En écoutant Patrick Roy expliquer pourquoi il aurait souhaité devenir entraîneur du Canadien, ma conviction, exprimée dans cette chronique en mars dernier, s'est renforcée: il était un excellent candidat.

Marc Bergevin a choisi une autre direction. Pour un directeur général inexpérimenté, la perspective de travailler avec un entraîneur très populaire aux quatre coins du Québec, dont le chandail est accroché au plafond du Centre Bell et qui est déjà membre du Temple de la renommée, était peut-être étouffante.

Roy l'a-t-il senti? Chose sûre, il a expliqué à Bergevin que toutes ces rumeurs voulant qu'il soit un «one-man-show» alors qu'il a pourtant été l'ultime joueur d'équipe durant toute sa carrière n'étaient que du vent.

Manifestement, Bergevin ne s'est senti aucun atome crochu avec Roy. Peut-être souhaitait-il aussi un entraîneur avec de l'expérience dans la LNH.

Après leur rencontre de trois heures à Miami, le mois dernier, Bergevin n'a pas rappelé Roy avant mardi matin, pour lui annoncer que sa candidature n'était pas retenue. Entre ces deux entretiens, Roy a discuté une fois au téléphone avec Rick Dudley.

Roy n'a pas obtenu de deuxième entrevue avec le DG du Canadien. Il aurait raison d'être déçu. Mais lors de son point de presse à Québec, mercredi, il a commenté les événements avec sérénité. Il a remercié Bergevin de l'avoir rencontré et souhaité bonne chance à Michel Therrien. Nous étions loin du Patrick Roy trop émotif qui a parfois fait les manchettes.

Est-ce étonnant? Pas du tout! Après tout, Michel Therrien n'est pas le seul homme qui ait changé au cours des dernières années.

Si le nouvel entraîneur du Canadien a tiré des leçons de ses expériences et appris de ses erreurs, c'est aussi le cas de Roy. Son évolution comme gestionnaire et entraîneur dans le hockey junior comporte des parallèles avec son cheminement comme joueur.

Débarqué dans la LNH avec un brin d'insolence au milieu des années 80, Roy est devenu un joueur expérimenté vers qui se tournaient ses jeunes coéquipiers en quête de leadership.

Au sein de la direction des Remparts, on assiste à un phénomène identique. L'expérience et la maturité l'assagissent peu à peu, sans diminuer son goût de la compétition.

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De tous les propos de Patrick Roy mercredi, je retiens cette phrase: «J'aimerais, un jour, gagner une Coupe Stanley à titre d'entraîneur-chef.»

De la part d'un homme si déterminé, il ne s'agit pas d'une vague intention, mais d'un objectif clair. Roy dirige les Remparts de Québec depuis 2005. Il a remporté la Coupe Memorial et ses équipes ont fait bonne figure.

L'heure d'un nouveau défi approche. Voilà pourquoi Roy était prêt à sacrifier son style de vie agréable dans la vieille capitale pour reprendre du service à Montréal. Puisque ça n'a pas fonctionné avec le Canadien, il pourrait bien tenter sa chance ailleurs.

Si le contexte s'y prêtait, s'il se sentait profondément désiré, Roy bouclerait ses valises, j'en suis convaincu.

En ce sens, son point de presse de mercredi a été bien réussi. Il a pris soin de garder toutes les portes ouvertes et de n'indisposer personne.

À n'en pas douter, Patrick Roy reviendra un jour dans la LNH.

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Cela dit, la nomination de Therrien est parfaitement raisonnable. Tout comme Bob Hartley, il représentait un candidat crédible. Si son embauche ne provoque aucun effet «wow!», elle marque néanmoins une rupture bienvenue avec le passé récent de l'équipe.

Depuis sa nomination, Therrien m'a impressionné. Sur le plan humain, j'ai découvert un homme attaché aux valeurs familiales. Il ne se contente pas de les exprimer, il les vit aussi chaque jour. Sa mère et ses deux enfants sont au centre de sa vie.

Le nouvel entraîneur sera peut-être dur avec ses joueurs, mais son coeur est généreux. Quand on dirige de jeunes athlètes, c'est une qualité qui compte.

Sur le plan hockey, j'ai apprécié la manière dont Therrien a cerné certains problèmes de l'équipe. Toutes ces avances perdues en troisième période, toutes ces blessures, il les attribue à une condition physique déficiente.

Il démontre ainsi qu'il a de la suite dans les idées. Comme analyste à RDS, la saison dernière, il a souvent dénoncé les nombreux jours de repos accordés aux joueurs du Canadien.

Therrien a aussi réglé le dossier des deux Randy, qui n'avaient plus leur place à Montréal. Et, comme il l'avait annoncé mardi, il a discuté avec son capitaine, Brian Gionta.

L'embauche d'un entraîneur adjoint fiable est le prochain défi de Therrien. Cette décision est fondamentale. Cet homme deviendra son principal complice. C'est avec lui qu'il travaillera de longues heures chaque jour; c'est devant lui qu'il se videra le coeur lorsque les choses iront mal.

Ce qui, compte tenu des lacunes du Canadien, ne manquera pas d'arriver.

L'Institut Goldwater contre-attaque

L'Institut Goldwater, dont l'intervention a stoppé un projet de vente des Coyotes de Phoenix l'an dernier, revient à la charge.

Sa présidente, Darcy Olsen, a annoncé hier soir qu'elle demandera une injonction afin d'empêcher le vote prévu ce matin au conseil municipal de Glendale. Les sept élus doivent se prononcer sur l'entente intervenue entre l'administration municipale et le groupe de Greg Jamison pour la gestion du Jobing.com Arena. Mme Olsen affirme que tous les documents pertinents n'ont pas été rendus publics.

L'approbation de cet accord est essentielle pour permettre au groupe de Jamison de poursuivre ses efforts en vue d'acheter les Coyotes. Même si elle est adoptée, cette entente, une véritable pompe branchée sur le fonds consolidé de la Ville, ne sera peut-être pas suffisante pour assurer la survie des Coyotes dans le désert.

Selon le magazine Forbes, Jamison n'a toujours pas réuni les 170 millions nécessaires à l'achat de l'équipe. Les Coyotes auront toujours des ennuis à boucler leur budget et plusieurs investisseurs le devinent bien.

La demande d'injonction de l'Institut Goldwater constitue une mauvaise nouvelle pour Gary Bettman, qui espérait que ce groupe de pression conservateur se fasse plus discret cette fois-ci.

L'avenir des Coyotes demeure incertain.

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Les Kings de Los Angeles tirent parti de leurs succès en séries éliminatoires. Ils ont conclu un accord de longue durée avec Fox Sports West pour la télédiffusion de leurs matchs. Selon le Los Angeles Times, le montant annuel versé aux Kings augmentera de 12 à 21 millions par saison.