À vue de nez, la somme est modeste. Mais 2000 $, pour une jeune athlète d'élite aux grandes ambitions, c'est un cadeau inespéré. «Je n'ai jamais reçu une aussi grosse bourse, lance Catherine Héroux. Je suis vraiment contente.»

Âgée de 18 ans, Catherine est une tête d'affiche du handball canadien. La saison dernière, dans le Circuit Espoir québécois, elle a inscrit 180 buts en 14 matchs, un record! Elle rêve de Jeux olympiques et souhaite, une fois sa carrière sportive terminée, devenir notaire.

Comme 35 autres étudiants-athlètes, Catherine a reçu un appui financier bienvenu, hier, grâce à la Fondation de l'athlète d'excellence du Québec (FAEQ). Cet organisme soutient financièrement les membres de la relève sportive et les appuie dans leurs études.

«Mes frais s'élèvent à plus de 6000 $ par année, explique Catherine, étudiante au Collège Montmorency. Chaque compétition internationale coûte cher. Et pour s'améliorer, il faut jouer dans les tournois au Mexique, en Espagne ou en France.

«La Fédération de handball nous verse 1000 $. Mais je dois aussi compter sur l'aide de ma mère et ma job d'été... Alors, vous comprendrez que cette bourse, c'est une aide incroyable.»

La contribution du Québec inc. permet à la FAEQ de financer ses opérations. Hier, c'est la Banque Nationale qui a reçu les athlètes choisis à son siège social de Montréal. Au cours des cinq prochaines années, l'entreprise versera 1 million au programme de bourses.

«C'est un plaisir d'aider ces jeunes et d'avoir un impact sur leur vie, explique Louis Vachon, président de la BN. Ils représentent des modèles dans les écoles. Pour nous, c'est une manière d'encourager la persévérance scolaire et le sport de haut niveau.»

* * *

Des entreprises comme Saputo, Hydro-Québec, Cascades, La Capitale et plusieurs autres appuient aussi la FAEQ. À chaque remise de bourses, une cérémonie est organisée. Voir ces jeunes gens défiler au micro et raconter leurs succès sportifs est émouvant.

Le métier qu'envisage le boursier est toujours mentionné. Nos jeunes athlètes ont des ambitions diversifiées: policier, ophtalmologiste, travailleur humanitaire, médecine sportive, gestion, biologie marine... Ils sont originaires de Sept-Îles, Trois-Rivières, Gatineau, Drummondville, Montréal... et donnent un portrait inspirant du Québec.

Certains boursiers sont très jeunes, comme Nicaise Muamba, un joueur de tennis de Secondaire I. On le retrouvera peut-être un jour parmi les meilleurs du monde dans sa discipline, comme c'est le cas des 67 boursiers ayant participé aux Jeux olympiques et paralympiques de Londres, l'été dernier.

Les remises de bourses permettent aussi à la relève de rencontrer des médaillés olympiques. Hier, le patineur de vitesse Mathieu Giroux, membre de l'équipe championne de poursuite aux Jeux de Vancouver en 2010, a aussi reçu un appui financier.

En décembre dernier, le combat de Mathieu pour mener de front ses études en pharmacie à l'Université de Montréal et son parcours d'athlète d'élite a provoqué un choc des valeurs dans le sport canadien. D'un côté, un jeune homme soucieux de préparer son après-carrière; de l'autre, une fédération sportive ancrée dans de vieux réflexes.

L'affaire s'est heureusement bien terminée, et Mathieu a poursuivi son entraînement à Montréal, contrairement au souhait initial de sa fédération. Il a ainsi complété son année d'études dans la sérénité.

«Dans deux semaines, j'aurai terminé le volet théorique de mes études, explique Mathieu. Je serai soulagé comme ça s'peut pas! Je prends ensuite une année sabbatique afin de préparer les Jeux de Sotchi. Le 3 mars 2014, j'entreprendrai mes stages en pharmacie, la dernière étape avant l'obtention de mon diplôme.»

Comme prévu, Mathieu Giroux s'entraînera à Calgary au cours des prochains mois. Mais en tenant son bout face à la bureaucratie du sport canadien, il a livré un message important. Gagner une médaille olympique, c'est bien. Mais investir dans ses études l'est tout autant.

La seule présence de Mathieu à la cérémonie d'hier a sûrement rappelé cette grande vérité à quelques athlètes et leurs parents. Chose sûre, s'ils l'oublient, comptez sur la FAEQ pour le leur rappeler.

«On surveille la progression scolaire de nos boursiers, explique le directeur général Pierre Dubé. Si l'un d'eux a des notes de 70% au secondaire, on sait que ce sera difficile au collégial, où il risque d'être moins encadré. On lui explique tout ça.»

* * *

En 2010, la FAEQ a distribué 600 000 $ en bourses. Trois ans plus tard, cette somme atteint 1 million. L'objectif a été atteint deux ans plus tôt que prévu! Claude Chagnon, président de l'organisme, est heureux de cette réussite. Lui-même compte parmi les plus généreux donateurs.

«On offre aux entreprises un programme clés en main, et elles apprécient cette façon de fonctionner, dit-il. On choisit les athlètes et on les encadre. Le milieu des affaires doit s'impliquer dans la persévérance scolaire. En société, il faut aider les jeunes en difficulté, mais aussi ceux qui excellent.»

En 25 ans, l'appui à la relève sportive s'est renforcé de manière prodigieuse au Québec. En plus du groupe de Claude Chagnon, il faut noter la contribution des gouvernements fédéral et provincial, de B2dix et du Comité olympique canadien.

Mais beaucoup de travail reste à faire, notamment en ce qui a trait à l'appui aux fédérations sportives. S'agit maintenant d'enclencher la vitesse supérieure.