Espérons, prions et souhaitons très fort que le chiffre 13 portera chance au gala des Jutra: c'est demain le 13 mars à 19h30 que se déroulera cette 13e remise de prix célébrant les meilleurs films produits chez nous.

Parenthèse ici, malgré le chiffre magique 13 dans son titre, ne pariez pas votre chemise de la collection Le 31 sur Filière 13. Vous avez plus de chances de triompher à La poule aux oeufs d'or, mettons.

Tous les ans depuis quoi, très longtemps, la même rengaine se répète au lendemain de cette cérémonie télévisée: trop hermétique, trop longue, trop soporifique, pas assez ci, trop ça. Afin que nous passions un agréable moment avec Sylvie Moreau et Yves Pelletier, voici quelques trucs et conseils à méditer à propos de ces Oscars québécois.

Aux gagnants, de grâce, ne dépliez pas votre feuille gribouillée de noms à remercier et laissez plutôt parler votre coeur. C'est quétaine, mais tellement vrai. Soyez spontanés sur la scène. Faites-nous rire. Étonnez-nous. Et si vous êtes sonnés par l'émotion, pas grave, savourez votre moment, versez une larme, riez, pleurez ou giguez, tiens. Prenez exemple sur l'exquise Anne Dorval et ses remerciements toujours bien sentis.

Bref, tout sauf l'interminable liste d'épicerie. Votre promeneur de chien ou la fille qui fait vos mèches chez Dru, vous leur téléphonerez après l'émission, merci.

Profitez de cette tribune exceptionnelle qui vous est offerte pour passer un message. Vous trouvez que le financement des longs métrages bat de l'aile? Dites-le au micro! Vous auriez voulu que Le poil de la bête et Deux frogs dans l'Ouest récoltent plus de nominations? Plaignez-vous. Vous êtes déçu de ne pas avoir été sélectionné aux Aurore? Ah! Si quelqu'un mentionne ça au théâtre Saint-Denis demain soir, je m'écroule de rire, tout en saluant cette formidable autodérision.

Dans l'assistance, accrochez-vous un beau sourire Whitestrips au visage. C'est une fête ici, pas le bal de la mesquinerie. OK, OK, c'est sûrement vous qui auriez dû gagner le trophée Alvaro de la meilleure coiffure. Ce n'est pas une raison pour afficher cet air de boeuf spectaculaire tout en chiquant bruyamment une grosse Hubba Bubba mauve.

Gens du cinéma québécois, c'est votre gala, votre espace d'expression, votre party. Si personne de votre clan ne s'amuse, pourquoi alors nous y convier par l'entremise de cette soirée télévisée? C'est ce qui manque aux Jutra depuis quelques éditions: du plaisir, du fun, pour paraphraser Claude Dubois.

Entre vous et moi, ce n'est pas en projetant des extraits de Trois temps après la mort d'Anna ou de 10 1/2 que le party va décoller. L'année 2010 en cinéma a été très riche, mais remplie de films gris, tristes et durs. On est loin de l'année du triomphe de La grande séduction ou de celui de C.R.A.Z.Y., un film qui avait - pour une très rare fois - rallié critiques et grand public.

Aussi: ne laissez pas vos animateurs s'enfoncer, si jamais certains gags tombent à plat. Il n'y a rien de pire qu'un parterre aussi froid qu'un bloc de glace. Oui, on le sent, ce malaise arctique dans nos salons. Et on a l'impression que vous vous haïssez tous les uns et les autres et que ça fait bien votre affaire que la soirée des Jutra perde de son lustre année après année.

Embrassez le côté festif de la chose. Pas besoin de s'acheter un kit à 5000$ pour avoir du style. Fouillez dans les placards de vos amies, appelez un designer québécois pour qu'il vous prête une robe, écorniflez chez Zara, Winners ou Simons, il y a moyen de se dégoter une belle tenue de gala sans se ruiner. Faut-il rappeler que nous ne sommes pas en direct de la cabane à sucre chez Ti-Paul?

D'accord, on le sait, ce n'est pas Hollywood ici et la grande majorité des membres de l'Union des artistes gagne moins de 25 000$ par année. Mais de la paillette pas chère, il s'en trouve partout: H&M, Forever 21, choisissez.

C'est une mission extrêmement difficile que d'accrocher des téléspectateurs à un gala où les trois quarts des films n'ont pas percé à l'extérieur d'un cercle d'initiés. N'empêche. J'ai confiance en l'humour et la vivacité de Sylvie Moreau et Yves Pelletier pour ramener cette remise de prix sur le droit chemin. Le chemin le plus fréquenté.

Je lévite

Avec le roman Les imperfectionnistes de Tom Rachman. Un excellent livre choral où s'entrêmelent 11 employés d'un grand quotidien de langue anglaise basé à Rome. En fait, c'est la face cachée des journalistes, pour la plupart paresseux, incompétents et mésadaptés. Ça se lit d'un trait. À mettre dans vos valises pour les prochaines vacances au soleil.

Je l'évite

Bobby Bazini. Je le sais, à peu près tout le monde aime son CD Better in Time, tout le monde lui prédit un succès international depuis un an, bla-bla. Mais chaque fois qu'une de ses chansons passe à Rythme-FM ou à Rock-Détente, je pense à l'Écossais Paolo Nutini qui bricolait exactement la même musique, avec la même voix et avec un nom similaire... en 2006.