Pour être tout à fait franche, dès les beaux jours de l'été, je n'ai qu'une envie : sauter dans ma bagnole et filer sur l'autoroute jusqu'à mon lac enchanté dans les Cantons-de-l'Est.

C'est un rituel qui dure depuis plus de 20 ans et, chaque année, mon élan naturel à me pousser loin de la ville est immanquablement freiné par l'abondance de l'offre culturelle montréalaise. Non pas que la ville nous affame l'année durant pour mieux nous gaver l'été venu. Il y a amplement à voir, à entendre et à vivre culturellement tous les mois de l'année à Montréal. Mais avec l'arrivée de l'été, Montréal enfile sa robe bigarrée et festivalière pour nous en mettre plein la vue et les oreilles.

Où aller, que voir, que choisir ? Ma sélection personnelle commence au Jardin botanique de Montréal, un trésor verdoyant où je ne vais pas assez souvent mais que je retrouve toujours avec bonheur. Il y a quelques années, la direction du Jardin a eu la bonne idée de mêler nature, verdure et musique pop acoustique. Le tout débute cette année le dimanche 12 juin au Jardin avec un concert intime d'Arthur H. Quand même chouette de pouvoir renouer avec le fils de Jacques Higelin dans un cadre aussi bucolique. Suivront, les dimanches suivants, des concerts intimes de Michel Rivard et d'Ingrid St-Pierre.

Chaque été, Juste pour rire nous ramène une nouvelle comédie musicale et, même si Mary Poppins n'est peut-être pas ma préférée, j'irai voir Joëlle Lanctôt (l'ex-Betty Rizzo de Grease) interpréter la nounou la plus flyée de Broadway dans une mise en scène de Serge Postigo, en attendant ma comédie musicale préférée, West Side Story, qui est prévue pour l'été 2017.

Du côté du Théâtre du Nouveau Monde, pas question de manquer le retour de Roméo et Juliette dans une des 42 mises en scène de Serge Denoncourt cette année. À croire que ce gars-là n'a pas de vie tant il enchaîne les productions à une cadence quasi industrielle. À noter que cette tragédie amoureuse se déroulera dans les années 30 avec la montée du fascisme en toile de fond. Juliette sera interprétée par la belle Marianne Fortier et Roméo par Philippe Thibault-Denis, qui était de l'aventure des Trois Mousquetaires et de Cyrano de Bergerac.

Et pour chasser la dépression des années 30, rien de mieux que la mode italienne des années 40. Baptisée Eleganza, l'expo estivale du musée McCord, qui nous parvient du Victoria and Albert Museum de Londres, nous présente le meilleur de la mode italienne des années 40 à nos jours avec des tenues signatures de Valentino, Armani, Prada, Fendi et Dolce & Gabbana.

Côté festivals, les FrancoFolies donneront bientôt le coup d'envoi de la saison avec une pléthore de concerts en salle et en plein air. J'irais bien tous les voir, mais, comme j'ai une vie à vivre et une terrasse à occuper, j'ai retenu trois concerts incontournables : le show énergique et énergisant de Pierre Flynn à l'Astral le 14 juin, celui atmosphérique et envoûtant de Safia Nolin au Club Soda le 16 juin et, au final, Philippe Brach, qui sera sur la scène Ford le 17 juin. Pour avoir découvert l'animal dans le spectacle Poésie, sandwiches et autres soirs qui penchent, je prévois déjà une performance électrisante de la part de cette bête de scène.

Quant au Festival international de jazz de Montréal (FIJM), si je n'avais qu'une chanteuse à aller y entendre, ce serait la capricieuse mais fascinante Ms. Lauryn Hill. La dame peut aussi bien quitter la scène après 20 minutes en décrétant qu'elle en a assez que chanter pendant trois heures sans défaillir. C'est selon son humeur du moment.

Autre incontournable du FIJM, la présentation de l'opéra Prima Donna en version concert. Rufus Wainwright cherchait depuis des années à convaincre l'Opéra de Montréal de présenter cette oeuvre qu'il a créée en français en 2009 au Festival de Manchester. Mais c'est finalement le Festival de jazz qui nous offrira la version concert d'un opéra racontant le retour d'une chanteuse d'opéra vieillissante dans le Paris des années 70. À ne pas manquer.

Entre deux concerts, j'irai sans doute faire un tour au Musée d'art contemporain voir la première rétrospective du peintre Edmund Alleyn depuis sa mort en 2004 - et je ne manquerai pas de revoir L'atelier de mon père, le documentaire de sa fille Jennifer, présenté en même temps.

Puis je ferai un petit détour par le Vieux-Montréal pour découvrir les tableaux vivants de Cité Mémoire, peints électroniquement sur les murs du quartier, avant de faire une pause au Centre PHI qui, en juillet, présentera de grands classiques du cinéma dérangeant comme Taxi Driver (le 2 juillet), chef-d'oeuvre de Martin Scorsese qui fête son 40e anniversaire, Mulholland Drive (le 9 juillet) de David Lynch et Requiem for a Dream (le 12 juillet) de Darren Aronofsky.

Et pour finir ma virée culturelle, je remonterai le courant jusqu'au Quartier des spectacles pour retrouver, dès le 8 août sur le boulevard De Maisonneuve, les merveilleuses balançoires musicales de Mouna Andraos et de Melissa Mongiat. Ce sera une façon de finir l'été en ville en beauté avant de reprendre l'autoroute pour mon lac enchanté. Bon été culturel à vous tous.