Le 3 novembre dernier, l'Impact a annoncé le départ de l'entraîneur Jesse Marsch après une seule saison à la barre de l'équipe.

Avec le recul, cette date marque un point tournant dans l'histoire du club. Pas en raison de sa signification sportive. Après tout, ce n'était pas la première fois que l'organisation changeait son personnel d'encadrement. C'est même une spécialité de la maison!

Mais regardons les choses en face: à part les mordus de soccer, qui se souciait vraiment du nom de l'entraîneur lorsque l'Impact évoluait en deuxième division?

Cette fois, l'affaire a généré plusieurs réactions. Joey Saputo a été critiqué pour son manque de patience. Mais au bout du compte, le président de l'Impact a sans doute estimé qu'il s'agissait d'une bonne journée au bureau. Le ressac de cette nouvelle a démontré que son club n'avait jamais généré pareil intérêt depuis ses débuts en 1993.

Ce soir, à Seattle, l'Impact inaugure sa deuxième saison en MLS. L'occasion est belle de mesurer le chemin parcouru au cours des 12 derniers mois.

L'équipe fait désormais partie d'une ligue rondement dirigée, qui s'impose de plus en plus en Amérique du Nord. Suffit de fureter sur son site internet (mlssoccer.com) pour comprendre que la machine est bien rodée.

Tous les matchs de l'Impact sont télédiffusés, ce qui n'est pas une mince réussite. Certains joueurs, comme Patrice Bernier et Marco Di Vaio, sont devenus des noms connus de tous les amateurs de sport montréalais.

«Pour nous, il s'agit d'une année de consolidation, dit Richard Legendre. Sur le terrain, on connaît le potentiel de notre équipe. Ce n'était pas le cas à la même époque l'an dernier, puisqu'on accueillait des joueurs provenant de nombreux clubs. Cette saison, notre but est de participer aux séries éliminatoires.»

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Legendre, un ancien ministre des Sports du Québec, est vice-président de l'Impact. Il énonce clairement les autres objectifs de l'organisation en 2013.

«Nous voulons attirer 355 000 spectateurs, dit-il. Cela nous placerait de nouveau dans le groupe des cinq équipes de tête au niveau des assistances. Nous comptons actuellement 7500 abonnements saisonniers. On a confiance d'augmenter ce chiffre au cours des prochaines semaines.»

L'an dernier, deux des matchs de l'Impact au Stade olympique ont attiré des foules de 60 000 spectateurs. À moins d'une énorme surprise, ce ne sera pas le cas cette saison.

Les 16 et 23 mars prochains, l'organisation compte plutôt réunir 35 000 partisans, qui seront regroupés au premier niveau du Stade afin de créer une bonne ambiance.

«Nos foules devraient être plus équilibrées tout au long du calendrier, ajoute Legendre. L'été dernier, on a connu un creux de vague lors de notre passage au stade Saputo. On souhaite éviter ça en 2013. Nous visons un taux d'occupation de 92 %, soit 19 000 personnes par match.»

L'Impact compte sur un public jeune. Un sondage de l'organisation, réalisé l'automne dernier, a démontré le fort attachement des partisans de 18 à 35 ans envers l'équipe. Cette donnée permet à la direction d'envisager l'avenir avec confiance.

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La saison commence ce soir, mais un homme est déjà sur la sellette: l'entraîneur Marco Schällibaum. Originaire de Zurich, il a dirigé plusieurs équipes dans la ligue suisse avant d'accepter l'offre de l'Impact.

Compte tenu des attentes élevées de l'organisation, Schällibaum réalise sans doute que son contrat d'un an ne sera pas renouvelé à moins de conduire les siens en séries éliminatoires. Sa tâche s'annonce difficile.

Ainsi, une analyse des forces publiée sur le site de la MLS place l'Impact au 14e rang des 19 équipes. L'auteur rappelle que le petit nombre de jeunes au sein de la formation constituera un handicap au fil de l'épuisant calendrier.

Schällibaum en a cependant vu d'autres. Jeudi matin, avant le départ de l'équipe pour Seattle, il affichait une belle confiance. Ses liens avec les joueurs semblent plus amicaux que ceux de son prédécesseur.

Pendant que Marco Di Vaio répondait dans un excellent français aux questions des journalistes, Schällibaum est passé derrière en lui donnant une petite tape amicale.

Jesse Marsch était un entraîneur assez jaloux de ses prérogatives. Schällibaum, plus expérimenté, sait qu'il doit discuter avec les leaders de son équipe, comme Di Vaio et Alessandro Nesta. Cette approche changera la dynamique dans le vestiaire de l'équipe.

Les relations entre l'entraîneur et le duo Joey Saputo-Nick De Santis devraient également être moins tendues. En autant que Schällibaum gagne.

Le jour de sa nomination, il a rappelé avec justesse combien la relation d'un entraîneur avec ses patrons tient à sa fiche. «Quand on gagne, on va boire un verre; quand on perd, je rentre à la maison tout seul. C'est comme ça...»

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Comme le souhaite Richard Legendre, l'Impact consolidera sûrement ses acquis en 2013, à tout le moins au plan de l'entreprise.

Mais si les attentes ne sont pas comblées sur le terrain, espérons que Joey Saputo et Nick De Santis s'interrogeront sur la force réelle de leur équipe avant de blâmer l'entraîneur.

D'ici là, souhaitons aux partisans du soccer excitant. Et quelques belles victoires de l'Impact. Faudrait bien que les patrons de Schällibaum aient l'occasion de trinquer à sa santé.