En déposant ma valise dans la chambre d'hôtel, j'aperçois un pub de l'autre côté de la rue. Son nom semble avoir été choisi pour des visiteurs de Montréal: «The Rocket» !

Mais avant de boire une pinte, il faut marcher dans Londres. Sous un soleil radieux, la capitale britannique est plus belle et vibrante que jamais.

Sur Euston Road, l'imposant édifice abritant la British Library annonce deux expositions: la première présente 2500 timbres, affiches et autres souvenirs racontant à leur façon l'histoire des Jeux olympiques. La seconde propose, entre autres trouvailles, un manuscrit original de J.K. Rowling et des croquis dessinés par J.R.R. Tolkien.

Si, chaque jour, on consultait cinq documents de la collection de la British Library, il faudrait 800 000 années pour voir le tout!

Les villes formidables sont nombreuses en Europe. Mais Londres a toujours occupé une place spéciale dans mon coeur. J'aime son architecture, son histoire, ses odeurs et ses rues qui résonnent des accents du monde entier.

À chaque coin de rue, une scène retient l'attention. Tiens, ici, on manifeste. Et contre quoi, monsieur l'agent? «La présence du premier ministre du Bangladesh qui assistera aux Jeux...» Les opposants sont plus de 50, mais je ne demande pas au brigadier s'ils ont communiqué leur trajet aux autorités.

Je poursuis plutôt mon chemin jusqu'à la station

St. Pancras. Muni de ma carte «Oyster», l'équivalent de notre Opus, je prends un train en direction de Stratford International, porte d'entrée du Parc olympique. Le trajet ne dure que cinq minutes.

À destination, je quitte le quai et accède à un escalier mécanique qui débouche sur un centre commercial. Suffit de le traverser dans sa partie la plus étroite, de franchir les contrôles de sécurité - semblables à ceux d'un aéroport -, et voilà l'esplanade des Jeux. Il s'agit d'un vaste espace de

2,5 kilomètres carrés, l'équivalent de 350 terrains de soccer.

Distants d'à peine quelques minutes de marche, on retrouve le grand stade de 80 000 sièges, où sera présentée la cérémonie d'ouverture, le centre aquatique, la piscine de water-polo, l'amphithéâtre de basketball et d'autres installations.

«Vous voyez là-bas? me demande fièrement un préposé, pointant du doigt un large bâtiment. C'est le plus grand McDonald's d'Europe!»

Non, même à Londres, tout ne peut pas être parfait.

Des milliers de gens marchent dans le site. Ils prennent des photos et découvrent lentement les lieux. Malgré l'omniprésence du béton et le manque de verdure, on sent que l'ambiance ne manquera pas lorsque les compétitions commenceront. Cette proximité de plusieurs plateaux crée un environnement unique.

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En première page du quotidien The Independent, un titre intrigant: «Deux fois plus de soldats sur le front olympique qu'en Afghanistan».

À Londres, l'histoire alimente les manchettes depuis plusieurs jours. G4S, l'entreprise privée retenue pour fournir les services de sécurité, a été incapable de recruter et former tout le personnel nécessaire.

Du coup, l'armée a été appelée en renfort. Plus de 18 000 militaires surveilleront les aires de compétition, comparativement à 9500 qui patrouillent en Afghanistan.

La sécurité est un enjeu majeur de ces Jeux. De manière conservatrice, la facture est estimée à plus de 550 millions d'euros (678 millions de dollars). Un des défis des organisateurs sera de ne pas transformer les stades en camps retranchés.

Comme à tous les Jeux, la question du transport suscite beaucoup d'inquiétude. Plus tôt cette semaine, la chaleur intense a provoqué des ennuis sur la ligne de train desservant le Parc olympique. Et en déterminant 16 kilomètres de route à l'usage exclusif des véhicules accrédités, les autorités ont fait des mécontents. Les embouteillages ont été nombreux et le Londonien moyen n'était pas heureux.

Qu'à cela ne tienne, la situation n'atteindra sûrement pas le niveau calamiteux d'Atlanta, en 1996, où les chauffeurs d'autobus venus d'ailleurs aux États-Unis se perdaient dans la ville. C'était, bien sûr, avant l'utilisation courante du GPS. Je vois encore une chauffeuse faire la moue en apprenant que je venais de Montréal. «Vous ne pourrez pas m'aider si je me perds...»

Londres, heureusement pour tous les visiteurs, est beaucoup mieux organisée. Ne serait-ce qu'en raison de son système de métro, qui permet d'atteindre les quatre coins de l'immense ville.

C'est la troisième fois que Londres organise les Jeux olympiques d'été. La première était en 1908 et la deuxième, en 1948, dans le contexte économique éprouvant de l'après-guerre.

Aujourd'hui, les Jeux sont devenus une immense affaire, aux coûts démesurés. Pour accueillir le monde, l'Angleterre dépensera 15 milliards de dollars!

Le Comité international olympique tiendra les clés du royaume au cours des deux prochaines semaines. Ses membres partageront ce privilège avec les compagnies commanditaires des Jeux, toujours plus agressives pour défendre leurs droits promotionnels. Même la vente des frites sur les sites de compétition comporte une clause d'exclusivité.

Malgré tout, Londres ne sera pas engloutie par les Jeux. Culturellement et économiquement, cette ville est si dense et diversifiée que même un événement aussi gigantesque ne peut étouffer sa personnalité.

Bon, le soir tombe lentement sur Londres. Il est temps de s'arrêter au Rocket.