Le maire Coderre serait bien mal avisé de proposer Jacques Duchesneau au poste d'inspecteur général. Cet homme deviendrait vite un boulet, comme il a fini par le devenir pour François Legault, qui ne sait plus quoi faire de son incontrôlable député-vedette et serait probablement assez soulagé de le voir partir vers de nouveaux horizons.

La dernière sortie de M.Duchesneau contre André Boisclair a considérablement érodé ce qui restait de crédibilité à cet homme dont le jugement est inversement proportionnel à son goût pour les coups d'éclat et les coups d'épée dans l'eau.

Le procès d'intention commis à l'endroit de l'ancien chef péquiste (ami entrepreneur plus contrat plus Hells Angels plus cocaïne) était si absurde, et a d'ailleurs été si vite démenti par la chronologie des faits, que son auteur est devenu un objet de ridicule. L'excellente émission humoristique de Radio-Canada À la semaine prochaine en fait ses beaux samedis avec des sketches désopilants qui dépeignent l'ancien policier en train d'imaginer des complots à coup d'associations toujours plus farfelues.

La CAQ, déjà en chute libre dans les sondages, est maintenant aux prises avec la poursuite en diffamation de 200 000$ intentée par M. Boisclair - une poursuite que ce dernier a bien des chances de gagner. Cela serait du plus bel effet que l'Inspecteur général de Montréal censé garantir l'intégrité de la ville soit un jour condamné pour diffamation!

Ce dernier épisode n'était pas le premier signe du manque de jugement ahurissant de celui qui adore se présenter comme le grand justicier qui lave plus blanc que blanc.

On se rappelle comment

M. Duchesneau avait fait couler le rapport de l'Unité anti-collusion qu'il présidait à peine quelques jours après l'avoir remis au gouvernement. Désir de briller sous le feu des caméras? Vengeance contre ses patrons de l'UPAC? Peur paranoïaque de voir son rapport enterré?

En outre, M. Duchesneau a eu l'effronterie d'aller à Tout le monde en parle trois jours avant l'audience de la Commission parlementaire où il était convoqué pour commenter son rapport, ce qui dénotait un singulier mépris pour les élus, en même temps qu'un besoin maladif d'«aller à 'a tivi».

Quoiqu'il en soit, l'administration montréalaise n'aurait que faire d'un homme aussi peu fiable. Quand on est investi d'une mission confidentielle, on ne trahit pas ses mandataires sans raison valable. Il n'y avait aucun motif sérieux de croire que le gouvernement aurait caché ce rapport, qui du reste ne contenait que des affirmations d'ordre général non étayées.

L'incident a fait monter la cote de popularité de l'ancien chef de police, mais cela ne prouve rien. Les démagogues sont toujours populaires... jusqu'à ce qu'ils cessent de l'être.

Cette semaine, M. Duchesneau, décidément irrécupérable, a de nouveau étalé son manque de jugement et sa vanité congénitale en «négociant» sur la scène publique la nomination qu'il compte obtenir: oui, il est intéressé au poste d'inspecteur général, oui, c'est son idée à lui, oui, mais, il devra examiner attentivement «les conditions et la description de (la) tâche» (sic)... Quel patron voudrait d'un individu aussi bavard, qui préjuge d'une offre d'embauche qui n'a même pas été formulée?

C'est le conseil municipal qui nommera le futur inspecteur général, mais il revient au maire de soumettre une candidature aux élus.

Or, comme ce dernier le confiait lundi au collègue Jean-Jacques Samson, le poste n'est pas réservé à priori à Jacques Duchesneau. M. Coderre a sur son bureau plusieurs dossiers de candidats valables - anciens vérificateurs, ex-policiers de la GRC ou d'ailleurs...

Qu'on aille chercher un bon comptable capable de dépister les problèmes et de proposer des solutions, une personne sobre et sérieuse... et qu'on évite les grands inquisiteurs préoccupés de leur seule gloriole!