En prônant l'exclusion de la lutte des Jeux d'été, le Comité international olympique (CIO) a bizarrement atteint un de ses objectifs: rassembler, grâce au sport, des pays aux relations diplomatiques épineuses. Le paradoxe, avouons-le, est savoureux.

Plus tôt ce mois-ci, des lutteurs américains, iraniens et russes ont livré des combats au Terminal de Grand Central, la légendaire gare de trains au coeur de Manhattan. Il s'agissait d'une autre manifestation d'unité afin de convaincre le CIO que ce sport mérite toujours sa place aux Jeux.

Rappelez-vous: en février dernier, la commission exécutive du CIO a créé la surprise en recommandant que la lutte cède sa place à un nouveau sport dès les Jeux de 2020.

Discipline historique, pratiquée depuis 3000 ans avant Jésus-Christ, la lutte se croyait à l'abri d'une telle sanction. Le pentathlon moderne et le taekwondo semblaient davantage sur la sellette.

Le choc, brutal, a contraint le président de la Fédération internationale de lutte (FILA) à démissionner. Le pauvre homme n'a rien vu venir malgré la sonnette d'alarme actionnée par le Mouvement olympique.

Quelques semaines plus tôt, le CIO lui avait en effet demandé des informations additionnelles afin de justifier la place de la lutte dans la liste des 25 sports de base des Jeux d'été. Un esprit plus malin aurait compris qu'il y avait anguille sous roche.

Devant ce camouflet, la communauté de la lutte s'est solidarisée aux quatre coins de la planète. La réplique a été franchement impressionnante. Du président de la Russie Vladimir Poutine au romancier américain John Irving, une coalition hétéroclite s'est formée sur-le-champ.

Au point où Jacques Rogge, président du CIO, a semblé inquiet. Sa présidence, qui se terminera en septembre, prendrait-elle fin sur cette controverse? Son héritage, pourtant positif, serait-il entaché par cette décision?

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Le nouveau président de la FILA est le Serbe Nenad Lalovic. Il a vite annoncé ses couleurs, promettant de «réformer» son sport et de faire de sa fédération «une organisation plus proactive».

Lalovic a tenu parole. Il y a 10 jours, une flopée de nouvelles règles ont été adoptées afin de rendre le sport moins imperméable aux non-initiés. La place des femmes au sein de la fédération a aussi été bonifiée.

Habile, Lalovic a remis une enveloppe aux congressistes, expliquant qu'ils trouveraient à l'intérieur la personne responsable d'appliquer tous ces changements. Dans l'enveloppe, il y avait un... miroir! «Nous avons reçu un message fort du CIO, a-t-il dit. Et nous sommes assez forts pour changer.»

Demain, en marge du Congrès SportAccord tenu à Saint-Pétersbourg, en Russie, les huit sports en lice pour la seule place disponible aux Jeux de 2020 soumettront leur présentation. En plus de la lutte, on trouve le squash, le karaté, l'escalade, le roller, le baseball-softball, le wakeboard (sport nautique) et le wushu (art martial).

La commission exécutive du CIO annoncera sa décision dans la journée. Tout indique que deux ou trois sports seront retenus, laissant ainsi la décision finale à la plénière des membres du CIO, en septembre prochain, à Buenos Aires.

La lutte, avec sa solide contre-attaque, fera assurément partie des sports finalistes. L'escalade, très populaire auprès des jeunes, tout comme le roller (courses en patins à roues alignées) ont aussi des chances. Le baseball, et par extension le softball, sont désavantagés, puisque les meilleurs joueurs du monde ne participent pas aux Jeux olympiques.

Mais au bout du compte, si la lutte retrouve sa place, cet exercice aura été futile. Les sept sports espérant depuis plusieurs mois accéder aux Jeux seront déçus. Le CIO se réjouira des changements survenus en lutte. Mais cette crise aura terni son image, même si elle aura provoqué un court rapprochement entre l'Iran et les États-Unis.

Que feront les élus de Glendale?

Aimeriez-vous être dans les souliers de Jerry Weiers, maire de Glendale?

Après son élection, en novembre dernier, il a interpellé les équipes professionnelles établies sur son territoire: les Coyotes de Phoenix, bien sûr, mais aussi les Dodgers de Los Angeles et les White Sox de Chicago, qui tiennent leur camp d'entraînement dans le désert.

«Glendale n'est pas votre caisse enregistreuse, avait-il dit. Nous aimons tous les Coyotes et la Ligue des cactus, mais nous ne pouvons sacrifier notre style de vie pour qu'ils puissent maintenir le leur.»

Mais voilà que Gary Bettman, redoutable négociateur, pousse le maire dans un coin. Selon toute vraisemblance, la LNH, propriétaire des Coyotes depuis quatre ans, s'apprête à les vendre au groupe de George Gosbee, un banquier albertain, et Anthony LeBlanc, un homme d'affaires ontarien.

Cet accord serait conditionnel à la conclusion d'une entente avec la Ville de Glendale pour la gestion du Jobing.com Arena. Les nouveaux acquéreurs voudront sans doute obtenir près de 15 millions par année. Or, le budget prévu est plutôt de 6 millions. Si Weiers bonifie démesurément cette somme, ses déclarations de novembre dernier le hanteront longtemps.

On verra aussi quelles garanties Glendale exigera quant au maintien à long terme des Coyotes à Glendale. Cet enjeu est crucial. Des entretiens entre la LNH, le groupe de Gosbee et les élus auront lieu aujourd'hui.

Bettman réussira peut-être à garder l'équipe en Arizona. Mais il aurait avantage à ne pas mettre le champagne au frais trop tôt.