Quel sort aurait connu le Québec si Montcalm avait eu le dessus sur Wolfe ? Que mangerions-nous ? Quelle langue parlerait le capitaine du Canadien ? Quelle serait l'occupation de Jean Charest ? Alors que l'on s'apprête à commémorer le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d'Abraham, La Presse a demandé à ses chroniqueurs de refaire l'Histoire.

Si la France avait gagné la bataille des plaines, devenant maîtresse de l'Amérique, j'espère qu'elle aurait laissé derrière elle des sociétés plus fonctionnelles que ses colonies africaines. Le Gabon, la Côte-d'Ivoire, le Burkina Faso et le Mali n'ont pas exactement connu une progression sociale et économique spectaculaire sous le règne du colonisateur français.

 

Parce que, bon, imaginez un héritage colonial qui donne, par exemple, le Gabon. Avec, en plus de la pauvreté, de la neige six mois par année !

Si Montcalm avait repoussé les tuniques rouges de Wolfe, et si cela avait été décisif dans le partage du monde entre les puissances de l'époque, on peut rêver que cela aurait débouché sur une Amérique française et sur un Québec qui n'est pas constamment en proie aux chicanes linguistiques.

Parce que, bon, je suis tanné des chicanes de langues.

Nous aurions eu le bonheur, plus tard, de ne pas nous déchirer la pure laine à propos du Speak White, de McGill français, du racisme soft de Lord Durham, de la gymnastique conceptuelle de la société distincte, d'Alliance Québec, de la loi 78, de la loi 101, de la clause nonobstant, des grosses vendeuses de chez Eaton's, des cégeps qui devraient être francophones only, des psychodrames entourant la commémoration, deux siècles et demi plus tard, de ladite bataille des Plaines.

Je pourrais envoyer mon fils à l'école anglaise un an ou deux sans passer pour un traître à la nation.

Nos universités pourraient offrir des cours en anglais afin d'attirer des cerveaux et des dollars sans craindre d'offenser qui que ce soit. Nos chercheurs pourraient publier en anglais sans craindre d'être excommuniés.

Nous ne vivrions jamais l'ignominie de t-shirts frappés de l'étiquette FAIT EN DINDE.

Et cette curieuse bibitte qu'est le commissaire aux langues officielles n'existerait pas. Ses sévères constats sur les ratés du service en français à Lethbridge non plus. D'ailleurs, Lethbridge s'appellerait Sainte-Rose. Ou Saint-Liboire.

J'idéalise, je rêve debout, je déconne, bien sûr. Peut-être que nous serions, aussi, une sorte d'Haïti du Nord.

Mais, au moins, le capitaine du Canadien de Montréal parlerait la langue de la majorité des habitants du continent...