Se préparer au pire tout en souhaitant le meilleur : voilà ce qui sera aujourd'hui la devise d'Alain Gignac, directeur général de la Société des célébrations du 375e anniversaire de Montréal, qui débutent officiellement à 8 h 45 ce matin par une messe à la basilique Notre-Dame.

Hier midi, Alain Gignac présidait le comité opérationnel de la dernière heure dans la tour Domtar, boulevard De Maisonneuve, où est le quartier général du 375e anniversaire. Le soleil brillait dehors, les blagues de son équipe fusaient autour de la table, et parmi les bonnes nouvelles - la programmation fin prête, les échos positifs du public -, il y en avait des moins bonnes : une manif des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) prévue ce soir pendant la représentation du spectacle Avudo à laquelle s'ajouteront les cols bleus de la Ville. « Il risque aussi d'y avoir des manifestants dans des bateaux sur le fleuve munis de projecteurs qui vont essayer de perturber les projections du show », a averti Pierre Poulin, directeur des opérations techniques. « Quant aux manifestants qui ont réservé des billets pour Avudo, s'ils chahutent les spectacles, nous avons un permis d'expulsion », a-t-il ajouté.

Ébahi par ce permis exceptionnel accordé par le SPVM, Alain Gignac a lancé à la blague : « Wow, un permis d'expulsion. I feel the power ! »

Malgré la légèreté de la remarque, une certaine inquiétude règne parmi les organisateurs. Même si les manifestants du SPVM ont promis de manifester pacifiquement, les organisateurs craignent l'infiltration parmi leurs rangs d'éléments moins raisonnables. « En même temps, a dit Alain Gignac, tant qu'ils ne mettent pas en danger la vie du public, on ne peut rien faire contre eux. »

La sécurité du public demeure la grande priorité des organisateurs. Les cloches de béton posées en grand nombre et comme autant de garde-fous dans les lieux de rassemblement et des festivités en témoignent.

Depuis les attentats de Nice, les autorités municipales de partout dans le monde ne veulent prendre aucun risque avec la sécurité des foules.

« Probablement que tout va se dérouler sans problème ni pépin, estime Pierre Poulin, directeur des opérations techniques, mais on est quand même obligés de prendre toutes les précautions nécessaires. »

La tâche des équipes de programmation, de marketing et de communications du 375e anniversaire est plus aisée. Une trentaine de journalistes étrangers, dont deux de la BBC, seront sur place ce soir pour le coup d'envoi du spectacle de projections sur l'eau Avudo, suivi du son et lumière du pont Jacques-Cartier, lancé par le maire Coderre. RDI sera en émission spéciale d'un océan à l'autre dès 17 h, une nouvelle accueillie par les cris de joie de l'équipe, pour qui la visibilité de Montréal au Canada et ailleurs est primordiale.

Reste que pour Alain Gignac, l'important, à compter d'aujourd'hui, c'est que les célébrations rendent les Montréalais fiers de leur ville et augmentent leur sentiment d'appartenance.

Si Gilbert Rozon est le visage du 375e anniversaire, Alain Gignac en est les bras et au moins la moitié du cerveau. Il est celui qui, depuis plus de deux ans, orchestre, monte et organise les festivités avec un état-major d'une cinquantaine de personnes.

Va pour la vivacité montréalaise, mais que dire de ses rues pavées de cônes orange, entravées par des travaux de construction qui n'en finissent plus et paralysées par des bouchons qui peuvent rendre fou ? Alain Gignac répond qu'il n'y peut rien. « Nous vivons dans une ville où il y a beaucoup de travaux. C'est comme ça. Depuis deux ans, nous avons dû composer avec ce facteur et changer certains parcours et certains sites tout en cherchant un équilibre à travers tout cela. »

Au plus fort des inondations la semaine passée, le directeur général a songé à annuler les premières représentations d'Avudo par sympathie pour les sinistrés. Pour ce qui est de la visite des Géants, ces figures de plusieurs étages qui se déplacent à 2 km/h grâce à des grues et qui déambuleront au centre-ville pendant trois jours à compter de vendredi, leur gigantisme ne laissait pas beaucoup de marge de manoeuvre en cas de force majeure.

Heureusement, le beau temps est revenu juste à temps. Alain Gignac n'aurait pas pu espérer de meilleures conditions météo pour le début officiel des célébrations. Pour le reste, il compte sur la vivacité des Montréalais et sur leur goût de la fête pour que le meilleur triomphe et ne laisse aucune chance au pire de se réaliser.