L'église St-James est l'un des joyaux patrimoniaux de Montréal, qui fut longtemps à demi camouflé. Qui pouvait deviner que dans ce quadrilatère quelconque, à l'est du magasin La Baie, se cachait un pareil trésor? L'église était en effet enclavée par des bâtiments commerciaux.

J'y étais déjà entrée pour y entendre Le Messie, une autre fois pour couvrir la déchirante cérémonie oecuménique au lendemain du 9-11, mais je ne la «voyais» pas, cette église, même si je passais devant presque chaque jour pour aller au bureau. 

Louise Fréchette, l'ancienne diplomate aux Nations unies, a raconté dans La Presse son plaisir de redécouvrir Montréal après 36 ans d'absence, et son émerveillement devant «la superbe église St-James dont je ne soupçonnais même pas l'existence». 

Et pour cause! Entre temps, on avait démoli les bâtiments adjacents pour dégager l'admirable façade de l'église.

L'entrepreneur Paul Sauvé, impliqué dans ces travaux, est aujourd'hui au centre du dernier pseudo-scandale monté par Jacques Duchesneau. 

Ce dernier réclame la suspension d'André Boisclair, actuellement délégué général du Québec à New York, parce qu'à titre de ministre des Affaires municipales, il a accordé en 2003 une subvention de 2,5 millions de dollars pour la mise en marche de ce projet. Qu'y a-t-il à redire à cela? Rien, au contraire. Pour une fois qu'à Québec on s'occupait de Montréal!

Selon le grand shérif caquiste, cette subvention était illégitime parce qu'accordée quatre jours avant le déclenchement des élections. Et alors? Un gouvernement n'est-il pas libre de ses gestes jusqu'à l'émission des brefs?

Nous vivons dans une époque malsaine et paranoïaque où tous les personnages publics sont automatiquement soupçonnés du pire, mais quand même, ne peut-on pas imaginer que M. Boisclair a financé le projet parce qu'il trouvait, à l'instar des milliers d'autres Montréalais que cette initiative a ravis, que c'était un beau projet?

M. Duchesneau, jamais en reste de monture quand il s'agit de foncer sur des moulins à vent, en a aussi contre le fait que MM. Sauvé et Boisclair sont des amis d'enfance. Encore là, où est le scandale? 

Dans une petite société comme le Québec, tous les décideurs se connaissent. Trudeau, Bourassa et Bourgault étaient à Brébeuf à la même époque. L'ex-chef péquiste Boisclair et le président du PLQ Marc-André Blanchard se sont rencontrés sur le même campus. Cet hiver, le Tout-Québec inc. croisera Pauline Marois sur la même plage de la Floride... 

S'il devenait impossible d'obtenir une subvention d'un ministère sous prétexte qu'on connaît son patron, eh bien il n'y aurait plus de chantiers en marche au Québec.

Hélas, au rythme où il galope, M. Duchesneau va finir par se casser la figure en tombant de son cheval. Hier, il en a rajouté une couche (une grosse couche de boue), en insinuant que l'ancien ministre aurait approuvé la demande de subvention pour se procurer de la coke, la drogue ayant été acheminée par les Hells Angels qui avaient infiltré à une certaine époque l'entreprise de la famille Sauvé.

Ce procès d'intention dégoûtant s'inscrit fort bien dans le paysage actuel, qui est devenu irrespirable sous les allégations non prouvées que fait pleuvoir la commission Charbonneau et les justiciers autoproclamés qui abreuvent les médias et les réseaux sociaux. 

Dans ce gigantesque rodéo, la police s'amuse elle aussi à faire des coups d'éclat d'où suinte le désir d'humilier. 

Quel besoin avait l'UPAC d'arrêter Michael Applebaum chez lui, devant ses enfants, à 6 heures du matin, alors que l'ex-maire aurait été facilement joint trois heures plus tard à son bureau? 

Pourquoi l'UPAC a-t-elle harponné Philippe Couillard au petit matin à la sortie de son appartement, alors qu'il ne s'agissait que d'un bref interrogatoire pour lequel des policiers civilisés auraient pris rendez-vous?