Nous avons eu droit à un gala en deux temps hier soir sur les ondes de Radio-Canada. La première moitié a été fort bien ficelée. Solide ouverture, hommage vibrant à Paule Baillargeon : Sylvie Moreau et Yves Pelletier, qui copilotaient cette fête pour la deuxième année consécutive, filaient vers un autre succès au box-office.


Malheureusement, la deuxième portion des festivités a été beaucoup plus molle et moins bien ramassée. Au micro, les remerciements se sont éparpillés inutilement et le téléspectateur s’y est perdu. Heureusement que la parodie sur les critiques de cinéma, dont ceux hyper enthousiastes de Plaisirs cultivés, a été franchement désopilante. Cette vignette a donné une dernière poussée d’énergie pour se rendre au générique final.


Diffusé en direct du Théâtre St-Denis, ce 14e gala des Jutra a décollé en puissance avec le charmant duo musical Sylvyves, qui s’est inséré, en chansonnettes comiques, dans la plupart des gros films québécois de 2011. Une vignette courte et punchée comme on les aime.


Puis, le jeu-questionnaire « connais-tu bien ton cinéma ? » a été mordant et grinçant, sans sombrer dans la bitcherie gratuite. Un quiz plein d’esprit qui renfermait juste assez de gags piquants sur le rythme déficient de Sur le rythme ou sur la fin de Café de Flore que même le réalisateur Jean-Marc Vallée n’est pas certain de comprendre. Même des productions plus confidentielles comme Laurentie et Nuit # 1 ont été écorchées gentiment. Et Julie Le Breton a officiellement hérité du titre convoité de la nouvelle Claude Legault de 2011.


Par contre, les blagues d’initiés sur la SODEC, Téléfilm Canada ou le système de votation des Jutra, pas certain que ça touche vraiment les gens à la maison.

C’était agréable de voir des enfants talentueux grimper sur le podium hier. Émilien Néron de Monsieur Lazhar a d’ailleurs offert un des discours les plus intelligents et articulés du gala, ce qui aurait dû inspirer certains de ses compatriotes adultes (oui, je parle ici de la monteuse de Snow and Ashes et de son Post-it chiffonné).


Grande vedette des festivités, Philippe Falardeau a de nouveau prouvé son éloquence. En remportant le prix du meilleur scénario, il a pourfendu la téléréalité, qui, selon lui, a avalé des émissions comme La course destination monde l’ayant révélé en 1993. « Au lieu de traîner dans un Jacuzzi, je suis parti à la rencontre de l’autre », a déclaré Philippe Falardeau sous un tonnerre d’applaudissements.


Bon flash que de présenter le Billet d’or à Starbuck avec un numéro de Bollywood intitulé Ishtar Bok. On a par contre perdu quelques paroles, enterrées par la musique trop forte. Autre moment savoureux : le faux documentaire sur la mise en danger du documentaire québécois.


Pendant que Mario Saint-Amand s’époumonait péniblement sur Les yeux du cœur avec Breen LeBoeuf, nous avons sans doute été des milliers à zapper du côté de Star Académie pour y voir Jean Leloup. Désolé, Gerry. Mais ce n’était pas très réussi. Marjo, qui chantait sur la version originale, aurait dû se joindre à lui.


Sur la scène, Yves Pelletier a porté un costume noir très sobre, très élégant, tandis que sa collègue Sylvie Moreau a opté pour deux tenues plus conservatrices que l’an passé, où son décolleté plongeant avait fait tourner plusieurs têtes. L’accessoire mode de la soirée a sans contredit été le carré rouge en appui aux étudiants grévistes.


L’hommage à Paule Baillargeon a été finement concocté par Anaïs Barbeau-Lavalette et présenté avec classe par la toujours élégante Anne-Marie Cadieux. Moment très touchant que de voir sa fille Blanche pleurer dans la salle. Une grande dame que cette Paule Baillargeon, vraiment.


Malgré des maladresses, qui n’ont rien à voir avec le travail impeccable de Moreau et Pelletier, on se console. Car comme l’a souligné Luc Déry (coproducteur de Monsieur Lazhar) dans les dernières secondes du gala, les Jutra, c’est 50 fois meilleur que les Genie. Bien envoyé.