Est-ce normal qu'on ait statistiquement de bien meilleures chances de réussir l'examen de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) pour l'obtention d'un permis de conduire en allant à Val-d'Or ou à Victoriaville? Est-ce normal qu'on mine ses perspectives de succès en allant volontairement à Longueuil, où le taux d'échec est de 50%?

J'avoue que je suis restée pensive en lisant samedi en ces pages le dossier de ma collègue Gabrielle Duchaine, où on apprenait que les taux d'échec et de réussite de ces évaluations officielles varient énormément d'une région à l'autre. Au point où on s'échange les trucs sur l'internet. Allez à Sorel! Oubliez Lachute...

J'ai cherché à m'expliquer le tout en me disant que les grands centres comptaient peut-être plus d'adultes demandeurs de permis, de personnes qui ont attendu tard dans la vie pour apprendre à conduire et sont demeurées plus craintives, moins assurées au volant. Je me suis dit que peut-être que les grands centres comptaient plus d'immigrants, dont possiblement plus d'adultes moins à l'aise avec la langue française, ce qui peut expliquer certaines difficultés à comprendre l'examen. Je me suis dit un tas de choses, mais finalement, rien ne semble vraiment tenir la route. Lachute n'est pas un grand centre urbain et pourtant, selon les statistiques, c'est un des lieux «difficile». En revanche, Lévis, une des villes où il est «facile» d'obtenir son permis», fait partie de l'agglomération québécoise comme Laval fait partie de la région métropolitaine montréalaise.

Bref, ce phénomène ne s'explique pas par une opposition entre les grandes villes et les plus petites. Entre les réseaux routiers plus compliqués et les autres, explication suggérée à Gabrielle par un porte-parole de la SAAQ.

D'où viennent alors ces différences si grandes? Y a-t-il des évaluateurs trop gentils? Ou au contraire, certains sont-ils trop stricts? Et pourquoi?

Y aurait-il des anomalies dans certains centres de la Société de l'assurance automobile du Québec?

En ce lundi de reprise des travaux de la commission Charbonneau, avouons qu'il est difficile, actuellement au Québec, de ne pas être cynique, dubitatif, sceptique.

Je crois que la SAAQ nous doit de vraies explications...

La bonne nouvelle de ce dossier, c'est qu'on y apprenait que le retour des cours de conduite obligatoires augmente les taux de réussite à l'examen.

Mais pourquoi faut-il toujours attendre que les statistiques confirment le gros bon sens?

Aller à l'école nous permet d'apprendre plus de choses. Deuh... La question est plutôt comment le gouvernement a-t-il pu retirer cette obligation pendant plusieurs années?

Au Québec, surtout, avec notre climat hivernal de fou!

Conduire au Québec demande un savoir-faire immense. Il faut des années d'expérience pour savoir comment différencier les types de neige, les surfaces, où ça glisse beaucoup, où c'est moins grave, où on va s'enfoncer, quoi faire quand ça dérape... Conduire ici n'a rien à voir avec conduire en Floride ou sur les bords de la Méditerranée. Certes, chaque région a ses difficultés. (Connaissez-vous la Corse, avec ses routes hyper étroites, hyper sinueuses, toutes en hauteur, sans garde-fou?) Mais l'hiver, ici, disons-le, est dingue. Il nous oblige à apprendre des tas de données complexes. Il est crucial de se les faire expliquer au moins par un professeur dans une école de conduite, avant de les apprendre soi-même, sur la route, année après année, frousse après frousse.

Ne devrait-il pas y avoir un examen pratique obligatoire d'hiver?

L'autre chose que j'intégrerais aux examens pour le permis, si j'étais patronne de la SAAQ, ce serait une série de questions sur la politesse. Sur la tolérance. Sur l'à-propos de l'utilisation du klaxon. Sur le calme.

Ne trouvez-vous pas que, depuis quelques années, la politesse au volant est en train de se perdre et que le klaxon est devenu un moyen d'expression?

Certes, un nombre incalculable de personnes - dont moi, je vous l'ai déjà dit, et je n'en suis pas du tout fière - profitent des feux rouges pour lire leurs courriels ou envoyer des textos. Ceci fait que lorsque le feu devient vert, les voitures ne repartent pas toujours aussi rapidement que l'aimeraient ceux qui attendent, en arrière. D'où les coups de klaxon soutenus.

Mais vit-on à deux ou trois secondes près?

Et est-ce nécessaire de taper sur le klaxon chaque fois qu'on est un peu contrarié?

On dirait que le klaxon ne sert plus à signaler des dangers ou alerter les autres à une situation anormale.

C'est devenu un langage. Au lieu de dire «attention, madame, de ne pas faire ceci ou cela, cela pourrait avoir des conséquences fâcheuses», le klaxon dit «pourquoi tu viens de faire ça, espèce d'imbécile?»

Lassant.