Une seule conclusion claire s'impose du point de presse de Gary Bettman, lundi soir, concernant l'avenir des Coyotes de Phoenix: le commissaire n'a pas l'intention de transférer l'équipe à Québec.

Sur tous les autres sujets, qu'il s'agisse du montage financier qui permettrait au groupe de Greg Jamison d'acheter les Coyotes à un éventuel accord avec la Ville de Glendale pour l'utilisation de l'amphithéâtre, Bettman est demeuré vague. Son désir ferme de maintenir la concession en Arizona a transcendé tout le reste.

Bettman n'a jamais mentionné le nom de la ville de Québec dans ses remarques. Mais pas besoin de lire dans ses pensées pour comprendre le message. Dans le but de sauver le hockey dans la région de Phoenix, le commissaire montre une patience infinie. Et s'il lui faut de nouveau affronter l'Institut Goldwater, il engagera le combat.

Ce groupe de pression conservateur a fait dérailler la vente de l'équipe à Mathew Hulsizer l'an dernier. Et l'Institut a déjà annoncé ses couleurs à propos de la vente de l'équipe au groupe de Greg Jamison.

«Nous souhaitons que l'entente respecte la loi et protège les contribuables en obligeant les entreprises en cause à assumer les coûts de l'opération», a affirmé Darcy Olsen, présidente de l'organisme.

Cette déclaration n'a pas ébranlé Bettman. Pourquoi? Parce qu'en 2011, la Ville de Glendale devait émettre des obligations pour financer la transaction. Mais les menaces de l'Institut, dans un contexte économique incertain, ont torpillé la vente de ces obligations. Les acquéreurs potentiels se sont désistés.

«Cette menace a été déterminante, a rappelé Bettman, sur TSN. Cette fois-ci, l'accord ne repose pas sur la vente d'obligations. Nous pourrons aller de l'avant même si l'Institut Goldwater conteste l'entente. À mon avis, les choses finiront par se mettre en place.»

Cette interprétation en dit long sur la combativité de Bettman. S'il le faut, il mènera bataille devant les tribunaux pour valider la transaction.

* * *

Alors, l'affaire est-elle entendue? Les Coyotes demeureront-ils à coup sûr en Arizona?

Tout dépend des sept membres du conseil municipal de Glendale. Ce sont eux qui appuieront ou non une aide financière massive au groupe de Jamison.

Au cours des deux dernières années, Glendale a versé 50 millions à la LNH pour gérer le Jobing.com Arena et éponger les déficits de l'équipe. Jamison, ancien président des Sharks de San Jose, compte sur une aide semblable.

Selon le quotidien The Arizona Republic, la Ville envisagerait une aide moyenne de 14,5 millions par saison au cours des 20 prochaines années.

Ces sommes, officiellement consenties à titre de compensation pour la gestion de l'amphithéâtre - une anomalie en soi puisque c'est généralement l'exploitant qui paie le propriétaire et non pas l'inverse -, sont énormes. Mais elles deviennent franchement étonnantes lorsqu'on connaît le déficit de la Ville de Glendale.

Les élus ont ratissé le budget municipal à la recherche d'économies. Des pistes comme l'augmentation des tarifs des cours de natation aux enfants ont même été examinées!

Dans ce contexte, subventionner si généreusement le hockey professionnel constitue un choix hasardeux. La note de crédit de la Ville de Glendale a d'ailleurs été abaissée par l'agence Moody's en janvier dernier.

La Ville de Glendale doit entériner son budget annuel le 12 juin. L'ampleur de l'aide aux Coyotes devrait être dévoilée avant cette date.

* * *

Selon les informations circulant à Glendale, quatre membres du conseil municipal approuveraient l'entente avec le groupe de Jamison et trois autres s'y opposeraient.

Mais le ciment n'est manifestement pas pris. D'autres événements pourraient influencer la réflexion des élus. Ainsi, cette semaine, la Chambre des représentants du Minnesota a appuyé l'injection de fonds publics pour la construction d'un nouveau stade à l'intention des Vikings.

Mais la mesure a été approuvée uniquement après l'adoption d'un amendement imprévu. Les Vikings devront augmenter de 105 millions leur contribution afin de réduire d'autant celle des citoyens. Les propriétaires de l'équipe sont mécontents et le dossier demeure en suspens.

N'empêche que ce développement est représentatif d'un nouveau courant de pensée aux États-Unis, où les élus n'approuvent plus aussi facilement que jadis l'aide au sport professionnel.

* * *

Chaque jour qui passe diminue les possibilités que Québec obtienne les Coyotes. Pas pour rien que le maire Régis Labeaume est inquiet. Le 24 avril, il a déclaré que les prochains jours étaient «très critiques» pour le hockey à Québec.

Si les Coyotes demeurent à Phoenix, les chances que Québec retrouve ses Nordiques avant l'ouverture du nouvel amphithéâtre, en septembre 2015, diminueront. La situation des autres concessions en difficulté est en effet moins préoccupante.

L'avenir des Blue Jackets de Columbus, par exemple, est désormais assuré. Un nouvel accord, conclu par la Ville, l'État et la compagnie d'assurances Nationwide, garantit le maintien de l'équipe en Ohio jusqu'en 2039.

Cela dit, dans l'univers étourdissant du sport professionnel, des surprises sont toujours possibles.

Mais si le conseil municipal de Glendale décide de poursuivre l'aventure du hockey dans le désert, et si Gary Bettman a raison sur les limites d'intervention de l'Institut Goldwater, Québec devra encore patienter.

Au bout du compte, ce sont les élus de Glendale qui trancheront.

Photo: AP

Selon les informations qui circulent à Glendale, quatre membres du conseil municipal approuveraient l'entente avec le groupe de Greg Jamison (notre photo) et trois autres s'y opposeraient.