J'espère vraiment, de tout coeur, s'il vous plaît, que vous irez voter dimanche.

Les taux de participation aux élections municipales sont souvent faméliques. Pourtant, on l'a vu et on le voit encore chaque jour avec la commission Charbonneau, notamment, on ne peut pas regarder ailleurs pendant que les affaires municipales se brassent. Ces gens gèrent notre argent, nos trottoirs, nos embouteillages, nos bus, nos parcs... Choisissons-les soigneusement, surveillons-les étroitement.

Donc, allez voter.

Pour qui? Ça, je vous laisse choisir. Aucun conseil à vous donner. Ces élections sont super intéressantes, car les jeux ne sont pas tous faits. Les cartes ont été bien brassées. Ici, quelques pensées glanées à gauche et à droite, réflexions éparses sur cette campagne. Peut-être vous mélangeront-elles un peu plus...





1-Le lunch de Richard Bergeron

Quand j'ai interviewé Richard Bergeron, au début de la campagne, il m'a confié qu'il mangeait le même lunch, un sandwich jambon-fromage, depuis 30 ans. Seul changement en cours de route: il est passé du pain blanc au pain brun.

Le chef de Projet Montréal trouve que choisir ce qu'on mange prend un temps précieux. Mieux vaut le consacrer à autre chose. Cette affirmation m'a fait sursauter.

J'ai un immense respect pour le travail accompli par M. Bergeron, qui a créé ce parti de rien et l'a porté jusqu'ici. La plateforme verte de Projet est solide. On peut être en désaccord avec les politiques du maire du Plateau, Luc Ferrandez, de Projet, au sujet de la circulation, reste que c'est une formation politique qui a des convictions, une vision cohérente d'une ville plus verte, moins dépendante de la voiture, et le courage politique de mettre des idées en place, chose rare sur la scène municipale depuis Jean Drapeau. Mais rejeter l'alimentation du revers de la main comme si c'était un sujet trivial, inintéressant?

La nourriture est au coeur de nos vies. C'est un moteur culturel, économique, social. Les villes forgent leur identité autour de leurs traditions culinaires. Les citoyens échangent autour de la nourriture. C'est aussi un agent d'intégration crucial, autant pour les nouveaux arrivants que pour les marginaux.

Montréal a besoin d'un maire qui s'intéresse à des choses comme la cuisine de rue, la diversification alimentaire des quartiers les plus pauvres où, actuellement, on peine à trouver fruits et légumes, à l'agriculture urbaine, qui donne accès à tous à des produits frais à prix raisonnable. Un maire qui reconnaît l'importance des grandes tables et des grands chefs, vitrines et ambassadeurs de Montréal sur la scène internationale, et est prêt à les appuyer.





Photo Robert Skinner, La Presse

Richard Bergeron

2-L'âge de Mélanie Joly

J'ai été agréablement surprise de la place qu'a prise Mélanie Joly durant cette campagne. Quand je l'ai interviewée, au début de l'été, elle n'avait pas encore pris sa décision de se lancer dans la course, et j'étais fière de ma primeur, enthousiasme qui est tombé à la suite de son lancement raté, mais qui est revenu, à force de la voir bien se débrouiller dans les débats et présenter un programme qui n'a pas la profondeur de celui des vieux partis, mais est rempli de bonnes idées concernant l'aménagement urbain, les transports collectifs et l'expérience citoyenne au quotidien.

La jeune femme a du cran, de l'aplomb. Ses pancartes ont été un coup de maître de publicité électorale. Quelques questions se posent quand même au sujet de la solidité de son équipe, réunie très rapidement, incluant des candidats comme Bibiane Bovet, dont le défaut n'est pas d'avoir été escorte et encore moins transgenre, mais d'avoir participé à des activités commerciales douteuses sur le web. Aussi: peut-on vraiment être maire de Montréal à 34 ans?





Photo Robert Skinner, archives La Presse

Mélanie Joly

3-L'âge de Marcel Côté

Comme ma collègue Nathalie Petrowski, j'aime beaucoup le côté très culturel du personnage Marcel Côté. Cet homme sait que la culture doit être encouragée, il connaît par coeur les défis financiers des artistes et des institutions qui les emploient, qui les déploient, qui leur permettent d'être ce qu'ils sont et de faire tout ce qu'ils font pour la qualité de vie, la richesse de notre ville.

J'aime le fait que Côté a une grande expérience de gestionnaire. Avec lui, on n'a pas peur de se demander: «Y a-t-il un pilote dans l'avion?» Ou: «Y a-t-il un médecin - capable de soigner les maux de gestion - dans la salle?» On sait qu'il sait faire tout ça. Mais souvent, pendant la campagne, je me suis demandé si ce brillant candidat n'avait pas trop d'expérience. Souvent, il intervenait en disant: «On a déjà essayé...» Ou alors: «Mais a-t-on vraiment re-mesuré...»

Pour que Montréal redevienne innovante dans son organisation, dans son architecture, dans sa façon de gérer le quotidien avec des interventions petites et grandes, il faut du culot, du risque aussi. Savoir encore plonger.





Photo Robert Skinner, La Presse

Marcel Côté

4-La zone franche de Denis Coderre

La zone franche de Denis Coderre. L'ancien ministre libéral, qui mène selon les sondages, a des idées intéressantes, grandes et petites, notamment pour utiliser les technologies de l'information afin d'améliorer notre expérience usager de la ville. On aime l'idée d'avoir du 3G dans le métro - les moments d'attente seront pas mal plus productifs quand on pourra enfin surfer sur l'internet sur nos téléphones, non ? - et on aimerait aussi que la radio ne soit pas interrompue dans le tunnel Ville-Marie... Tant d'autres choses peuvent être améliorées... Paiements par téléphone, information en temps réel sur le trafic, le parking... Bravo d'avoir mis le doigt sur cette nécessité.

Par contre, pourquoi suis-je incapable de ne pas penser à un gros centre commercial à néons criards quand il parle de sa zone franche remplie de commerces dans le Vieux-Port, pour encourager les bateaux de croisières internationaux à s'arrêter à Montréal ?

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Denis Coderre.