrosiers, un adolescent de Saint-Bruno, est un espoir de premier plan.

Pour augmenter ses chances de percer, Desrosiers étudie dans une école secondaire américaine. «Ça l'aidera à réussir», explique Jobin, rappelant à quel point ce sport est bien structuré aux États-Unis.

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Impossible de parler de basketball au Canada sans évoquer le nom de Steve Nash, élu deux fois joueur le plus utile à son équipe dans la NBA. Aujourd'hui âgé de 39 ans, il évolue pour les Lakers de Los Angeles.

Nash a inspiré plusieurs jeunes athlètes canadiens. Si lui pouvait réussir à ce niveau, pourquoi pas eux? En mai 2012, Nash est devenu directeur général de l'équipe nationale masculine. (Il est aussi copropriétaire des Whitecaps de Vancouver, en Major League Soccer.)

Nash a hésité avant d'accepter l'offre de Basketball Canada. Il voulait s'assurer que le programme serait doté d'un financement adéquat, semblable à celui des équipes des grands pays européens. L'initiative «6e joueur» a été mise sur pied pour récolter des fonds auprès de la communauté d'affaires.

Dans sa démarche, Basketball Canada s'est inspiré de B2Dix, ce groupe de soutien aux athlètes d'élite fondé par Dominick Gauthier, Jennifer Heil et J.D. Miller, tous heureux que leur approche fasse des petits.

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De la France, où elle évolue dans la ligue professionnelle de basketball, la Montréalaise Lizanne Murphy surveille avec attention la progression de son sport au pays.

Aux Jeux de Londres, Lizanne a joué dans l'équipe canadienne, qui a accompli de petits miracles avant son élimination.

Elle croit que les hommes auront à leur tour leur heure de gloire olympique. Mais elle se réjouit surtout de voir la popularité du basket en hausse, comme en fait foi le succès des matchs de la NBA au Centre Bell.

«Ce sport m'a tellement apporté! dit-elle. J'ai voyagé partout dans le monde et j'ai participé aux Olympiques. J'espère que beaucoup d'autres jeunes auront cette chance.»

Le basketball, n'en doutez pas, occupera une plus grande place dans notre actualité sportive au cours des prochaines années.