Mais qui sont ces grands babouins agressifs qui en viennent aux coups en marge de rencontres sportives impliquant des enfants, bien souvent les leurs? Eh bien, principalement, ce sont les mêmes adultes qui ont tendance à se battre pour une place dans le stationnement d'un Walmart.

Eh oui: rage au volant et rage des gradins, même combat...

C'est ce qu'ont constaté en 2008 deux chercheurs de l'Université du Maryland, Jay Goldstein et Seppo E. Iso-Ahola, dans une étude sur ce qui caractérise les parents qui ont tendance à s'empourprer lors des matchs d'une ligue de soccer pour jeunes de la région de Washington D.C. Quelque 340 parents ont participé à l'étude.

Ces parents enragés ont deux points en commun, a noté M. Goldstein dans le Washington Post et dans Science Daily, à l'époque: ils sont des «control freaks» qui ont tendance à s'évaluer selon des critères fixés par les autres. Exemple: le genre à s'endetter pour acheter un véhicule de luxe semblable à celui des voisins...

«Et ces parents, dit Jay Goldstein, voient leurs enfants et les performances sportives de ceux-ci comme l'extension de leur propre ego.»

Bref, on a beau appeler le 9-1-1 pour ces parents, ils ont besoin de Freud, un peu, aussi...

Ceux qui sont enclins à ce genre d'explosion verbale ou physique ont tendance à souffrir, selon les mots du chercheur Goldstein, d' «ego defensiveness». Traduction: ils voient tout - un but refusé par l'arbitre ou une voiture prenant «leur» place de stationnement au Walmart - comme une attaque personnelle.

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La rage des gradins est, médiatiquement, comme la rage au volant il y a une douzaine d'années: un phénomène qui fait les manchettes, mais qui a toujours existé.

Ceux qui ont mon âge et qui ont porté des crampons ou des patins dans leur jeunesse peuvent en témoigner: des empoignades à l'aréna ou dans le stationnement du parc, pour finir les chicanes commencées sur la glace, ce n'est pas nouveau. C'était avant YouTube, Google, Twitter et les nouvelles en continu!

Après avoir lu l'article d'Hugo Meunier et William Leclerc sur les flics appelés en renfort dans les arénas de la région de Montréal, on peut être tenté de penser que les enjeux somme toute modestes du hockey mineur contaminent le bon sens des adultes québécois.

On aurait tort. À peu près tous les sports, à peu près partout en Occident, ont leur lot d'anecdotes où des adultes ont perdu les pédales. De l'entraîneur de balle-molle américain qui demande à un jeune joueur de frapper un de ses coéquipiers peu talentueux sur la tête pour le mettre hors jeu aux parents suédois qui agressent l'arbitre de soccer officiant un match d'enfants de 8 ans, la rage des gradins semble être un phénomène assez universel.

Universel, mais dont les contours sont difficiles à définir: il n'existe pas suffisamment de preuves scientifiques pour affirmer que le phénomène de la rage des gradins est à la hausse, ou en baisse, dixit Gregg S. Heinzmann, directeur d'un groupe d'étude sur les jeunes et le sport à l'université d'État Rutgers, au New Jersey.

Ça ne veut pas dire que la rage des gradins n'est pas préoccupante. En parler, en faire des articles dans les journaux, des sujets de politiques chez Hockey Québec, tout cela a du bon: le grand babouin agressif qui sévit autour des plateaux sportifs est un sérieux emmerdeur.

Hockey Québec, disais-je, mise sur la conscientisation pour raisonner les parents agressifs, avec un nouveau programme basé sur les observations de Luc-Richard Poirier, arbitre dans la région de Québec, qui se propose d'amener la majorité de parents civilisés à calmer la minorité de parents agressifs. Voilà qui est bien. En Suède, dans l'épisode de l'arbitre agressé l'an dernier par les parents de joueurs de soccer de 8 ans, on a pris une décision fantastique: l'équipe a été suspendue de la ligue pour la saison. La sensibilisation, c'est bien. La punition, c'est mieux...